Il existe un lien étroit entre les indicateurs synthétiques de climat des affaires publiés par les trois organismes qui réalisent des enquêtes de conjoncture en France (Insee, Banque de France, Markit) et la croissance économique. À partir de modélisations simples, on peut ainsi déterminer que le seuil de référence des enquêtes Insee et Banque de France (qui est de 100) correspond depuis 2000 à une croissance trimestrielle moyenne de +0,35 %. De plus, il apparaît que le seuil des PMI (50) qui est censé être le seuil à partir duquel l'activité croît (seuil dit « d'expansion ») correspond plutôt, depuis 2012, à une croissance de l'activité déjà légèrement positive. Ces modèles, bien que fondés uniquement sur l'indicateur synthétique de climat, sont à peine moins performants en prévision que les modèles plus sophistiqués qui mobilisent l'ensemble des soldes de réponse des enquêtes.

Les niveaux de croissance correspondant aux seuils de référence des enquêtes diffèrent selon les pays ce qui invite à faire preuve de précaution lorsqu'on utilise les enquêtes à des fins de comparaison internationale. Par exemple, le niveau de référence (de 50) de l'enquête PMI correspond effectivement en moyenne à une croissance nulle du PIB en Italie. Ce n'est, en revanche, le cas ni en Allemagne ni en France où le solde à 50 correspond à une croissance trimestrielle moyenne déjà positive, de l'ordre de +0,15 %. 

La relation entre le climat des affaires des enquêtes de conjoncture et la croissance économique a profondément évolué depuis le début des années 1980. De 1980 à 2000, le seuil de référence des enquêtes Insee et Banque de France correspondait plutôt à une croissance trimestrielle moyenne de +0,5 %. Depuis 2000, il correspondrait plutôt à un niveau de +0,35 %. Cette évolution est également visible dans l'industrie manufacturière où le seuil de référence correspond à une variation nulle de la production depuis 2000 (contre +0,5 % par trimestre avant cette date).

Les explications de cette évolution de la relation entre climat des affaires et croissance restent à ce stade très exploratoires. Il est possible que cette rupture traduise, à partir de 2000, un ralentissement de l'effet qualité qui était marqué dans les années 1990 (en relation avec la diffusion des nouvelles technologies de l'information et de la communication). Toutefois cette hypothèse est difficile à tester de façon globale en l'absence d'une estimation fiable de l'effet qualité. Cette baisse du niveau de croissance associé aux seuils de référence pourrait également être rapprochée de la baisse de la croissance potentielle sur la période.

Trésor-Éco n° 151