La Suède a connu au début des années 1990 une grave crise avec faillites bancaires, recul important du PIB, envolée de la dette publique, perte du AAA et chômage en hausse inédite depuis les années 1930.

Cette crise s'est inscrite dans un contexte de dérapage prix-salaires tout au long des années 1970 et 1980, corrigé par des dévaluations régulières. La dérégulation du crédit au cours des années 1980, mal maîtrisée, a conduit à un emballement du crédit et à une surchauffe. Déclenchée par le relèvement des taux d'intérêt au tournant des années 1990, la crise a d'abord été immobilière et bancaire, puis économique et monétaire.

Face à cette crise, les autorités suédoises ont agi sur deux fronts. Outre un traitement immédiat de la crise bancaire et un pilotage macroéconomique destiné à restaurer les grands équilibres, la Suède a engagé un vaste ensemble de réformes structurelles couvrant la gouvernance des finances publiques, la libéralisation de l’économie, la réforme de l’État-providence (retraites, en particulier), mais aussi la réorientation du pays vers un modèle de croissance davantage assis sur les exportations.

La Suède, qui a laissé le déficit se dégrader au plus fort de la crise, commence rapidement ses efforts de consolidation budgétaire, dès fin 1992, avant d’amplifier la réduction des déficits une fois la reprise engagée. Le choix de réformer d'un même élan un vaste ensemble de domaines a permis d'assurer la durabilité des effets positifs initiaux de la dépréciation du change et de l'essor du commerce mondial. Enfin, le mode d'élaboration et d'adoption des réformes a assuré leur appropriation par un ensemble large d'acteurs, facilitant leur caractère durable.

Vingt ans après cette crise, la Suède présente des performances remarquables. S'il paraît difficile d'en faire un modèle, tant ont joué des facteurs non reproductibles comme la dépréciation initiale de la couronne (– 23 % par rapport à l'ECU) ou l'essor du commerce mondial au même moment, l'expérience suédoise peut à tout le moins servir d'inspiration, notamment sur la méthode.

Trésor-Éco n° 105