© DG Trésor - Sources : Department of Finance, CSO, CBI, ESRI, Markit, Investec, Department of Energy, EPA, BPFI

 photo de couverture

Macroéconomie

Croissance des salaires – Les salaires ont accéléré au deuxième trimestre 2017, atteignant +2,2% (contre +1,5% au T1), principalement stimulée par la croissance de l’emploi au premier trimestre 2017 (+3,5% en g.a.). Ce taux de croissance est bien supérieur à l’inflation (0,2%), permettant aux ménages irlandais de bénéficier d’une hausse significative de leurs salaires réels. Cette croissance concerne tous les secteurs à l’expection de la construction (-3,6%). Le secteur public (+3,3%) bénéficie d’une hausse des salaires plus importante que le secteur privé (+1,9%). Ces chiffres tendent à renforcer les prévisions d’une croissance soutenue de la consommation des ménages pour l’année 2017.
salaires

Indice d’activité économique – Le PMI manufacturier s’établit en août à 56,1, son plus haut niveau depuis 2 ans. Cette forte hausse était assez inattendue compte tenu de la vigueur actuelle de l’euro face à la livre sterling et au dollar. Elle est le résultat d’une hausse des carnets de commandes venant à la fois de clients existants et de nouveaux clients, d’un optimisme sur les perspectives de croissance et s’inscrit dans un contexte plus large de reprise économique de la zone euro. Le PMI des services a quant à lui augmenté de façon marginale en août, à 58,4 (+0,1).

pmi 

Indice des ventes de détail – Les ventes de détail (en volume) ont progressé de 11,9% en juillet par rapport à juin, l’indice s’établissant à 136,6. Ces résultats reflètent principalement l’augmentation des ventes de voitures neuves (+7%) : le début de la seconde période d’enregistrement des plaques d’immatriculation pour 2017 (1er juillet – 31 décembre) entraîne une augmentation saisonnière des ventes. Les ventes de détail hors-automobiles au mois de juillet sont quant à elles en recul de 0,2% par rapport au mois précédent, mais en hausse de 7% sur un an. Cette forte croissance annuelle a été stimulée par une baisse de 3,5% des prix (hors automobile) sur la même période, soit la plus forte baisse en 7 ans. Avec environ un tiers des biens importés du Royaume-Uni, la faiblesse de la livre sterling face à l’euro permet aux consommateurs irlandais de bénéficier d’une hausse de pouvoir d’achat.

retail sales 

Chômage – Le taux de chômage irlandais s’est établi à 6,3% de la population active en août 2017, en légère baisse par rapport à juillet (6,4%). En revanche, le taux de chômage des jeunes (15 - 24 ans) connait quant à lui une hausse de 0.4pp sur le mois d’août, s’établissant à 12,7% - en augmentation pour le troisième mois consécutif. Bien que la situation du marché du travail s’améliore de façon structurelle en Irlande, le taux de chômage des jeunes reste élevé et a enregistré chaque mois une augmentation depuis mai 2017.

 chomage

Finances publiques

Éxécution budgétaire - Selon le ministère des Finances irlandais, le budget de l’État central (Exchequer) était en excédent de 1,8 Md € fin août, sur les 8 premiers mois de 2017. À titre de comparaison, l’Exchequer était en déficit de 329 millions € sur la même période l’année dernière. Cet amélioration de 2,1 Mds € par rapport à l’an dernier tient principalement de la vente par l’État de 28% de ses parts dans la banque AIB en juin dernier. En revanche, les recettes fiscales ont été plus faibles que prévu : le gouvernement a collecté près de 30,5 Mds € sur la période, soit 209 millions € (0,7%) de moins que sa cible (mais 1,4 Md €, soit 5%, de plus que l’année dernière). L’impôt sur le revenu, la source de revenus la plus importante de l’État, était de 12,2 Mds €, soit 1,8% (221 millions €) de moins que prévu. Selon le ministère des Finances, ce manque à gagner serait dû à une défaillance de son modèle de prévisions fiscales pour la « universal social charge » (équivalent de la CSG), qui aurait surestimé l’effet de la croissance des salaires sur l’impôt. En revanche, les recettes provenant de la TVA ont été meilleures que prévues, à 9 Mds € (+1,1%), reflétant la consommation soutenue des ménages.  

Budget 2018 – L’Irish Fiscal Advisory Council – (IFAC) a publié sa déclaration préliminaire sur le budget 2018 (Pre-Budget 2018 Statement), soulignant une amélioration de l’état des finances publiques mais mettant en garde contre certains risques persistants. Selon l’IFAC, le budget devrait retrouver l’équilibre en 2018, le ratio dette/PIB serait en diminution et les taux d’intérêt à court terme ainsi que les prévisions de croissance resteraient favorables. Néanmoins, le niveau absolu de la dette publique reste élevé, et les risques extérieurs (Brexit, négociations internationales sur la fiscalité) importants. De plus, les risques de « surchauffe » de l’économie irlandaise pourraient se matérialiser dans un futur proche. Par ailleurs, bien que le ministère des Finances ait estimé la marge de manœuvre budgétaire (fiscal space) disponible pour 2018 à 1,7 Md €, les mesures précédemment annoncées par le gouvernement ainsi que l’accord sur l’augmentation des salaires dans le secteur public (qui doit encore être approuvé par les syndicats) réduisent cette marge de manœuvre à environ 500 millions €. L’IFAC souligne notamment qu’une augmentation imprévue des recettes fiscales ou une baisse des taux d’intérêts ne doit pas être utilisée pour financer des mesures budgétaires permanentes. Concernant le « Rainy Day Fund » (fonds contra-cyclique en que le précédent gouvernement avait proposé de mettre en place à partir de 2019), l’IFAC souligne qu’il peut être utile pour assurer une croissance durable et une bonne gestion des finances publiques mais le Conseil attend du gouvernement qu’il précise ses modalités de fonctionnement.  

Investissement et compétitivité

Entreprises Multinationales – L’agence nationale de la statistique irlandaise (CSO) a récemment publié son rapport annuel sur le poids des entreprises multinationales (FMN) dans la valeur ajoutée (VA) irlandaise. Les FMN ont créé 98,5 Mds€ de VA en Irlande, soit près de 39% de la VA totale du pays alors qu’elles emploient moins de 10% de la force de travail. Ces chiffres soulignent l’importance des entreprises étrangères dans l’économie nationale. La croissance de la VA des entreprises domestiques a en revanche connu une croissance plus rapide que celle des FMN entre 2015 et 2016 (respectivement 5,3% et 4,9%).

FMN 

Brexit

Commerce – Les négociations sur le Brexit et ses premiers effets ont augmenté la pression sur l’Irlande au mois d’août. Intertrade Ireland et l’ESRI (Economic and Social Research Institute) ont publié un rapport sur l’impact potentiel d’un retour aux barrières tarifaires et non-tarifaires de l’OMC sur le commerce entre la République d’Irlande, l’Irlande du Nord et la Grande Bretagne. Le scénario envisagé est celui d’un « hard Brexit », c’est-à-dire d’une sortie du Royaume-Uni de l’UE sans nouvel accord commercial entre les deux parties. Les principaux résultats de l’étude montrent que les produits les plus impactés par ces barrières seraient les produits agro-alimentaires, les vêtements et le tabac. Le lait et la viande seraient particulièrement concernés, alors même que ces deux produits constituent une part très importante des exportations irlandaises et nord irlandaises. Selon les estimations de l’étude, ces barrières commerciales réduiraient le commerce transfrontalier d’environ 16%. Par ailleurs, les variations du taux de change euro - livre sterling inquiètent de plus en plus les exportateurs irlandais. Selon l’Ibec (association d’entreprises irlandaises), les effets négatifs sur les exportateurs irlandais deviennent importants lorsque le taux de change de la livre par rapport à l’euro est supérieur à 0,9. Ce seuil a été dépassé le 3 août dernier et les analystes prévoient une parité entre l’euro et la livre sterling au premier trimestre 2018. Le Ministre irlandais des Affaires étrangère, Simon Coveney, a rencontré le négociateur en chef de la Commission européenne, Michel Barnier pour une consultation sur la « vulnérabilité unique » de l’Irlande face aux conséquences du Brexit. Il a réaffirmé la solidarité du pays avec les autres Etats-membres et renouvelé son soutien à l’approche par « phases » des négociations.

Secteur financier

Crédits immobiliers – Selon un récent rapport de la Banking Payment Federation Ireland, le montant des prêts hypothécaires accordés en juillet 2017 a atteint 853 millions €, soit une augmentation de 23% par rapport à juillet 2016. Les banques irlandaises ont ainsi approuvé 8,6 Mds € de prêts immobiliers sur les 12 derniers mois, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis 2009. Le montant moyen d’un prêt s’établissait à 215 000 € en juillet 2017, en hausse de 5,4% par rapport à l’année dernière. Sur les 7 premiers mois de 2017, les prêts hypothécaires ont augmenté de 45% sur un an. Ces résultats laissent présager une nouvelle hausse des prix de l’immobilier, nourrissant ainsi la crise du logement. Selon la Banque centrale irlandaise, l’encours net des prêts immobiliers a néanmoins diminué de 38 millions € sur un mois et de 377 millions € sur l’année (-0,5%). 

Permanent TSB – La Banque centrale européenne a infligé une amende de 2,5 millions € à la banque irlandaise Permanent TSB (PTSB) pour ne pas avoir respecté ses exigences en matière de liquidités entre octobre 2015 et avril 2016. C’est la première fois que la BCE inflige une telle amende depuis qu’elle a pris la responsabilité de supervision de la zone euro en 2014. PTSB a justifié cette violation par une mauvaise interprétation des nouvelles règles bancaires européennes. La banque reste détenue par l’Etat irlandais à hauteur de 75% et son taux de prêts non performants (NPL) s’élève à environ 28% de ses encours totaux, soit presque autant que l’année dernière. Sous la pression de la BCE et de la Banque centrale irlandaise pour assainir son bilan, PTSB a proposé, pour les « petits » débiteurs en défaut de paiement qu’elle considère comme insolvables et qui acceptent de vendre leur bien immobilier, d’annuler entièrement leur dette contre le produit de la vente. Depuis la crise, il s’agit de la première initiative de la part d’une des banques traditionnelles irlandaises pouvant donner lieu à des annulations de dette. Il est probable que d’autres banques imitent PTSB.

 Principaux indicateurs économiques

Évolution des indicateurs macroéconomiques – tableau mensuel

 monthly table

 Évolution des indicateurs macroéconomiques – tableau annuel

 yearly table

 Sources: CSO, Central Bank of Ireland, Department of Finance, Davy, Merrion Capital, IBEC, Department of Energy, Eurostat, Markit (PMI).