L'initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), initiée en 1996 sous l’égide du FMI et de la Banque Mondiale et accompagnée à partir de 2005 de l'initiative d'Allégement de la Dette Multilatérale (IADM), a été créée pour encadrer l'allègement massif de la dette publique extérieure due par des pays, jugés pauvres et très endettés, à l'ensemble de la communauté financière internationale (institutions financières internationales, créanciers bilatéraux officiels et créanciers privés). Elle a été conçue comme une solution définitive aux crises répétées de surendettement de ces pays.

Cette initiative touche aujourd'hui à son terme : seuls 3 pays, sur les 39 éligibles, peuvent encore bénéficier du mécanisme ; l'heure est donc au bilan. Ce Trésor-Eco se focalise sur les 30 pays africains qui en ont bénéficié. Elle vise à dépeindre l'impact de ces dispositifs sur la soutenabilité de la dette au moment où les allègements ont été accordés, mais aussi à déterminer quels en ont été les effets de plus long terme.

Si l'objectif de l'initiative de libérer de l'espace budgétaire pour permettre d'enclencher un cycle de croissance inclusive (c'est-à-dire bénéficiant à l'ensemble de la population active) semble rempli, la restauration d’une soutenabilité pérenne de ces pays n’est que partiellement assurée. En effet, s'il n'y a pas lieu de craindre une nouvelle crise de surendettement à court terme pour la grande majorité des pays africains post-PPTE, un petit nombre d'entre eux a connu une période de ré-endettement très soutenu à l'issue de l'initiative, et pourrait bientôt retrouver des niveaux d'endettement proches de ceux observés avant l'initiative. La fin, en 2013, d'une période de conjonction de facteurs exogènes orientés très favorablement (prix élevé des matières premières, demande tirée par la croissance dans les pays émergents, taux d'intérêt mondialement bas et valeur relative de l'USD faible), pourrait en outre conduire à une accélération de la dégradation de la soutenabilité de la dette de ces pays.

Les sources de financement des pays étudiés ont par ailleurs fortement évolué dans les années récentes, que ce soit auprès du secteur officiel (avec l'émergence de nouveaux créanciers officiels) ou du secteur privé (avec la multiplication des recours à l'émission souveraine sur les marchés financiers internationaux). La structure particulière jusqu'ici retenue pour la plupart des émissions souveraines de ces pays appelle en particulier à une vigilance renforcée, car celles-ci exposent particulièrement les pays émetteurs aux risques de refinancement.

Si une nouvelle crise de dette devait se produire, le constat par les créanciers anciens et nouveaux d’un échec de facto de la stratégie précédente d'annulation massive pourrait rendre particulièrement complexe la gestion d'une restructuration rapide et ordonnée de la dette de ces pays.

Trésor-Éco n° 164