Trésor-Éco n° 32 - Doit on craindre une persistance des tensions inflationnistes liées au dynamisme des prix agricoles ?
Les années 2006 et 2007 ont été marquées par de fortes hausses des prix des matières premières agricoles. Ces évolutions ont des causes aussi bien conjoncturelles que structurelles, de sorte que les prix de ces produits pourraient rester durablement élevés, avec une forte volatilité. Plusieurs régions exportatrices, notamment l'Australie et l'Europe, ont été récemment touchés par des événements climatiques. Les productions céréalière et laitière ont donc baissé, diminuant les stocks et créant des tensions sur les marchés mondiaux. Par ailleurs, de nouvelles crises sanitaires ont perturbé les marchés des produits animaux en modifiant les flux commerciaux. De manière plus structurelle, les années récentes ont été marquées par une croissance importante de la demande mondiale de produits alimentaires. Ceci s'explique par le développement des économies des pays émergents qui entraîne une modification des habitudes alimentaires et par le développement des biocarburants.
La hausse du cours des matières premières agricoles s'est progressivement diffusée aux coûts de production des industries agro-alimentaires : les prix de ces produits ont alors sensiblement accéléré au deuxième semestre 2007. Enfin, cette accélération s’est transmise aux prix payés par les consommateurs : les prix alimentaires sont ainsi passés dans l’hexagone d’un taux de croissance annuel de 0,8% à l’été 2007 à près de 5% en février 2008. Cette accélération résulte largement du renchérissement des matières premières agricoles, elle peut aussi révéler des changements des comportements de marge sans qu’il soit possible d’en quantifier l’impact.
En France, la nouvelle réforme des relations commerciales entre fournisseurs et distributeurs dans la grande distribution introduite par la «loi Chatel» qui est entrée en vigueur le 1er mars devrait alléger les pressions à la hausse sur les prix. En outre, au vu de l’affaiblissement récent de la dynamique des prix de production des IAA, il semble que le pic du choc soit derrière nous (cf. graphique).