La productivité britannique a fortement baissé durant la crise de 2008, et ne s’est que faiblement redressée depuis. Elle était à la fin 2014 encore inférieure de 2 points à son niveau du début 2008, et se situait 15 points en dessous du niveau qu’elle aurait atteint si elle avait suivi sa tendance d'avant-crise. La persistance de cette faible productivité au Royaume-Uni est singulière, aussi bien d'un point de vue historique qu'au regard de la trajectoire observée dans les autres pays développés.

La recomposition sectorielle de l'économie britannique, notamment la baisse de l'emploi dans le secteur financier, qui était parmi les plus productifs, n'explique que très faiblement ce choc de productivité. En effet, la baisse concerne tous les secteurs de l'économie. De la même façon, la rétention de main d'œuvre ("labour hoarding") ainsi que la hausse des emplois à temps partiel comme à temps plein ne permettent pas de résoudre le productivity puzzle.

L'augmentation de la participation au marché du travail de certaines personnes dont la productivité est plus faible que la moyenne et la capacité du marché du travail à les absorber ont en revanche pesé sur la productivité. Il s'agit notamment des travailleurs âgés qui ont vu les conditions de préretraite se durcir et qui ont dû subir une diminution de la valeur de leur épargne retraite avec la crise. C'est également le cas des travailleurs étrangers.

D'un point de vue structurel, le déficit d'investissement, la mauvaise allocation du capital ainsi que le ralentissement du progrès technique semblent avoir porté durablement atteinte à la productivité.

La résolution du productivity puzzle est un élément déterminant pour le policy-mix. L’évolution de la productivité est importante dans la stratégie de pilotage des anticipations de la Banque d'Angleterre, mais également pour la trajectoire de la politique budgétaire.

Trésor-Éco n° 146