Trésor-Éco n° 182 - Où en est le débat sur la stagnation séculaire ?
Le concept de stagnation séculaire a été introduit en 1938 par Hansen, inquiet d'un niveau d'investissement insuffisant pour atteindre le plein-emploi. Oublié pendant les décennies suivantes, ce concept a été réintroduit par Summers à la fin de l'année 2013, en le définissant comme une situation où l'économie ne parvient pas à se rapprocher de son potentiel de croissance, du fait notamment de la difficulté à abaisser suffisamment les taux d'intérêt réels.
Initialement centré sur une faiblesse persistante de la demande, ce concept recouvre également une situation d'affaiblissement de la croissance potentielle, en particulier de la productivité et de l'accumulation du capital. Les explications de la faiblesse de l'activité par des facteurs de demande ou d'offre ne sont pas exclusives et se renforcent mutuellement. En effet, la faiblesse de la demande peut peser sur la croissance potentielle via des effets d'hystérèse (par exemple, perte de capital humain liée à la persistance d'un chômage de longue durée). Réciproquement, une faiblesse anticipée de l'offre potentielle à long terme peut peser sur la demande dès le court terme via des effets d'anticipations.
L'échelle géographique d'application du concept de stagnation séculaire demeure source d'interrogations : si certains économistes soulignent l'importance de la dimension mondiale, les premières applications ont souvent été proposées à l'échelle nationale. Actuellement, le débat académique se centre sur la transmission internationale de la stagnation séculaire et les risques de guerre des changes et de stagnation économique mondiale qui y sont liés.
Ce concept de stagnation séculaire suscite de vifs débats parmi les économistes, à la fois quant à sa réalité et aux facteurs qui l'expliquent. La plupart des économistes s'accordent toutefois sur la nécessité d'une réponse globale pour éloigner les risques d'une stagnation durable, combinant des mesures monétaires, budgétaires et structurelles, et de préférence coordonnée au niveau international.