Avec la baisse plus rapide de la place de l'industrie dans l’économie, la France a vu sa structure productive s'éloigner de celle des pays les plus spécialisés dans l'industrie, comme l'Allemagne et le Japon, une tendance accentuée par la crise de 2008. À l'inverse, cette spécialisation accrue dans les services renforce la proximité de la structure productive française de celle du Royaume-Uni et des États-Unis.

La baisse d'activité ayant touché plus durement certains secteurs sur la période 2000-2011, la base industrielle française tend à se spécialiser en même temps qu'elle se réduit. En raison du recul de l'automobile, et dans une moindre mesure, des produits électriques et optiques, la production industrielle s'est concentrée d'une part sur des secteurs à faible ou moyennement faible technologie, tels que l'agroalimentaire et les produits métallurgiques et d'autre part sur des secteurs de haute ou moyennement haute technologie (aéronautique et machines-outils par exemple). Toutefois, même les secteurs qui avaient relativement bien résisté semblent fléchir légèrement depuis la crise de 2008, à l'instar des industries chimique et pharmaceutique.

Les spécialisations de la production, à la fois dans l'ensemble des secteurs et au sein de l'industrie, se sont renforcées sur la période récente dans la plupart des pays étudiés, et en particulier au sein de la zone euro après l'adoption de la monnaie unique.

La spécialisation des échanges commerciaux français s'est renforcée sur les secteurs phares d'exportation (agroalimentaire, chimie, pharmacie et aéronautique), alors que la position commerciale s'est dégradée sur les secteurs à technologie moyennement élevée, en particulier l'automobile. L'indicateur de spécialisation des échanges commerciaux souligne la proximité de la France avec le Royaume-Uni en termes de spécialisation sur l'aéronautique et la pharmacie, et avec l'Espagne sur l'agroalimentaire. En comparaison, l'Allemagne affiche un profil d'exportation plus généraliste, avec notamment des produits à technologie moyennement élevée, tels que l'automobile, les machines-outils et les produits électriques et optiques, sur lesquels la France a perdu en spécialisation.

L'analyse conjuguée des spécialisations commerciale et industrielle met en lumière le rôle des avantages comparatifs comme moteur de l'évolution de la spécialisation industrielle. La faible performance à l'exportation semble avoir accentué le recul de l'automobile, des produits électriques ou du textile, dans lesquels la perte de parts de marché à l'export, en plus de la concurrence des importations, a entraîné une baisse de leur part dans la valeur ajoutée industrielle. À l'inverse, certains secteurs très performants à l'international, tels que l'agroalimentaire, l'industrie pharmaceutique ou l'aéronautique, tendent à renforcer leur poids dans la valeur ajoutée industrielle française.

Trésor-Éco n° 158