Au sein des pays avancés, il semble difficile d'expliquer les dynamiques divergentes des exportations uniquement par la demande mondiale et la compétitivité-prix. Les déterminants « hors-prix » (qualité, innovation, design, image de marque, réseaux de distribution...) contribuent également à expliquer les performances à l'exportation.

Cependant, les mesures « usuelles » de compétitivité « hors-prix » (indicateurs qualitatifs, approche économétrique…) conduisent à des résultats hétérogènes.

Afin d'appréhender le positionnement « hors-prix » des économies avancées, une approche non-économétrique de la sensibilité-prix des exportations, basée sur la théorie des préférences révélées du consommateur, est développée. Elle permet de construire un indicateur classant les pays selon le degré de sensibilité-prix de leurs exportations. Cette approche rend compte du positionnement sectoriel relatif des exportateurs, tout en les différenciant selon leur niveau de gamme.

Le positionnement hors-prix de la France (comme celui de l'Italie ou des États-Unis) s'avère médian par rapport aux principaux pays développés. Les résultats obtenus contribuent en partie à expliquer la faiblesse des performances à l'exportation de la France sur la décennie 2000 (en comparaison avec l'Allemagne notamment), mais reflètent également ses avantages comparatifs structurels. Les trajectoires similaires de l'Allemagne et de la France en termes de compétitivité-prix n'ont pas les mêmes implications sur leurs performances à l'exportation : en Allemagne, pays relativement peu sensible à la compétitivité-prix, l'amélioration continue de la performance à l'exportation semble provenir essentiellement d'un avantage de compétitivité hors-prix ; en France, pays davantage sensible à la compétitivité-prix, la même légère dégradation de la compétitivité-prix observée avant-crise a pu induire un effet plus défavorable sur sa performance à l'exportation.

La décomposition du solde commercial français (hors énergie) selon la contribution des produits à dominance « qualité », « prix » ou «intermédiaire» montre que sa dégradation depuis le début des années 2000 est essentiellement liée à la détérioration de la balance des produits « prix », et dans une moindre mesure à celle des produits « intermédiaires ». Le doublement de l'excédent sur les produits « qualité » ne suffit pas à compenser la dégradation des autres composantes. Ces évolutions confirment que si la France est relativement bien positionnée sur le hors-prix et les produits de haute technologie, elle ne l'est pas suffisamment pour résister à une dégradation de sa compétitivité-prix.

Le positionnement hors-prix médian de la France l'expose à la fois à la concurrence sur les prix et sur le « hors-prix », ce qui appelle à une action sur les deux plans.

Trésor-Éco n° 122