Trésor-Éco n° 100 - Impact du séisme au Japon sur l'économie mondiale
Il y a un an, la triple catastrophe (tremblement de terre, tsunami et accident nucléaire) a très fortement affecté l'économie japonaise. Outre les dramatiques conséquences humaines, cette catastrophe naturelle a détruit des capacités de production dans les régions sinistrées et a occasionné un déficit d'offre en matière d'électricité. Elle a également perturbé l'économie nationale et plus largement internationale, par la rupture de chaînes de production. Cette dernière conséquence est finalement celle qui aurait le plus contribué à la forte baisse de la production au Japon et dans les économies avoisinantes.
Sur l'ensemble de l'année 2011, l'activité japonaise a ainsi reculé de 0,7 % par rapport à 2010. L'activité a surtout diminué au cours des deux premiers trimestres de l'année (respectivement – 1,8 % et – 0,3 %) puis a sensiblement rebondi au cours du troisième trimestre (+1,7 %), avant de se replier de nouveau en fin d'année, en raison du ralentissement mondial et des inondations en Thaïlande.
L'effet direct de la catastrophe sur l'économie mondiale serait finalement limité. Le choc d'offre qu'a connu le Japon à la fin du premier trimestre a peu modifié la demande adressée à ses principaux partenaires commerciaux. La baisse de la demande japonaise a en partie été contrebalancée par une hausse des importations pour pallier le déficit ponctuel de l'offre domestique, notamment énergétique. Dans les faits, la baisse des importations japonaises a été très faible, notamment au regard de celle des exportations.
L'effet indirect qui transite par les chaînes mondialisées de production a été nettement plus important, au Japon comme dans le reste du monde. En fournissant en quasi-monopole des produits technologiques clés pour l'industrie électronique et automobile, le Japon se place au cœur des chaînes de production mondiales, ce qui lui confère une place stratégique. La catastrophe a généré des ruptures de chaînes de production dans ces secteurs, dont l'impact a été particulièrement visible dans les pays d'Asie, notamment car la part du Japon dans leurs importations de biens intermédiaires est plus élevée que dans les autres régions du monde.
Au deuxième trimestre 2011, l'évolution du PIB beaucoup plus faible que par le passé dans les principales économies serait ainsi liée en partie au séisme japonais, surtout en Asie. L'impact total de la catastrophe au 2ème trimestre aurait été de 0,4 point de PIB pour les dragons asiatiques, 0,3 point en Chine, et 0,1 point en Europe et aux États-Unis ; il aurait été particulièrement visible dans le secteur automobile. L'impact serait quasi nul sur l'ensemble de l'année 2011 grâce au rebond du second semestre suite au rétablissement des capacités de production japonaises et des chaînes de production mondiales, et positif en 2012 grâce à la reconstruction publique.