La part de l'investissement privé dans l'activité économique a diminué depuis le milieu des années 1990. Il représentait alors 21 % du PIB, et stagne en dessous des 18 % depuis la crise de 2008. Après le boom de post-réunification, le secteur de la construction s'est replié dans les années 2000, initiant cette baisse de l'investissement privé allemand.

Depuis la crise, l'investissement privé allemand se recompose en faveur du secteur de la construction et au détriment de sa composante en équipement qui, au regard de ses déterminants usuels parait peu dynamique. En effet, l'activité a été plutôt soutenue, les conditions financières favorables et le taux d'utilisation des capacités est élevé. Les entreprises semblent être particulièrement sensibles au niveau élevé de l'incertitude, ce qui pèserait sur l'évolution de leur investissement.

Les entreprises seraient en outre freinées dans leur investissement par plusieurs spécificités de l'économie allemande :

- Le vieillissement des dirigeants du Mittelstand. Les entrepreneurs concernés investissent d'autant moins qu'ils vieillissent et la situation est aggravée par l'absence de perspective de transmission de l'entreprise à l'approche de leur départ en retraite. Or la moitié d'entre eux est âgée de plus de 50 ans.
- L'internationalisation des entreprises allemandes. En recourant à l'optimisation des chaînes de valeur mondiales, les entreprises allemandes auraient à la fois amélioré leur compétitivité à l'export et mis en concurrence leurs investissements domestiques avec leurs Investissements Directs Étrangers (IDE).
- La difficulté à recruter. Signalée depuis plusieurs années par les entreprises, la difficulté à pourvoir des postes qualifiés, notamment pour des professions manuelles, serait devenue un des obstacles majeurs à l'investissement.

La faiblesse de l'investissement en équipement induit une moindre accumulation du capital susceptible de freiner le dynamisme économique à moyen terme, et d'autant plus que les perspectives démographiques pourraient conduire les entreprises à poursuivre cet ajustement à la baisse du stock de capital. Ces perspectives négatives pourraient être en partie compensées par la qualité des investissements avec notamment la progression de ceux réalisés en recherche et développement (R&D). En hausse quasi ininterrompue depuis plus de 20 ans, l'investissement en R&D pourrait soutenir la croissance potentielle allemande à travers la productivité globale des facteurs.

Trésor-Éco n° 172