La très forte progression des cours boursiers jusqu’à l’été 2007 alors que l'activité américaine montrait des signes de ralentissement suggérait un excès d'optimisme des marchés vis-à-vis de la progression des profits, d'autant que ces derniers semblaient avoir atteint des niveaux déjà très élevés en début d'année. Cette question est analysée ici à l’aide des «multiples» qui sont utilisés en analyse financière, comme les ratios P/E (price earning ratio).

Aux États-Unis, les ratios sont au dessus de leur moyenne sur longue période mais ne s'en écartent pas à plus d'un écart type, distance qui d'un point de vue historique précède généralement une phase de correction si elle est franchie. Deux éléments au moins montrent toutefois que le risque de survalorisation n’est pas exclu pour le marché américain.

Si l’on corrige les ratios P/E du cycle sur les bénéfices, ils s’établissent alors à des niveaux un peu plus élevés, davantage supérieurs à la moyenne de longue période. Or les ratios ainsi corrigés semblent constituer de meilleurs prédicteurs de l’évolution à venir des cours, dans le sens d’un retour vers la moyenne historique de P/E/.

Par ailleurs, il est possible que le calcul de la moyenne des P/E soit biaisé vers le haut aux États-Unis en particulier du fait des fortes survalorisations observées à la fin des années 1990. La prise en compte de cette distorsion éloignerait un peu plus les P/E de leur moyenne de long terme. C’est ce que semble confirmer l'utilisation d'une série très longue (depuis 1870) sur l'indice S&P composite, surtout lorsque les ratios P/E sont corrigés du cycle.

En zone euro, le dynamisme des places financières semble en ligne avec l'évolution des fondamentaux aussi bien selon les ratios non-corrigés que corrigés du cycle. En d'autres termes, l'évolution future des marchés devrait se faire en ligne avec l'évolution des bénéfices. Au Japon également, quelle que soit la mesure utilisée, les multiples restent proches de leur moyenne de long terme, parfois en dessous, parfois au dessus et ne peuvent donc pas constituer des signaux d'alerte précoces d’une survalorisation du marché.

Trésor-Éco n° 22