Le rattrapage économique dans les pays d'Europe centrale et orientale (PECO) s'accompagne d'une appréciation de leur taux de change réel, c’est-à-dire d'une croissance des prix domestiques en euro plus rapide que dans la zone euro. Ce phénomène est caractéristique des économies en transition, reflétant de forts gains de productivité du travail et une importante accumulation de capital productif, et conduit à terme à une convergence des niveaux de prix.

Compte tenu de leur appartenance à l'Union européenne, la manière dont se réalise l'appréciation du taux de change réel dans les PECO (hausse du taux de change nominal ou différentiel d'inflation avec la zone euro) est néanmoins susceptible d'avoir un impact sur leur situation économique et sur le rythme de la convergence des prix.

Dans les économies en changes flexibles, l'appréciation réelle peut s'effectuer largement via l'appréciation du taux de change nominal. Les tensions inflationnistes en sont amoindries et la politique monétaire, n'ayant pas d'objectif de change, peut maintenir des taux d'intérêt réels positifs. La relative stabilité des conditions de financement domestique s'accompagne alors de la préservation d'un niveau d'épargne suffisant pour limiter le creusement des déséquilibres macroéconomiques et financiers.

L’adoption du taux de change fixe peut présenter l’avantage de réduire le risque de change et la prime de risque associée, mais les fortes pressions inflationnistes liées à l'appréciation réelle se traduisent, dans une situation  qui favorise une convergence des taux nominaux, par l'apparition de taux d'intérêt réels négatifs, qui alimentent une situation de surchauffe. Le caractère excessivement accommodant des conditions de financement encourage un développement rapide du crédit et une forte croissance des prix d'actifs, en particulier immobiliers. Le dynamisme des composantes domestiques de la croissance induit en retour une appréciation qui peut être excessive du taux de change réel, accompagnée du creusement des déficits extérieurs et d'une montée de l'endettement externe.

Ainsi, les pays qui décident de fixer leur taux de change risquent d'enregistrer des déséquilibres externes et internes susceptibles de compromettre leur capacité à satisfaire durablement aux critères de convergence nécessaires à l'entrée dans la zone euro, en particulier au critère de stabilité des prix.

Trésor-Éco n° 46