Les perspectives d'inflation font l'objet d'opinions divergentes aux États-Unis. La reprise de l'activité, la hausse des prix de l'énergie et la politique monétaire accommodante de la Réserve Fédérale (Fed) conduisent désormais certains observateurs à envisager l'enclenchement d'une « spirale inflationniste ». Pour d'autres, la sous-utilisation du capital productif, le fort taux de chômage, le processus de désendettement des ménages et un secteur de l'immobilier encore en difficulté vont au contraire dans le sens d'une inflation toujours très faible, voire d’un «risque déflationniste».

Si les fluctuations de l'inflation totale sont en grande partie liées aux évolutions des prix de l'énergie, la tendance générale des prix s'appréhende mieux via l'inflation hors prix de l'énergie et de l'alimentaire (inflation dite « sous-jacente »), moins volatile. Or l'effet d'entraînement des prix de l'énergie sur les autres prix et les salaires (effet de « second tour ») paraît limité aux États-Unis, relativisant le risque, parfois évoqué outre-Atlantique, de « spirale inflationniste ».

Cette étude montre que la dynamique de l'inflation sous-jacente aux États-Unis peut utilement être appréhendée en analysant ses trois composantes sectorielles : les prix du logement (environ 40 % de l'indice), ceux des services hors logement (un peu plus de 30 %) et ceux des biens (un peu moins de 30 %). L’apport de cette analyse est ainsi de mettre en évidence les déterminants de l’évolution des prix dans ces trois secteurs et de prévoir l’évolution de l'inflation sous-jacente à partir des évolutions respectives de chaque composante.

L’agrégation des résultats sectoriels conduit à une inflation sous-jacente modérée en 2011 et 2012, autour de 1 %.

Cette analyse écarte donc, pour l'heure, à la fois le risque d'une poursuite durable de la tendance désinflationniste observée depuis 2008 (et a fortiori un « risque déflationniste ») et la possibilité d'une spirale inflationniste. Elle permet également de mieux analyser la politique monétaire menée par la Fed et de relativiser, compte tenu de son mandat, les critiques dont elle fait l’objet.

Trésor-Éco n° 86