La France et le Japon partagent un engagement commun sur la mise en oeuvre des objectifs de développement durable définis par l'ONU en 2015, comme modèle de société cible en 2030. L'atteinte de ces objectifs repose sur la mobilisation de tous les acteurs ; les citoyens, les associations, les collectivités, les entreprises, les états. Dans ce contexte, le Service Economique Régional de l'Ambassade de France au Japon, en partenariat avec le réseau Japan Youth Platform for Sustainability (JYPS) et avec le soutien financier du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, a organisé le 29 mars 2018 à l'Institut Français de Tokyo un évènement sur le thème de l'évolution de l'agriculture et de l'énergie vers des modèles durables. Le film Demain a été présenté un public d'étudiants et jeunes professionels japonais et français, et a été suivi d'une table ronde avec six panelistes représentant le Japon et la France, le secteur public et le secteur privé, l'agriculture et l'énergie.

Sustainability Night Tokyo

Rina Akimoto, fondatrice de la société Vivid Garden, a présenté sa vision du développement commercial de l'agriculture bio, et comment elle mobilise les outils de commerce électronique pour construire des circuits de consommation plus courts et plus directs. Pour elle, l'agriculture durable ne peut se développer que si le lien direct entre le consommateur et l'agriculteur est rétabli. Interrogé sur le prix plus élevé des produits bio, Muneo Kaneko, fils du célèbre agriculteur Yoshinori Kaneko - qui a développé une ferme bio au Japon en 1971 à une époque où le terme n'existait même pas, a rappelé que les choix quotidiens des consommateurs ont un impact sur la planète, et qu'il ne faut pas toujours acheter le produit le moins cher. Sabine Hofferer, conseillère agricole au service économique de l'ambassade, a insisté sur ce point, rappelant que si on considère les coûts sociaux, sanitaires et environnementaux de l'agriculture conventionnelle, les produits bio sont en réalité ceux qui coûtent le moins cher à la société. Elle a également rappelé que les pouvoirs publics ne peuvent pas conduire le changement seuls, sans les citoyens.

Dans le domaine de l'énergie, Marie Tanao de l'association 350 Japan a présenté la campagne Let's Divest menée auprès des banques afin que leurs investissements soient réorientés des énergies fossiles vers les énergies renouvelables. Daisuke Nakayama, de la ville de Yokohama, a montré comment une ville peut contribuer à la transition énergétique ; Yokohama s'est dotée d'une équipe dédiée regroupant 40 personnes travaillant sur différents projets tels que le "Virtual Power Plant", qui vise à déployer un réseau de batteries sur l'ensemble de la ville, afin de favoriser les renouvelables et renforcer la résilience énergétique. Enfin, Alexis Rocamora, chercheur français travaillant pour l'organisme public japonais IGES, a insisté sur le décalage qui peut exister entre la réalité scientifique et technique, et la prise de conscience politique. Une solution peut être de mettre en avant davantage de "narratifs positifs", montrant que l'action pour une société bas carbone crée de la valeur sociale et économique, comme l'illustre le film Demain

Kuneo Kaneko Alexis Rocamora - IGES

Panelistes Marie Tanao - 350 Japan 

Les nombreuses questions du public ont porté sur le rôle de l'éducation et la sensibilisation au développement duable dès le plus jeune âge, la politique du Japon en matière d'énergies renouvelables, la place du nucléaire dans le mix énergétique de demain, la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, la compétitivité économique des produits bio ou encore le développement de l'agriculture urbaine dans de grandes villes comme Tokyo ou Yokohama.

En savoir plus