Une stimulation de la concurrence entraine des effets complexes sur l’emploi.
Le fonctionnement concurrentiel de l’économie se traduit par l’émergence régulière de nouveaux modèles technologiques, économiques et organisationnels, qui viennent bousculer les positions établies des entreprises en place. Les pertes d’emplois directes, imputables à une concurrence accrue, sont visibles et peuvent être concentrées localement, tandis que les gains en emplois, à la fois chez les nouveaux entrants mais aussi dans le reste de l’économie (en raison de la baisse des prix), apparaissent plus diffus.

L’impact sur l’emploi dépend de la sensibilité de la demande à la baisse des prix et des gains de productivité attendus.
L’accroissement de la concurrence dans un secteur conduit à des transferts de part de marché entre les différentes entreprises et implique des transferts d’activité et d’emploi. Au niveau de l’emploi global du secteur, cela conduit à deux effets opposés. D’une part, la baisse des prix qui découle d’une intensification de la concurrence peut augmenter l’activité dans les secteurs concernés, et ce d’autant plus que la sensibilité de la demande au prix est élevée. D’autre part, les gains de productivité qu’apportent les entreprises entrant sur le marché ou que réalisent les entreprises initialement en place en réaction à une plus grande intensité concurrentielle peuvent affecter négativement l’emploi. L’effet global sur l’emploi du secteur est donc a priori incertain, et peut être négatif à court terme.

Dans l’ensemble de l’économie, les gains de pouvoir d’achat des ménages soutiennent l’emploi, en premier lieu dans les secteurs complémentaires de celui concerné par une plus forte concurrence. Les gains de compétitivité-coût réalisés par les entreprises consommatrices sont également favorables à l’emploi.

Les effets négatifs transitoires liés à la réallocation fréquente de la force de travail et aux gains de productivité peuvent être atténués par d’autres instruments de politique économique.
De par les réallocations fréquentes d’emplois et les gains de productivité qu’elle implique, la concurrence peut engendrer un chômage frictionnel. Cette situation est en principe transitoire mais peut perdurer lorsque la mobilité inter-entreprises, sectorielle et géographique des travailleurs est insuffisante. Des politiques économiques complémentaires, par exemple en faveur de l’éducation, de la formation ou de la fluidité du marché immobilier, peuvent contribuer à réduire les périodes d’insécurité professionnelle et ses conséquences.

Questions-clés de la séance et discussion de cas

Une intensification de la concurrence est-elle toujours favorable à l’emploi, dans les secteurs concernés et dans l’ensemble de l’économie, à court et à long terme ? Comment les différents instruments de politique économique peuvent-ils s’articuler afin de limiter certains effets négatifs de la concurrence sur l’emploi ?


À titre d’exemple, les intervenants ont commenté l’avis 12-A-21 de l’Autorité de la concurrence du 8 octobre 2012 relatif au fonctionnement concurrentiel des secteurs de la réparation et de l’entretien de véhicules et de la fabrication et de la distribution de pièces de rechange.

 

Intervenants

  • Pierre Cahuc, Professeur d'économie, Crest-Ensae et École Polytechnique
  • David Tayar, Avocat à la Cour, Willkie Farr & Gallagher LLP

 

Le débat a été animé par Emmanuel Combe, Vice-président de l’Autorité de la concurrence.