La Chine s’est imposée comme un acteur incontournable du développement des monnaies virtuelles, avec notamment deux tiers des émissions de bitcoin et 20% des conversions de bitcoin effectuées en RMB. L’essor des crypto-monnaies en Chine s’explique, côté offre, par une importante infrastructure informatique alimentée en énergie bon marché ; côté demande, par la recherche de nouveaux canaux de diversification des actifs chinois, dans un environnement financier encore contraint.

Les autorités chinoises demeurent très vigilantes vis-à-vis des crypto-monnaies, considérées pour la plupart comme des produits de spéculation voire supports d’activités illégales – en particulier pour sortir des capitaux. Leur utilisation est interdite comme moyen de paiement. Plus récemment, les autorités ont interdit les levées de fonds en crypto-monnaies et  les plateformes chinoises de commerce de crypto-monnaies ont suspendu une nouvelle fois leurs activités face aux incertitudes juridiques et règlementaires. Toutefois, la PBoC déclare « ne pas interdire mais surveiller » et cherche à développer un cadre réglementaire.

Face à la dématérialisation rapide des moyens de paiement en Chine, que la PBoC considère comme une « tendance inéluctable », le gouverneur ZHOU Xiaochuan, avait annoncé début 2016 que son institution travaillait à l’émission d’une monnaie numérique banque centrale. Une telle monnaie permettrait notamment une meilleure sécurisation des transactions par rapport aux portefeuilles électroniques existants, développés par des entreprises privées (Wechat/Tencent, Alibaba). Toutefois, ce RMB numérique ne serait pas décentralisé puisque géré par la PBoC. D’après des déclarations récentes des autorités chinoises, les premiers tests ont été « fructueux » et « préparent le terrain pour un monopole de la PBoC sur le contrôle de la valeur de la future crypto-monnaie chinoise » bien que le lancement effectif « prendra encore du temps ».

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La volonté de la PBoC de créer un RMB numérique semble moins procéder de la volonté de réduire les coûts de gestion des moyens de paiement, que d’encadrer et contrôler un processus nouveau. La nature décentralisée et les caractéristiques technologique des crypto-monnaies rendent incertains les effets des mesures des autorités pour limiter et encadrer leur utilisation. En outre, une interrogation demeure  pendante, celle de la rapidité du processus d’innovation financière, qui est probablement plus rapide que celle du régulateur.