Résumé : En 2017, les échanges commerciaux entre l’Irlande et le reste du monde ont atteint près de 200 Mds€, une augmentation de +2,9% par rapport à 2016 – un record historique. Toujours largement dominées par les produits chimiques et pharmaceutiques, les exportations irlandaises de biens ont crû de +2,4%, s’établissant à 122 Mds€, tandis que les importations ont augmenté de +3,7% à 77 Mds€. Le solde commercial est stable à 45 Mds€ (+0,2 %). Le Royaume-Uni demeure le principal fournisseur de l’Irlande avec 24% de part de marché, tandis que les Etats-Unis restent le premier client, absorbant 27% de ses exportations. Le commerce extérieur irlandais a pour l’instant bien résisté aux incertitudes générées par les négociations sur le Brexit et à la dépréciation de la livre sterling.

 

1 – Les exportations irlandaises de biens, tournée vers l’Europe et les Etats-Unis et largement dominées par les produits chimiques et pharmaceutiques, ont augmenté en 2017

Selon les données du CSO, homologue irlandais de l’INSEE, les exportations irlandaises de biens ont atteint 122 Mds€ en 2017, en hausse de 2,4% par rapport à 2016. Les Etats-Unis demeurent le premier client de l’Irlande, absorbant 27% de ses exportations, suivis du Royaume-Uni (13%) – vers lequel les exportations ont augmenté de 9% sur l’année, soulignant la résilience des exportateurs irlandais face à l’incertitude du Brexit et à la dépréciation de la livre sterling vis-à-vis de l’euro. Les exportations vers la Belgique – troisième partenaire de l’Irlande (11%) du fait de son rôle de plaque tournante pour la distribution en Europe – ont diminué de 24%, contribuant ainsi négativement à la croissance des exportations totales pour -1,1pp. A l’inverse, les exportations vers l’Allemagne (quatrième récipiendaire des exportations irlandaises), se sont intensifiées (+25%), contribuant positivement à la croissance des exportations totales pour +1,7pp. La France demeure le 7ème client de l’Irlande, absorbant un peu plus de 4% des exportations irlandaises de biens.

Les exportations irlandaises de biens sont largement dominées par les produits chimiques et pharmaceutiques, qui représentent plus de 55% des exportations totales. Les sous-secteurs qui le composent ont cependant connu des évolutions diamétralement opposées : les exportations de produits médicaux et pharmaceutiques (29% des exportations totales de biens) ont augmenté de 17% en 2017, notamment à destination des Etats-Unis et de la Suisse, contribuant pour +4,4pp à la croissance des exportations totales; tandis que les exportations de produits chimiques organiques (16% des exportations totales) se sont contractées de 16%, là encore principalement vers les Etats-Unis et la Suisse, contribuant pour -3,2pp à la croissance des exportations totales.  

Les exportations de machines industrielles et équipements de transport, qui représentent 17% des exportations irlandaises totales, se sont contractées de -4,3%, principalement du fait d’une diminution des exportations de machines et appareils électriques à destination des Etats-Unis et de la Corée du Sud. A l’inverse, dans ce sous-secteur, les exportations vers la Chine – notamment de processeurs INTEL depuis l’importante usine de Leixlip – ont augmenté de 90%, contribuant pour +0,9pp à la croissance des exportations totales.

Les exportations agro-alimentaires (9% du total) ont continué d’augmenter en 2017, à 11 Mds€, principalement tirées par les produits laitiers et la viande. Malgré la dépréciation de la livre sterling de plus de 12% depuis juin 2016 et la forte sensibilité des produits agro-alimentaires aux variations du taux de change, les exportations vers le RU ont augmenté de 11%. Pour l’heure, les efforts visant à diversifier des exportations du secteur pour se préparer au Brexit ne semblent pas encore avoir porté leurs fruits : la part du RU dans les exportations irlandaises de produits laitiers et carniers a légèrement augmenté.

2 – Les importations irlandaises de biens, dont 60% sont originaires de l’UE, ont été principalement stimulées par les produits médicaux et pharmaceutiques en 2017

Les importations irlandaises de biens ont atteint 79 Mds€ en 2017, en hausse de 3,7% par rapport à 2016. Les importations en provenance du RU, premier fournisseur de l’Irlande avec 24% des parts de marché, ont augmenté de 10% sur la période : si la dépréciation de la livre sterling a sans doute stimulé ces importations, son impact est difficile à isoler de celui de la reprise économique. Les Etats-Unis demeurent le deuxième fournisseur de l’Irlande (20% des importations totales), suivis de la France (13%, en raison des importations d’avions par les sociétés de leasing aéronautiques).

Les importations de produits chimiques et pharmaceutiques, en hausse de 16%, continuent de dominer les importations irlandaises (23% du total). Là encore, on observe des différences très prononcées selon les sous-secteurs : les importations de produits pharmaceutiques ont crû de 41% (contribution de +3,5pp à la croissance des importations), notamment depuis les Etats-Unis, alors que celles de produits chimiques organiques ont diminué de 12% (contribution de -0,7pp), notamment depuis la Suisse. Cette similitude avec les exportations indique une forte intégration des chaînes de production : l’Irlande importe des produits intermédiaires et exporte des produits finis ou semi-finis dans les mêmes secteurs.   

Les importations d’aéronefs (20% des importations totales), ont diminué de 9% par rapport à 2016, à 15 Mds€. Ce poste est traditionnellement l’un des plus importants en raison de la forte activité de leasing aéronautique depuis l’Irlande : le pays concentre près de la moitié de la flotte mondiale d’avions loués. Les importations d’aéronefs depuis les Etats-Unis se sont contractées de 15% (contribution de -1,3pp à la croissance des importations totales), de même que celles depuis la France et l’Allemagne, au bénéfice de la Malaisie, de Singapour et de la Corée du Sud notamment (en raison de l’implantation en Irlande en 2017 de compagnies de leasing asiatiques).

Les importations de produits pétroliers et gaziers ont augmenté de 23% entre 2016 et 2017, stimulées par les importations depuis le RU (contribution de +0,7pp à la croissance des importations). L’Irlande est en effet très dépendante de son voisin : 60% importations gazière et pétrolière proviennent du RU. Les importations originaires de Norvège (2ème fournisseur de l’Irlande avec 18% des parts de marché), se sont contractées de -6%.

3 – L’excédent de l’Irlande progresse légèrement alors que la France demeure son premier déficit

L’excédent commercial irlandais, qui connait une forte progression depuis le début des années 2000, a culminé à 45 Mds€ en 2017. Les principaux excédents de l’Irlande sont les Etats-Unis (18 Mds€) et la Belgique (12 Mds€), principalement du fait des exportations de produits chimiques et pharmaceutiques. A l’inverse, la France représente son premier déficit (-4,3 Mds€), largement dû aux importations d’avions[1], devant le Royaume-Uni (‑2,2 Mds€), en partie à cause des importations de pétrole et de gaz.

La compétitivité de l’Irlande repose en grande partie sur sa fiscalité attractive, attirant de nombreux investissements étrangers (notamment en provenance des Etats-Unis) qui utilisent l’Irlande comme plateforme d’exportation européenne, voir EMEA. L’activité des multinationales (pharma/chimie, processeurs informatiques) apporte une contribution essentielle au commerce extérieur de marchandises irlandais et explique une grande partie de son excédent. Le solde commercial du secteur des produits chimiques et pharmaceutiques a notamment affiché un excédent de plus de 50 Mds€ en 2017.

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En 2017, les exportations irlandaises se sont montrées particulièrement résistantes face aux effets négatifs du Brexit – particulièrement dans le secteur agro-alimentaire. Néanmoins, ces résultats positifs ne sauraient présager des performances futures si le cadre des relations commerciales entre l’UE et le Royaume-Uni venait à évoluer significativement. Le secteur exportateur irlandais (hors multinationales) reste bien plus exposé que celui de ses concurrents européens à une dépréciation accrue de la livre sterling, à un climat d’incertitude plus prononcé et à un ralentissement de la demande britannique. Dans ce contexte, le gouvernement poursuit l’effort de diversification des marchés à l’export (encore trop concentrés vers leur voisin britannique) en multipliant les missions commerciales et en renforçant ses représentations diplomatiques dans les pays cibles.


 

[1] Les chiffres publiés par les Douanes françaises et le CSO irlandais divergent significativement sur la comptabilisation des avions opérés en leasing. Ces avions sont comptabilisés comme importation françaises par le CSO mais ne sont pas comptabilisés, par les Douanes françaises, comme exportations vers l’Irlande mais vers le pays de résidence des compagnies exploitant ces avions. De ce fait, selon les Douanes françaises, l’Irlande dégage au contraire un excédent commercial vis-à-vis de la France.

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