Depuis 2001, le Conseil Ecofin mandate le groupe de travail sur le vieillissement (Ageing Working Group - AWG) rassemblant la Commission européenne et les États membres, pour mettre à jour à intervalles réguliers des projections harmonisées des dépenses publiques liées au vieillissement et à la soutenabilité des finances publiques des pays membres (retraites, invalidité, santé, dépendance, éducation et chômage). Pour la France, pour l’exercice 2015, les dépenses de retraites ont été réalisées par la direction générale du Trésor et l'Insee à l'aide du modèle de microsimulation Destinie, sur la base d'hypothèses démographiques et macroéconomiques établies par Eurostat et le groupe de travail européen.

Grâce aux réformes adoptées depuis plus de vingt ans, la part des dépenses de retraites dans le PIB devrait baisser de manière marquée entre 2013 et 2060 (– 2,6 points de PIB). La France se trouve ainsi dans une position globalement favorable par rapport à ses partenaires européens pour faire face au vieillissement de sa population. En comparaison internationale, la projection sur le champ des retraites n'est pas publique : seule la projection sur le champ des dépenses dites de « pensions » (retraites et invalidité) l'est. À l'horizon 2060, le poids des dépenses sur ce champ devrait baisser de 2,8 points de PIB en France, quand ce poids devrait rester stable en zone euro, voire augmenter dans certains pays (Allemagne : +2,7 points de PIB entre 2013 et 2060, Belgique : +3,3 points de PIB). En 2060, le poids des dépenses de pensions (retraites et invalidité) en France serait alors un peu moins élevé que la moyenne européenne (12,1 % en France contre 12,3 % en zone euro).

Le Conseil d'orientation des retraites (COR) réalise désormais chaque année les projections nationales pour la France qui font référence dans le débat français. Les dernières projections, datant de juin 2015, font état (scénario B) d'une baisse du poids des dépenses de retraites de moindre ampleur entre 2013 et 2060 : – 1,3 point de PIB. Deux facteurs liés aux hypothèses démographiques et macroéconomiques expliquent la plus forte baisse dans l'exercice de l'AWG. D'une part, la démographie est plus favorable à la soutenabilité des finances publiques dans la projection de l'AWG. D'autre part, les gains de productivité plus modérés entre 2020 et le milieu des années 2030 et un chômage plus élevé dès 2020 dans le scénario de l'AWG impliquent que les personnes acquièrent moins de droits à la retraite durant cette période, ce qui tire à la baisse le poids des dépenses de retraites dans le PIB sur la fin de l'horizon de projection.

Trésor-Éco n° 152