L’Egypte dispose d’une population très jeune, 60% des Egyptiens ont moins de 30 ans et la moyenne d’âge de la population est inférieure à 25 ans. L’espérance de vie à la naissance était en 2015 de 71,3 ans contre 67 ans en moyenne en 1990. Avec un indice de fécondité de 3,3 enfants par femmes en 2016 contre 3 en 2005, la croissance démographique annuelle reste proche des 2% ce qui devrait amener l’Egypte à dépasser les 150 M d’habitants avant 2050. Au-delà de son impact économique, cette forte croissance amène des problématiques de santé majeures puisqu’1/5 des enfants serait touché par la malnutrition.

Afin de faire face à ce phénomène, l’Egypte a lancé en 2015 le programme Takaful et Karama (solidarité et dignité), qui permet notamment de soutenir financièrement l’éducation et l’accès aux soins des enfants des familles nombreuses les plus pauvres. Ce programme a fait l’objet d’un prêt de 400 M EUR de la Banque Mondiale en 2015 (Strengthening Social Safety Net Project). Le Ministère de la Santé et des Populations a par ailleurs lancé en juillet 2017 le programme Itnein Kifaya (deux enfants c’est suffisant) afin de sensibiliser 1,3 millions de mères de moins de 35 ans à l’utilisation de moyens contraceptifs. Le programme dispose d’un budget prévisionnel de 6 M$ sur deux ans et devrait être poursuivi dans les années à venir, avec pour objectif d’atteindre 2,4 enfants par femme à moyen terme.

Les maladies non-transmissibles sont responsables de 82% des décès en Egypte et de 67% des morts prématurées. Les maladies cardiovasculaires constituent ainsi la première cause de mortalité en Egypte, responsables de près de 40% des décès en 2014 (maladies coronariennes 23%, AVC 15%), avec une très légère baisse depuis la fin des années 2000. L’obésité est en revanche en progression constante et l’Egypte serait devenue le pays avec le taux d’obésité adulte le plus élevé au monde en 2017 avec 35,3% de prévalence et près de 70% de personnes en surpoids. Ce facteur, ainsi que la prévalence élevée de l’hépatite C, explique notamment que les maladies du foie représentent la deuxième cause de mortalité en Egypte (9% des décès en 2014). Le diabète touchait 16,5 M d’Egyptiens en 2015 et une faible proportion des malades (environ 1/10) bénéficierait de traitements quotidiens. L’hypertension, troisième cause de mortalité du pays, touche 40% de la population en 2012

En augmentation ces dernières années, le taux de prévalence du cancer en Egypte reste relativement faible avec 167 cancers pour 100.000 habitants (France 300). Le cancer du foie est le plus répandu avec 24% des cas (34% pour les hommes, 13,5% pour les femmes), devant le cancer du sein (32% pour les femmes). La prévalence du cancer devrait être multipliée par trois d’ici 2050 selon les estimations des instituts de cancérologie égyptiens.

Le taux de prévalence de l’hépatite C en Egypte est le plus élevé au monde – entre 7 et 10% sur l’ensemble du pays (1% en moyenne en Europe occidentale) selon les sources, et jusqu’à plus de 20% dans certaines régions de Haute-Egypte. Le développement de la maladie infectieuse est le résultat de campagnes de vaccination effectuées principalement en Haute-Egypte et dans le Delta du Nil avec du matériel réutilisable dans les années 50 et 60. Depuis 2008, année du pic de contamination avec 14,5% de la population égyptienne infectée, ce taux est en diminution grâce à la mise en place de programmes de traitement à bas prix, voire gratuits, à partir de 2006. Les nouvelles contaminations toucheraient cependant encore 150 000 personnes par an. Le Ministère de la Santé égyptien s’est fixé l’objectif d’éradiquer l’hépatite C d’ici 2022 et développe de nouveaux centres de soins dédiés à la maladie afin de développer la gratuité d’accès au traitement dans les régions les plus touchées.

L’Egypte dispose de moins de deux lits d’hôpitaux et 0,8 médecins pour 1000 habitants (France : 7,7 et 3,2). Les principaux centres de soins sont répartis entre les hôpitaux publics, les hôpitaux et cliniques privées et les CHU. D’autres cliniques de jour, établissements militaires et de police et centres de soins des mosquées complètent ce panel.

La qualité des services fournis dans les hôpitaux publics se serait dégradée ces dernières années - seuls 20% de ces établissements respecteraient désormais des standards sanitaires élevés - entrainant le développement du secteur hospitalier privé et l’intérêt des investisseurs du Golfe. Le projet le plus emblématique est l’entrée au capital de quatre grands hôpitaux du Caire (Cleopatra Hospital, Cairo Medical Center, Nile Badrawi Hospital, et Al Shorouk Hospital) par le fonds Emirati Abraaj Capital depuis 2014 via sa filiale égyptienne Cleopatra Hospital group (dont Proparco détient 10% des parts). Il est désormais le premier groupe hospitalier privé du pays avec 500 000 patients traités chaque année. Plus récemment, en novembre 2017, le groupe saoudien Elaj Group a par ailleurs pris le contrôle des hôpitaux Alexandria International Hospital et Ibn Sina Specialized Hospital en novembre 2017 et prévoirait d’autres acquisitions.

Afin de contribuer à l’amélioration de la situation dans les hôpitaux publics, la Banque Mondiale a accordé en 2015 un prêt de 75 M USD dans le cadre de son programme Supporting Primary Healthcare Facilities in Egypt's Poorest 1,000 Villages. Depuis 2017, l’AFD est également impliquée dans le secteur de la santé et un premier MoU a été signé à l’occasion du déplacement du président Sissi à Paris le 25 octobre dernier pour un prêt de 30 M EUR et un don de 1 M EUR afin d’appuyer la rénovation de centres de santé primaire.