La zone euro présente depuis plusieurs années un compte courant proche de l'équilibre malgré des évolutions divergentes des balances courantes des pays. L'Allemagne a vu son compte courant se redresser sur la période récente, tandis que parallèlement, se creusaient les déficits courants espagnols (8,3 points de PIB en 2006), portugais (9,8 points de PIB) et grecs (8,1 points de PIB).

A priori, ces déséquilibres de balances courantes peuvent être liés en partie à l'amélioration du fonctionnement des marchés financiers et à la disparition des primes de risque de change en union monétaire qui ont pu réduire certaines barrières aux flux de capitaux et permettre un plus ample recours au financement international.

Cependant, le risque de sur-ajustement ne doit pas être sous-estimé. En cas de trajectoire non soutenable des déficits courants, les pays d'une zone monétaire ne peuvent plus compter sur une dévaluation du taux de change nominal, et doivent tabler sur d'autres types d'ajustements. Les ajustements de compétitivité sont plus coûteux lorsqu’ils nécessitent une baisse des salaires réels qui passe par une hausse du taux de chômage. Les ajustements financiers ne sont pas non plus à exclure, bien que la notion de «risque pays» soit moins pertinente en union monétaire.

Enfin, les politiques économiques ont un rôle à jouer. La politique monétaire peut être attentive aux hétérogénéités macroéconomiques et jouer sur les pondérations des différents pays dans la conduite de sa politique. Les politiques budgétaires peuvent chercher à compenser les écarts de demande entre pays. Les politiques de croissance de la productivité et certaines politiques fiscales peuvent réduire les écarts de compétitivité.

Trésor-Éco n° 20