Introduit en 1999, le salaire minimum britannique (National Minimum Wage, NMW) a rapidement atteint un niveau proche de son équivalent français. Néanmoins, le NMW n'a pas le même impact sur le fonctionnement du marché du travail que le SMIC : la part des salariés concernés par ce niveau de rémunération est, à première vue, nettement plus réduite au Royaume-Uni et la distribution des salaires y semble moins contrainte par l'existence d'un salaire minimum.

Au-delà des différences institutionnelles (champ d'application, assiette de vérification, mode de revalorisation, etc.) qui ne sauraient être négligées, une analyse plus fine permet de mieux comprendre ce paradoxe. Du point de vue des salariés, compte tenu de la redistribution, les niveaux de vie d'un salarié rémunéré au salaire minimum sont assez comparables de part et d'autre de la Manche. Par ailleurs, une comparaison précise indique que, mesurée de manière analogue, la part des salariés effectivement rémunérés au niveau du SMIC est bien supérieure à celle des salariés rémunérés au NMW, mais la différence est moindre que ne le suggère la part des salariés directement concernés par la revalorisation du SMIC (12,9 %). Concernant le coût du travail, le coût horaire au niveau du salaire minimum britannique est nettement inférieur au coût horaire au niveau du SMIC, de plus de 10 % en termes absolus ; c’est aussi le cas en termes relatifs, une heure de travail au salaire minimum représente au Royaume-Uni moins de 34 % du coût du travail au salaire moyen contre 39 % en France.

Enfin, si l'on veut comparer les rôles respectifs du NMW et du SMIC dans le fonctionnement actuel des marchés du travail britannique et français, la relative nouveauté du NMW est probablement un facteur important. En effet, le NMW a moins de 10 ans d'existence et il n'existait pas précédemment au Royaume-Uni de salaire minimum légal applicable à l'ensemble de l'économie tandis que le SMIC existe depuis près de 50 ans.

En particulier, la Low Pay Commission (en charge de la gestion du NMW) souhaite limiter le NMW à une proportion réduite des salariés britanniques et maintenir son statut de «plancher» dans la distribution des salaires. Par opposition le SMIC en France semble jouer le rôle de norme salariale.

Trésor-Éco n° 31