L'indicateur mensuel de défaillances d'entreprises de l'Insee mesure le nombre d'entreprises à l'encontre desquelles une procédure de redressement judiciaire est ouverte. Bien qu'il ne recouvre pas l'intégralité des cessations d'activité, il s'agit, outre l’information qu’il fournit sur la démographie des entreprises, d'un bon baromètre de la santé financière des entreprises. En particulier, il est intéressant de déterminer les facteurs expliquant les défaillances d'entreprises dans le contexte de la crise économique récente.

À l'aide d'un modèle vectoriel à correction d'erreurs reliant défaillances, créations d'entreprises et PIB, il apparaît que l'évolution des défaillances d'entreprises s'explique plutôt bien par deux facteurs : un facteur conjoncturel, synthétisé par le PIB, et un facteur démographique, synthétisé par les créations d'entreprises passées. L'analyse causale montre que le PIB influence à court terme et négativement les défaillances d'entreprises (plus d'entreprises font défaut lors d'une conjoncture défavorable) et que les créations d'entreprises influencent à long terme les défaillances d'entreprises (plus il y a d'entreprises créées, plus certaines d'entre elles sont susceptibles de fermer ultérieurement).

La forte croissance du nombre de défaillances entre 2007 et 2009 s'explique certes par la crise économique mais, également, par un effet démographique lié aux importantes créations d'entreprises des années 2003-2007 (sous l'impulsion, notamment, des lois Dutreil). En 2008, c'est essentiellement un effet démographique qui explique la hausse des défaillances.

En 2009, cet effet démographique intervient dans une mesure moindre : l'évolution des défaillances résulte principalement d'un effet macroéconomique. Grâce aux mesures de relance et à celles de soutien à la trésorerie des entreprises, la progression des défaillances observée en 2009 a toutefois été moins marquée que ce que la sévérité de la crise économique et le dynamisme passé des créations d'entreprises pouvaient laisser escompter.

À l'inverse, les défaillances - qui ne concernent par définition que les entreprises hors auto-entrepreneurs - demeurent à des niveaux élevés au cours de la première moitié de l’année 2010 malgré la reprise de l'activité et une démographie plus favorable, sans doute en raison du contrecoup des mesures de relance et d'un effet lié à la mise en place du statut d'auto-entreprise.

Trésor-Éco n° 84