Début 2015, l'activité économique a décéléré au niveau mondial, avec de fortes disparités selon les zones. Dans les économies avancées, l'activité a poursuivi son expansion, quoiqu'un peu moins rapidement que fin 2014, mais reste bien orientée. Dans les économies émergentes en revanche, le ralentissement a été plus marqué.

Dans les pays anglo-saxons, au 2e trimestre, l'activité a retrouvé son dynamisme après un ralentissement temporaire au 1er trimestre. Ces bons résultats confortent le scénario d'économies anglo-saxonnes portées par une demande intérieure dynamique, et qui continueraient de croître au-delà de leur potentiel de croissance. Au Japon, l'activité rebondit au 1er semestre, malgré un trou d'air au 2e trimestre. La croissance japonaise se redresserait sur l'horizon de prévision, après le recul observé en 2014.

En zone euro, la reprise se renforce, de manière plus ou moins marquée suivant les pays. La dépréciation de l'euro et la forte baisse des taux d'intérêt, favorisées par le programme de Quantitative Easing de la BCE, ainsi qu'une moindre consolidation budgétaire soutiendraient l'activité. En Allemagne, la croissance pourrait s'appuyer sur des moteurs internes solides, même si elle a déçu au 1er semestre. En Espagne, l'activité a poursuivi son expansion au 1er semestre plus rapidement qu’attendu, et continuerait à être soutenue par des facteurs internes, sur fond d'amélioration du marché du travail. En Italie, après trois années consécutives de recul de l'activité, la croissance est à nouveau positive depuis le 1er trimestre, désormais tirée par la demande intérieure.

Dans les économies émergentes, la croissance s'est avérée peu dynamique début 2015. Le ralentissement de l'activité est plus net que prévu en Chine tandis que le Brésil et la Russie connaissent d'importantes difficultés. Seule l'Inde se distingue favorablement parmi les BRIC avec une croissance relativement résiliente. Les économies émergentes accélèreraient légèrement en 2016, avec une situation moins défavorable au Brésil et en Russie faisant plus que compenser la poursuite du ralentissement économique chinois.

Le commerce mondial décélèrerait en 2015, reflet de la faiblesse des importations des économies émergentes au 1er semestre, puis accélérerait en 2016, porté à la fois par le dynamisme de l'activité au sein des économies avancées et des importations des économies émergentes plus en ligne avec l'activité après le creux de 2015. La demande mondiale adressée à la France serait moins pénalisée par le creux de croissance des économies émergentes, compte tenu de la structure de ses échanges. Ainsi, elle accélérerait en 2015 et en 2016, soutenue par le regain de croissance au sein de l'union monétaire.

Les aléas pesant sur ce scénario sont équilibrés. Les cours des matières premières - du pétrole notamment - et des changes sont soumis à de nombreux aléas, pouvant constituer, le cas échéant, un renfort ou un frein à l'activité des pays avancés et émergents. Le ralentissement de la demande chinoise lié au rééquilibrage de l'économie et l'impact des tensions boursières pourraient être plus importants que prévu, ce qui pourrait être contrebalancé par une réaction plus appuyée des autorités chinoises pour soutenir la demande. Finalement, une reprise plus importante que prévu de la zone euro améliorerait nettement les perspectives de croissance au niveau mondial.

Trésor-Éco n° 153