En 2013, l'activité économique mondiale a progressivement gagné en dynamisme, mais les divergences ont persisté entre grandes zones économiques. Au sein des pays avancés, le différentiel de croissance a de nouveau été marqué entre pays anglo-saxons et Japon d'un côté, et pays de la zone euro de l'autre. L'activité est restée assez dynamique aux États-Unis et s'est sensiblement redressée au Royaume-Uni et au Japon, grâce à un policy mix accommodant. De son côté, la zone euro est sortie d'un an et demi de récession au 2e trimestre et la reprise, modeste et inégale selon les pays, n'a pas permis d'atteindre une croissance positive cette année. Ce décalage est en grande partie la conséquence de divergences passées, notamment un policy mix globalement moins accommodant depuis 2008 en zone euro et des tensions souveraines propres à l'union monétaire depuis 2010. Enfin, les économies émergentes, affectées par les fluctuations du change, les retraits de capitaux consécutifs à l'annonce du ralentissement des achats d'actifs de la Fed et leurs propres défis structurels, ont continué à ralentir.

Au début de l'année 2014, les premières informations conjoncturelles disponibles laissent attendre une poursuite de l'expansion de l'activité mondiale. Ainsi la croissance mondiale s'affermirait en 2014 et 2015. Toutefois l'hétérogénéité des régimes de croissance persisterait. En zone euro, la reprise amorcée en 2013 devrait se concrétiser et l'activité accélérerait (1,2 % en 2014 et 1,8 % en 2015), sous l'effet notamment de l'apaisement des tensions financières ainsi que d'une consolidation budgétaire moins forte. La croissance resterait toutefois modérée, et caractérisée par des disparités encore importantes, entre l'Allemagne où l'activité accélérerait et l'Italie ou l'Espagne, qui sortent à peine de deux nouvelles années de récession. Hors zone euro, les évolutions seraient contrastées. La vigueur de la croissance dans les économies anglo-saxonnes se confirmerait, mais l'activité ralentirait au Japon, en raison de l'inflexion restrictive de la politique budgétaire. Enfin, dans les économies émergentes, la croissance resterait relativement dynamique, mais elle s'installerait sur un sentier durablement plus faible que dans la période pré-crise, notamment en Chine, au Brésil et en Russie.

En conséquence, le commerce mondial renouerait avec une croissance plus rapide en 2014 et 2015 (4,7 % puis 6,1 %) sans toutefois retrouver le rythme de croissance observé en moyenne entre 2000 et 2008. Il entraînerait dans son sillage la demande extérieure adressée à la France, particulièrement favorisée par le rebond de l'activité en zone euro, son principal partenaire commercial.

Ce scénario d'une amélioration progressive de la situation économique mondiale, emmenée par les pays développés, reste entouré d'aléas importants. En zone euro, dans le contexte de l'évaluation complète des bilans bancaires conduite par la BCE en 2014, la reprise pourrait être plus franche qu'anticipé en cas de levée des incertitudes, sans qu'il soit possible d'exclure à l'inverse un regain ponctuel de tensions financières. Le risque de déflation, qui n'a pas disparu au Japon et pourrait concerner certains pays de la zone euro, reste de son côté à surveiller et rappelle les fragilités de la reprise en cours. Enfin, la normalisation de la politique monétaire américaine est encore susceptible d'engendrer des turbulences, moins aux États-Unis que dans les pays émergents les plus vulnérables aux chocs externes.

Trésor-Éco n° 126