Depuis les prémices du printemps, les économies avancées sont entrées dans une phase de reprise modérée. Comme anticipé, le 1er semestre 2010 a été plus porteur pour la plupart des grandes économies mondiales que le 2e semestre 2009 notamment en zone euro. Le redressement de l'activité observé depuis l'été 2009 a reposé en grande partie sur le rebond du commerce mondial, en particulier grâce aux échanges avec la Chine et l'Asie émergente, qui ont créé l'appel d'air nécessaire au redémarrage des économies avancées. Les échanges internationaux devraient conserver ce dynamisme à horizon deux ans, soutenant les économies avancées.

Le rebond au printemps 2010 a aussi reposé sur des moteurs plus diversifiés : outre plusieurs facteurs temporaires (stimuli publics et cycle des stocks), la bonne performance enregistrée au 1er semestre 2010 dans les pays développés reflète aussi le redressement de la demande intérieure privée. Deux mouvements contraires sont en fait à l'œuvre : les facteurs temporaires de croissance s'estompent, à mesure qu'expireraient les plans de relance, tandis que les moteurs privés de la croissance prennent progressivement le relai, permettant à horizon 2011 aux demandes intérieures des pays développés de se consolider.

Parallèlement, les déséquilibres commerciaux retrouveraient aussi une situation similaire à celle de 2008. Le rééquilibrage partiel observé en 2009 se révèlerait donc largement conjoncturel.

Dans la plupart des pays développés, la productivité du travail se rétablirait au détriment de l'emploi. Le PIB ne parviendrait à rattraper son niveau de 2008 qu'aux États-Unis et en Chine à horizon 2011, mais l'emploi ne retrouverait son niveau de 2008 qu'en Allemagne, où le chômage n'avait de toute façon pas significativement augmenté. Allié dans certains pays à une modération salariale, le rétablissement de la productivité permettrait celui des taux de marge ; grâce à ces marges rétablies, mais aussi à l'amélioration des conditions de financement, l'investissement pourrait ainsi repartir, sauf en Espagne, où il serait déprimé par l'atonie de la demande intérieure.

Finalement, le PIB mondial, après avoir chuté de 0,9 % en 2009, devrait progresser de +4,4 % en 2010 et +3,9 % en 2011, porté largement par les pays émergents. Les aléas sont toutefois nombreux, tant sur l'économie réelle que sur la sphère financière.

Trésor-Éco n° 81