Le réseau ferroviaire indonésien est concentré sur les îles de Java et Sumatra. L’augmentation de la demande, notamment sur le segment des passagers, nécessite des investissements de l’ordre de 30 Mds USD, dont 16% sera consacré au transport urbain. Plusieurs grands projets sont en cours dont les plus importants sont financés par la Chine et le Japon.

 

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PT Kereta Api Indonesia.

1. Le réseau ferré est concentré sur les îles de Java et Sumatra

L’Indonésie dispose d’un réseau ferré peu densifié d’environ 8 160 km, concentré géographiquement sur les îles de Java (78%) et de Sumatra (22%), dont 60% est opérationnel. Le transport ferroviaire ne représente que 2% du trafic de personnes et de marchandises. Le nombre de passagers est toutefois en constante progression en raison la mise en œuvre d’un programme de revitalisation et de modernisation des infrastructures et des outils de ventes. Le nombre de passagers transportés a ainsi enregistré une hausse de 74% à 352 M entre 2012 et 2016 – Java représentant 98% des flux. Le transport de fret a également progressé de 49% à 35 millions de tonnes (Mt) sur la même période – Sumatra représente 70% des flux.

Le réseau ferré de Java est essentiellement dédié au transport de passagers (346 M pax et 11 Mt de fret en 2016) et comprend 2 lignes principales et plusieurs lignes secondaires. Jakarta et sa conurbation, Jabodetabek (Jakarta, Bogor, Depok, Tangerang, Bekasi), possèdent un réseau de banlieue qui assure 80% du transport ferroviaire de passagers sur Java. En dehors de Java, seule l’île de Sumatra dispose d’un réseau ferré consacré essentiellement au transport de matières premières, principalement charbon (24 M t et 6 M pax en 2016). Il est réparti en trois réseaux distincts non interconnectés (Nord, Ouest et Sud). Le réseau est calibré pour accueillir des trains légers et ne permet ni augmentation de la vitesse ni de la capacité, tandis que la demande devrait progresser de 60% pour le transport de passagers et de 10% pour le fret d’ici à 2025. Les performances du transport ferroviaire sont ainsi faibles, la vitesse des trains est peu élevée et les durées de trajets sont longues. Par ailleurs, le réseau n’est que faiblement électrifié.

La société nationale des chemins de fer Kereta Api Indonesia (PT KAI) opère 4 816 km de voies ; KAI Commuter Jabodetabek (KCJ), sa filiale, opère le réseau ferré de banlieue de 235 km dans la zone métropolitaine de Jakarta. Mass Rapid Transit Jakarta (PT MRT Jakarta) également filiale de PT KAI, opèrera le réseau ferré urbain en construction totalisant 108 km. Une autre entreprise publique, PT Rail Link (filiale de PT Kai), opère le réseau de desserte de l’aéroport.

 

2. L’Etat a engagé un programme de revitalisation des infrastructures ferroviaires dont les besoins d’investissement sont estimés à 24 Mds

Le développement du secteur ferroviaire fait partie des priorités des autorités indonésiennes pour l’amélioration des infrastructures du pays dont les déficiences actuelles sont un frein au développement économique. Le gouvernement a introduit une loi en 2007 mettant un terme au monopole de PT KAI et introduisant une ouverture au secteur privé pour l’exploitation et la gestion des infrastructures ferroviaires.

Le gouvernement a adopté un plan directeur qui vise à moyen terme de faire passer la part modale du chemin de fer à 7,5% pour le transport de voyageurs et 5% pour le transport de marchandises d’ici 2019 (puis 13% et 17% respectivement à horizon 2030). Ce plan prévoit à moyen terme l’ajout de 3 258 km de voies ferrées au réseau existant (dont 1 099 km pour le secteur urbain) à travers l’archipel. Les besoins réels d’investissement de l’Indonésie dans le domaine ferroviaire s’élèvent à près de 24 Mds USD pour la période 2015-2019 (12% des besoins spécifiques au transport de 200 Mds USD). 5 Mds USD sont également requis pour le développement spécifique de Mass Rapid Transit (MRT) dans 6 métropoles et 17 villes.

En conséquence, le secteur ferroviaire se place comme premier récipiendaire de l’appel au financement externe (APD) publié par le Ministère de la Planification (Bappenas) pour la période 2015-2019 (Blue Book), avec 17% de l’ensemble soit 8 Mds USD (sur un total de 48 Mds USD). Le secteur ferroviaire représente par ailleurs 13% du programme de projets, à conduire sous forme de partenariat public-privé (PPP), élaboré par le Bappenas (soit 1,1 Md USD sur un total de 8,3 Mds USD) : projet de Light Rail Transit sur l’île de Batam (îles Riau) et projet de train de banlieue à Medan (Sumatra Nord).

 

 3. La mise en œuvre de projets faisant appel à des financements externes ou portés localement est en constante progression

De nombreux projets sont programmés (cf. Annexe 1). Plusieurs projets bénéficiant de l’aide externe, en financement local ou « de gouvernement à gouvernement », sont en cours :

 

  • MRT de Jakarta (Mass Rapid Transit) : le projet comprend le développement de 108 km de voies réparties sur un axe Nord-Sud (21 km) et sur un axe Est-Ouest (87 km). Débuté en 2010, le développement de l’axe Nord-Sud comprend deux phases (segments de 14,5 km et de 8 km) financées par la JICA à hauteur de 1,1 Md USD, dont la première devrait être opérationnelle en 2019. Les travaux de génie civil sont réalisés par des consortia impliquant des sociétés japonaises et indonésiennes (Shimizu, Obayashi, Wijaya Karya, Jaya Konstruksi, Sumitomo Mitsui Construction Company, PT Hutama Karya). Le matériel roulant est fourni par les sociétés japonaises Sumitomo Corporation et Nippon Sharyo. Le corridor Est-Ouest annoncé pour 2024 n’est qu’au stade de la préfaisabilité. Des problèmes d’acquisition de terrain pourraient retarder le calendrier ;
  • LRT du Grand Jakarta-Jabodebek (Light Rail Transit) : le projet, scindé en 2 phases de 40 km chacune, présente un coût total d’environ 4 Mds USD. La première phase (50% du montant total) sera opérée par PT KAI, le contrat de construction clé-en-main ayant été attribué à l’entreprise publique de BTP Adhi Karya. Cette phase devrait être financée en partie en privé par une syndication de banques locales (Mandiri, BNI, BRI, BCA, SMI), le reste étant apporté par les entreprises publiques dont PT KAI qui bénéficiera d’une injection en capital de 400 MUSD échelonnée jusqu’en 2019. Le matériel roulant sera fourni par l’entreprise publique indonésienne PT Inka. La première phase qui présente un état d’avancement de 25% devrait être opérationnelle en 2019. ;
  • LRT de Jakarta pour les Jeux Asiatiques de 2018 : d’un montant de 545 MUSD financé sur budget de l’Etat, le projet porte sur la construction de 6 km de voies surélevées (trajet Kelapa Gading-vélodrome de Rawamangun). Il est développé par les entreprises publiques Jakarta Propertindo (JakPro) et Wijaya Karya (WIKA). Le matériel roulant est fourni par le Sud-Coréen Hyundai Rotem. Une seconde phase est à l’étude. La société publique de chemin de fer sud-coréenne Korea Rail Network Authority (KRNA) a signé un accord avec Jakpro comprenant une proposition de financement jusqu’à 500 MUSD.
  • LRT de Palembang à Sumatra Sud (23 km) pour relier l’aéroport au complexe sportif accueillant les Asian Games qui débuteront en août 2018. Le projet d’un montant de 700 MUSD est développé par Waskita Karya. Il présentait un avancement de 86% en février 2018.

 

Une dizaine de projets de liaisons entre centre-ville et aéroports sont à l’étude – aéroports de : Adi Soemarno (Surakarta), Halim (Jakarta),  Hang Nadim (Batam), Juanda (Surabaya),  Kulon Progo (Yogyakarta), Kualanamu (Medan), Kertajati (Majalenka), Minangkabau (Padang), Sultan Mahmud Badaruddin II (Palembang), Sultan Hasanuddin (Makassar), Syamsudin Noor (Banjarmasin). La liaison ferroviaire Rail Link pour desservir l’aéroport international de Jakarta (38 km), développée par PT KAI, est entrée en opération début janvier 2018. Un consortium composé de la société locale PT Inka et du canadien Bombardier Transportation avait remporté le contrat de fourniture de matériel roulant de 75 MUSD.

Le projet de construction d’une ligne à grande vitesse entre Jakarta et Bandung (150 km) a été confié en octobre 2015 à un conglomérat regroupant des entreprises ferroviaires chinoises et des entreprises publiques indonésiennes pour un montant de 5,9 Mds USD, sur financement de la China Development Bank, sans garantie de l’Etat indonésien. Ce dernier élément a été déterminant dans l’attribution du contrat. La construction a toutefois pris du retard, le prêt n’étant toujours pas sécurisé - l’une des conditions pour son déblocage étant la finalisation de l’acquisition foncière présentant un avancement de 54%. Le projet de revitalisation de la ligne Jakarta-Surabaya (685 km) pourrait être attribué au Japon dans le cadre d’un accord G to G. L’Agence pour l’application des technologies (BPPT) conduit une étude de faisabilité avec l’appui d’experts japonais.

A ce stade, aucun projet privé ou en PPP n’est existant. Toutefois les projets de transport de matières premières constituent un axe de développement futur notamment à Sumatra et Kalimantan. Ainsi parmi les projets prioritaires portés par le Comité pour l’accélération des projets d’infrastructures prioritaires (KPPIP)[1] figure un projet de développement d’une ligne de 200 km dans la province de Kalimantan Est pour desservir une région d’extraction de charbon. Estimé à 4 Mds le projet est porté par la société PT Kereta Api Borneo, filiale de Russian Railways.


 

[1] Créée en 2014 et placée sous l’autorité du Ministère coordinateur pour les affaires économiques, la KPPIP coordonne la préparation et l’exécution des projets d’infrastructures prioritaires. L’organisme a identifié 225 projets stratégiques dont 30 prioritaires (Décret Présidentiel -DP- n°3/2016) pour lesquels il a autorité en matière de gestion de projets – y compris dans le cadre de PPP.

 

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