Depuis 2006, la hausse des cours mondiaux des produits de base agricoles s'est vivement accélérée, après avoir été assez modérée et stable au cours des quinze années précédentes. En se diffusant le long de la chaine de production des produits alimentaires, la hausse des prix des matières premières agricoles accroît l'inflation mondiale. Déterminer les modalités d'une réponse appropriée à cette crise nécessite d'en connaître les facteurs d'origine.

La demande de matières premières agricoles s'est accrue du fait du développement économique des pays émergents, et dans une certaine mesure, de la fabrication des biocarburants (pour certains produits de base tels le maïs). Cette demande de produits agricoles est par ailleurs assez peu élastique aux prix.

L'offre de matières premières agricoles n'a pas immédiatement suivi la demande, du fait d'accidents climatiques pour les récoltes de 2006 et 2007, d'une augmentation des coûts de production agricoles et des délais de réaction de l'offre à une augmentation des prix. Au total, l'évolution des facteurs d'offre et de demande contribue clairement à la progression des prix des matières agricoles.

Les investisseurs financiers interviennent de manière de plus en plus importante sur les marchés à terme de matières premières agricoles et on peut se demander si ces interventions sont de nature à alimenter la hausse des prix agricoles.

D’un point de vue théorique, l’existence de marchés à terme, même très actifs, ne suffit pas à modifier durablement les prix au comptant et d’autant moins que les coûts de stockage sont importants (comme c’est le cas pour les céréales).

Les données disponibles suggèrent que l’effet des investissements financiers sur les marchés à terme de produits agricoles sur les prix au comptant est faible comparé à l’impact des facteurs traditionnels d’offre et de demande de produits agricoles.

Trésor-Éco n° 41