La situation économique mondiale demeure fragile et hétérogène à l'été 2014. La reprise se renforce dans les pays anglo-saxons, mais peine à se confirmer en zone euro et au Japon, alors que le ralentissement se poursuit dans les pays émergents. Si de nombreux facteurs plaident encore pour la poursuite de la reprise de l'économie mondiale, certains risques baissiers se sont intensifiés (en lien notamment avec l'ampleur du ralentissement des pays émergents et la crise ukrainienne).

Dans les pays anglo-saxons, l'activité a conforté son dynamisme, après un trou d'air au 1er trimestre aux États-Unis, lié à un épisode de froid particulièrement sévère. Dans ce pays comme au Royaume-Uni, les bons chiffres du 2e trimestre ont conforté les scénarii de reprise ; les fragilités identifiées (notamment la possible reconstitution de bulles financière ou immobilière), si elles sont réelles, ne devraient pas avoir d'effet négatif à court terme.

En revanche, la situation du Japon est plus fragile, les effets positifs des «  Abenomics » peinant à s'inscrire dans la durée, alors que l'effet de la première hausse de TVA se fait sentir. La croissance serait ainsi modeste en 2014 et se réduirait encore en 2015 ; un aléa haussier tient à la possibilité d'une réaction du gouvernement ou de la BoJ par la mise en place de mesures additionnelles.

En zone euro, la reprise reste aussi à confirmer, après des chiffres de croissance particulièrement décevants au 2e trimestre dans plusieurs grands pays, avec notamment un recul de l'activité en Allemagne (toutefois lié en partie à des facteurs temporaires) et en Italie. La moindre consolidation budgétaire et les conditions monétaires et financières toujours favorables constituent deux facteurs importants de soutien à la croissance en zone euro. Cependant, les importants efforts consentis entre 2010 et 2013 continuent à peser sur l'activité, alors  que de nouveaux risques paraissent peser sur les perspectives de croissance (tensions géopolitiques liées à la situation en Ukraine notamment). Pour la fin de l’année, la dégradation récente des enquêtes de conjoncture laisse craindre une faiblesse persistante de l’activité. La véritable surprise par rapport au printemps provient de la baisse de l'inflation à des niveaux particulièrement faibles. Cette situation et le niveau très élevé du chômage posent la question du bon calibrage du policy-mix en zone euro.

Dans les principales économies émergentes, la croissance s'installerait en 2014-2015 sur un sentier plus faible qu'avant la crise, notamment en Chine, au Brésil et en Russie. Le risque d'accentuation des tensions géopolitiques, en particulier avec la Russie, représente un aléa baissier majeur. Un ralentissement plus prononcé qu'attendu de l'économie chinoise, qui aurait des conséquences sur les pays exportateurs de matières premières (Russie, Brésil), ou encore une recrudescence des tensions financières ne sont pas non plus à exclure.

Le commerce mondial repartirait très progressivement en 2014 (+3,7 %) et en 2015 (+5,2 %), moins vite que prévu au printemps, sans retrouver le rythme de croissance observé avant-crise. La demande mondiale adressée à la France suivrait un profil similaire, en lien avec la reprise modeste de la demande des partenaires commerciaux européens de la France.

Trésor-Éco n° 135