La mondialisation, en incitant les différentes économies à se spécialiser dans les secteurs dans lesquels elles disposent d'avantages comparatifs, contribue à limiter la hausse des prix de nombreux biens. Dans la plupart des pays de l'OCDE, cet effet est relativement modeste pour l'indice global des prix à la consommation –de l'ordre de 0 à 1/4 de point de pourcentage par an depuis 2000–, mais s'avère bien plus important pour les biens, hors énergie fossile, largement échangés sur les marchés internationaux (les biens dits « mondialisés »).

Au sein des pays européens, des disparités fortes existent entre les écarts d'inflation des « biens mondialisés ». D'une part, elles proviennent du fait que les ménages de ces différents pays consomment plus ou moins de « biens mondialisés » dont le prix a moins augmenté (effet de structure). D'autre part, cette moindre inflation des « biens mondialisés » s'explique aussi par de purs effets prix qui dépendent eux même de facteurs propres à chaque pays : le degré de pénétration des importations en provenance des pays émergents, le niveau initial des prix ou encore l'évolution de la réglementation du secteur de la distribution.

Les consommateurs du Royaume-Uni ont ainsi amplement bénéficié de cet effet baissier sur les prix  issu de l'intégration commerciale internationale: l'inflation des « biens mondialisés » est nettement plus faible sur la période 1998-2008 au Royaume-Uni qu'en zone euro, ce que l'évolution du taux de change n'est pas en mesure d'expliquer. Une plus grande libéralisation de la réglementation de la distribution, un niveau de prix initial plus élevé relativement à la zone euro et dans une moindre mesure un panier de consommation plus tourné vers les « biens mondialisés » expliquent cet écart.

La France se situe proche de la moyenne des pays européens. Le consommateur français a moins bénéficié de l'impact de l'intégration commerciale internationale que le consommateur britannique ou allemand, mais plus que le consommateur espagnol ou italien.

L'étude de l'évolution des indices de prix par classe de revenu en France fait apparaître que les ménages relativement aisés sont ceux qui ont le plus bénéficié de cette moindre inflation. Ceci s'explique par le fait que les ménages les plus modestes consacrent une part plus importante de leur revenu à des « biens non-mondialisés », tels que le logement et les produits agroalimentaires.

 Trésor-Éco n° 95