Depuis une trentaine d'années, le mouvement d'internationalisation de la chaîne de valeur s'est progressivement étendu aux activités de R&D, qui étaient auparavant localisées près des centres de décision. Ce mouvement semble néanmoins se stabiliser dans la plupart des pays européens sans qu'il soit possible de déterminer si cette inflexion est conjoncturelle ou structurelle. L'internationalisation passe notamment par des investissements directs à l'étranger (IDE) dans la création de centres de R&D, qui sont principalement à destination des grands pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud - les BRICS).

La France participe activement à l'internationalisation de la R&D : les dépenses transfrontalières sont croissantes, tant au niveau de la localisation de la R&D des groupes français à l'étranger que de la localisation en France de la R&D des groupes étrangers.

Trois principales motivations ont été mises en évidence dans la littérature économique pour expliquer la localisation à l'étranger des activités de R&D d’une entreprise : (i) améliorer le rapport coût-efficacité des activités de R&D, (ii) adapter ses produits au marché local et (iii) acquérir de nouvelles connaissances.

Selon la stratégie poursuivie, les déterminants à la localisation varient considérablement. La localisation des activités de R&D dépend ainsi de leur nature (niveau technologique et proximité de l'application commerciale) et des avantages comparatifs des pays. Dans ce contexte, les activités de R&D localisées dans les pays émergents concernent davantage des étapes de développement expérimental en vue d'adapter les produits au marché local, tandis que celles localisées dans les pays avancés concernent plutôt des étapes de recherche plus amont et à haut niveau technologique.

Au sein des pays européens, la France peut accroître son attractivité pour les activités de R&D. Compte tenu de ses avantages comparatifs, la France devrait soutenir en priorité les mesures en faveur de la localisation d'activités de R&D à la frontière technologique (disponibilité d'une main d'œuvre de haut niveau, excellence de la recherche publique et accès à ses résultats pour les entreprises, présence de clusters). Les mesures prises au sein des pôles de compétitivité et du Programme d'Investissements d'Avenir (PIA) participent de cette démarche d'excellence en matière d'enseignement supérieur, de recherche, de transfert des résultats de la recherche publique et d'innovation.

Trésor-Éco n° 183