L'internationalisation du yuan désigne le processus par lequel le yuan peut être utilisé en dehors des frontières de la Chine continentale, notamment par les non-résidents, pour réaliser des transactions commerciales et financières. L'achat par les non-résidents de titres libellés en yuan hors de Chine implique des opportunités de placement accrues en Chine continentale, ce qui nécessite (i) une plus grande ouverture du compte de capital chinois, encore largement fermé, et (ii) un développement des marchés financiers domestiques qui manquent encore de liquidité et de profondeur.

La libéralisation progressive des taux d'intérêt et la possibilité pour les résidents d'obtenir une meilleure rentabilité pour leur épargne devraient réduire le risque de sorties nettes de capitaux que permettrait une plus grande ouverture du compte de capital. Ce développement des marchés financiers chinois devrait modifier le mode de financement des entreprises en offrant des alternatives aux prêts bancaires. Par ailleurs, pour limiter le risque d'effets déstabilisateurs sur le change, l'ouverture du compte de capital devrait survenir à un moment où le taux de change est proche de son niveau d'équilibre et s'accompagner d'une plus grande flexibilisation du change.

L'internationalisation du yuan remplit du point de vue de la Chine des objectifs à la fois commerciaux et stratégiques. Elle permettrait de diminuer le risque de change pour les entreprises chinoises et devrait ainsi contribuer à l'expansion du commerce chinois, notamment vers d'autres économies émergentes. Ensuite, le yuan reste la seule des devises des six plus grandes économies du monde qui n'est pas encore une monnaie de réserve, ce qui confère au processus une forte dimension politique. Il existe néanmoins une incertitude sur le degré d'ambition et le rythme de mise en œuvre du processus d'internationalisation du yuan. En effet, les autorités ont peu communiqué jusqu'à présent sur le cheminement envisagé ainsi que sur le niveau d'ouverture du compte de capital et le degré de flexibilité du taux de change souhaités à la fin du processus.

Le processus d'internationalisation du yuan présente un certain nombre d'aléas. L'assouplissement des contrôles de capitaux conduira à court terme à une volatilité accrue du taux de change voire des taux d'intérêt, à laquelle aucun les acteurs économiques ne sont aujourd'hui parfaitement préparés. Face à ces risques, et tirant toutes les leçons des crises précédentes, les autorités agiront vraisemblablement de façon prudente afin de pouvoir acclimater progressivement les acteurs économiques aux possibilités accrue mais aussi aux risques accrus de flux de capitaux plus libres.

Trésor-Éco n° 121