À l'été 2006, le taux de défaut des ménages américains sur leurs prêts immobiliers a commencé à augmenter rapidement, ce qui a constitué le point de départ de la crise immobilière puis de la crise financière qui a débuté à l'été 2007. Depuis lors, le nombre de saisies de logements ne cesse d'augmenter, ce qui a notamment un effet dépressif sur les prix de l'immobilier. Par ailleurs, l'incertitude sur le nombre total de saisies à venir empêche les institutions financières de connaître l'ampleur et la répartition de leurs pertes, contribuant à alimenter le climat de défiance qui handicape la distribution du crédit à l'économie.

Pour comprendre le comportement passé du taux de saisies et prévoir son évolution future, on le modélise en fonction de ses déterminants macroéconomiques : prix de l'immobilier, taux d'intérêt, chômage et un indicateur de la « qualité » des prêts. En effet, c'est le relâchement des conditions d'octroi de crédit de la part des prêteurs, notamment via la distribution de prêts dits atypiques, comme les subprimes, qui est la principale cause de la montée des saisies entre 2006 et 2008.

Cette hausse du taux de saisies se poursuivrait jusqu'en 2010 voire 2011, essentiellement sous l'effet de la baisse des prix de l'immobilier. En effet, celle-ci place de nombreux ménages en situation de richesse négative (negative equity) : leur bien immobilier vaut moins que le montant leur restant à rembourser. Ceci augmente leur propension à faire défaut, en particulier dans les États comme la Californie dans lesquels ils peuvent quitter leur logement sans être redevables de la totalité du prêt.

Au total, on estime que 17 millions de logements seraient saisis entre le début de la crise en 2006 et le retour à la normale en 2015, occasionnant des pertes de l'ordre de 1 150 Mds$ pour les institutions financières américaines, une estimation très proche de celle du FMI.

Trésor-Éco n° 57