Trésor-Éco n° 106 - Les autorités monétaires doivent-elles réagir aux variations du prix du pétrole ?
Le prix du pétrole est orienté à la hausse depuis juin dernier, après avoir baissé au 2ème trimestre 2012 dans un contexte de ralentissement de l'activité économique et d'augmentation de l'offre. Le prix du baril de Brent s'élève ainsi à 115 $ en octobre 2012, soit une hausse de 50 % depuis 2007.
La forte hausse du prix du pétrole en 2008 puis en 2010-2011 a suscité des interrogations sur la réponse que peuvent y apporter les autorités monétaires des pays importateurs, confrontées à la difficulté de réagir à une inflation importée sur laquelle elles n'ont pas directement prise sans pénaliser l'activité économique.
La hausse temporaire du prix du pétrole n'appelle théoriquement pas de réponse systématique des banques centrales : la BCE a en effet pour mission d'assurer la stabilité des prix à moyen terme, tandis que la Réserve fédérale et la Banque du Japon ciblent l'inflation sous-jacente. Cependant, les fluctuations du prix du pétrole peuvent affecter la formation des prix rigides tels que les salaires et nourrir des effets de second tour ce qui, dans le contexte actuel de politique monétaire extrêmement accommodante, pourrait menacer l'ancrage des anticipations d'inflation.
Dans les économies avancées, un resserrement monétaire au titre de la stabilisation des prix ne semble pas requis tant que les anticipations d'inflation restent bien ancrées. Nos estimations économétriques suggèrent en effet que :
- la hausse du prix du pétrole a peu d'impact sur l'inflation totale à long terme, et aucun impact sur l'inflation sous-jacente aux États-Unis et dans la zone euro. Une partie de la transmission des prix du pétrole à l'inflation se fait en outre via les salaires ; leur faible perspective de hausse rend aujourd'hui peu probable l'apparition d'effets de second tour.
- la hausse du prix du pétrole affecte significativement mais faiblement les anticipations d'inflation aux États-Unis et dans la zone euro. L'impact est plus limité dans la zone euro, ce qui peut tenir à la plus forte probabilité d'intervention de la BCE face à la hausse du prix du pétrole que suggèrent ses resserrements passés (juillet 2008 et avril et juillet 2011).