Le secteur électrique a été profondément modifié au coursdes vingt dernières années.

Le secteur électrique a été profondément modifié au coursdes vingt dernières années. La libéralisation du secteur, dans un souci d'efficacité et de compétitivité, a conduit à redéfinir les contours des monopoles historiques et à ouvrir à la concurrence certaines activités comme la fourniture d'électricité. Des marchés de l'électricité et des interconnexions entre pays ont progressivement été mis en place pour permettre d'échanger l'électricité produite.

Par ailleurs, la volonté de décarboner le mix électrique a conduit à développer des énergies renouvelables électriques en Europe, leur part dans le mix électrique passant de 14,4 % en 2004 à 27,5 % en 2014. Les énergies renouvelables n'étant pas encore compétitives par rapport aux moyens de production carbonés, elles ont bénéficié d'un soutien public conséquent. En Allemagne, ce soutien s'élève à environ 24 Md€ en 2017, soit 0,7 % du PIB.

L'intégration du marché de l'électricité justifie un renforcement de la coordination des politiques énergétiques. Avec un marché intégré, la mise en service de panneaux photovoltaïques dans un pays européen augmente par exemple la quantité d'électricité disponible pour les pays voisins interconnectés, et contribue à une diminution du prix de l'électricité sur leurs marchés. Or les politiques nationales de soutien à la production d'énergie renouvelable sont encore très fragmentées, tant sur le type de soutien opéré que sur les objectifs de développement poursuivis au niveau national, ce qui engendre inefficacités et surcoûts au niveau européen.

L'instauration d'une politique européenne commune des énergies renouvelables permettrait d'exploiter les gisements les plus compétitifs au niveau européen et pas uniquement national ; elle accroîtrait ainsi l'installation de photovoltaïque dans les pays du sud (cf. graphique) et d'éoliennes au nord, là où les gisements sont les plus élevés. Selon la Commission, l'objectif que s'est fixé l'UE de porter la part des renouvelables à 27 % de la consommation énergétique finale verrait alors son coût baisser d'environ 10 Md€ chaque année sur la période 2021-2030 par rapport à un scénario où les énergies renouvelables sont toujours déployées dans un cadre strictement national.

Une telle politique demanderait le transfert au niveau européen d'une partie de la souveraineté sur le pilotage du mix électrique national, mais il existe peu de domaines où les gains à attendre d'un renforcement de l'intégration européenne sont aussi élevés. Cela impliquerait également une révision des outils de soutien existants. 

Trésor-Éco n° 197