En réponse au ralentissement rapide de l'activité, les principales banques centrales ont fortement baissé leurs taux directeurs ces derniers mois. Ces politiques monétaires conventionnelles montrent cependant leurs limites : premièrement les marges de manœuvre des banques centrales sont désormais faibles (le taux cible de la Fed est entre 0 et 0,25 %, celui de la BCE à 1,25 %, celui de la Banque d'Angleterre (BoE) à 0,5 %), deuxièmement malgré les baisses passées des taux, les conditions monétaires et financières se sont partout fortement durcies et enfin les canaux de transmission des politiques monétaires conventionnelles ont été affaiblis par la crise financière.

En parallèle à la baisse des taux directeurs, les principales banques centrales ont donc mis en place des politiques monétaires non conventionnelles, d'abord avec l'objectif de faire face à la crise de liquidité sur le marché interbancaire puis, alors que les limites des baisses de taux directeurs devenaient plus évidentes, avec l'objectif d'améliorer les conditions de financement dans l'ensemble de l'économie.

Les mesures prises par la BCE ont conduit à une progression de son bilan de plus de 45 % entre septembre 2008 et janvier 2009. Pour le moment ces mesures ont principalement cherché à accroitre la liquidité du marché interbancaire alors que les autres banques centrales ont aussi visé à influer le prix de certains actifs financiers (publics ou privés) à travers leurs achats (Fed, Banque d'Angleterre et Banque du Japon).

Les mesures prises par les autres banques centrales ont eu pour effet de faire baisser les taux d'intérêt sur l'ensemble de la courbe des taux, ce qui provoque des pressions à la baisse sur leurs monnaies, en particulier vis-à-vis de l'euro et peut aggraver les pressions déflationnistes en zone euro. C'est par exemple ce que l'on a observé après l'annonce du programme d'achat de bons du Trésor par la Fed le mercredi 18 mars, l'euro s'étant apprécié de près de 5 % sur la journée. Cette situation a conduit le Président de la BCE à annoncer que le conseil des gouverneurs décidera de nouvelles mesures non standard lors de sa réunion du 7 mai prochain. Il a également indiqué que si les circonstances le justifiaient, le taux directeur de 1,25 % pourrait être à nouveau diminué.

Trésor-Éco n° 56