Les échanges commerciaux entre la France et la Namibie en 2023 (mai 2024)

Les échanges commerciaux entre la France et la Namibie ont bondi de 87% en 2023, pour atteindre un niveau record de 284 MEUR. Cette forte augmentation, qui fait suite à cinq années consécutives de progression, s’explique par le bond de nos importations (+91% à 251 MEUR), portées par les flux d’uranium (74% du total), dans un contexte de hausse des cours et de diversification de nos approvisionnements (coup d’Etat au Niger en juillet 2023 et difficultés de production au Canada et au Kazakhstan). En regard, nos exportations ont également nettement progressé, mais à un rythme inférieur (+59% à 32,6 MEUR), portées par les équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique. Suivant les dynamiques évoquées, le déséquilibre de notre relation commerciale se renforce donc, et le déficit enregistré par la France vis-à-vis du pays atteint un nouveau record (219 MEUR). Si la Namibie est un partenaire marginal au vu des volumes des échanges (156eme client, 89ème fournisseur), elle demeure néanmoins stratégique pour notre approvisionnement en uranium (2ème fournisseur d’uranium naturel avec 25% du total en valeur), une position qui devrait se renforcer dans les années à venir alors que l’entreprise française Orano devrait relancer la mine de Trekoppje.

1. En 2023, les exportations françaises à destination de la Namibie ont progressé de 58,9% pour atteindre 32,6 MEUR, un niveau record, après cinq années consécutives de croissance. Le flux se distingue donc par son dynamisme, nettement plus marqué que celui de nos exportations vers l’Afrique sub-saharienne (+1%) et au niveau mondial (+2,1%).

  • Cette progression s’explique en grande partie par la hausse des « équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique » (+393% à 17,4 MEUR soit une contribution positive de 67,5 points à la croissance des exportations), en lien avec de nouvelles ventes de machines diverses (moteur à piston - 5,1 MEUR).
  • Dans une moindre mesure, on observe l’apparition d’un flux de « produits pétroliers raffinés et coke », quasi-inexistant auparavant (3 MEUR, soit +14,5 points) – en lien avec de nouvelles exportations de kérosène.De même, nos exportations de « produits métallurgiques et métalliques » bondissent (+977%, à 2,7 MEUR, soit +12,1 points) en lien avec de nouveaux flux de tubes en fer (2,2 MEUR – liées aux activités d’exploration pétrolière).
  • A l’inverse, les exportations françaises se sont contractées dans plusieurs catégories, notamment pour les « produits chimiques, parfums et cosmétiques » (-59,9% à 4,2 MEUR, soit -30,6 points) en lien avec l’effondrement des ventes d’agents de surface organiques (-71,5% à 2,9 MEUR), et pour les « matériels de transport » (-76,9% à 702 000 EUR, soit -11,4 points – pièces détachées d’avions et engins flottants), qui avaient bénéficié de la vente de deux avions en 2022 (2,9 MEUR).

2. La composition de nos exportations à destination de la Namibie a significativement évolué en 2023. Le poste « équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques » (moteurs, transformateurs, machines et équipements d'usage général), retrouve ainsi la première place et compte désormais pour plus de la moitié des flux, une part record alors qu’il représentait 17,2% en 2022 et 35,7% en moyenne entre 2018 et 2022. Les « produits chimiques, parfums et cosmétiques » (agents de surface organique, réactifs de laboratoire) rétrogradent à la seconde position avec 12,9% des parts (contre 32,5% en moyenne ces cinq dernières années), alors même qu’ils dominaient les flux d’exportations depuis 2021 (représentant jusqu’à plus de la moitié du total). On retrouve en troisième position les « produits pétroliers raffinés et coke » (kérosène), représentant 9,2% des exportations totales (contre une part quasi-nulle entre 2018 et 2022).

3. In fine, la Namibie est un débouché marginal pour les produits français (0,01% des exportations). Le pays est notre 156ème clients (sur un total de 235 pays) et le 33ème en Afrique subsaharienne. En 2022 (dernières données disponibles), la France était aussi un fournisseur marginal pour le pays (19ème au niveau mondial, avec une part de marché de 0,4%). Celui-ci reste en effet largement dépendant de l’Afrique du Sud (59,1% de ses importations). La France est le 9ème fournisseur européen de la Namibie, précédée notamment par l’Italie (5ème fournisseur au niveau mondial avec 2,5% de part de marché), la Bulgarie (8ème pour 1,8%) et le Royaume-Uni (9ème pour 1,5%).

4. En 2023, les importations françaises en provenance de Namibie ont presque doublé (+90,8%) pour atteindre 251,5 MEUR, un point haut historique. Alors que les flux progressent continuellement depuis 2018, il s’agit de la hausse la plus élevée enregistrée ces dernières années (après +41% en 2021). En six ans, les importations françaises ont ainsi été multipliées par plus de cinq.

  • Cette évolution s’explique en grande partie par la forte progression de nos importations de « produits métallurgiques et métalliques », (+183% à 184,9 MEUR, soit une contribution positive de 90,7 points à la croissance des importations) catégorie composée quasi-exclusivement d’uranium naturel. Pour rappel, il faut distinguer deux types d’importations françaises d’uranium : (i) les composés d’uranium naturel, matière première brute qui est transformée en (ii) uranium enrichi, à l’usage industriel et qui provient majoritairement de Russie (59% de nos importations en 2023 soit 396 MEUR), puis du Royaume-Uni, des Pays-Bas et des Etats-Unis). Longtemps non compétitif compte tenu des conditions d’exploitation locales, l’uranium namibien l’est désormais davantage à la faveur de l’augmentation des prix sur les marchés internationaux [1]. Des facteurs comme des difficultés de production au Canada et au Kazakhstan, les deux principaux producteurs mondiaux, ainsi que le coup d’état militaire au Niger en juillet 2023 (7ème producteur mondial) expliquent en partie cette brusque hausse, tout comme nos besoins de diversification de l’approvisionnement.
  • Dans une très moindre mesure, on peut souligner l’augmentation des « produits manufacturés divers » (diamants et pierres précieuses - +30,7% à 9 MEUR, soit +1,6 point) et des « produits chimiques, parfums et cosmétiques », composés à 95% de charbon de bois (+9,7% à 8,8 MEUR, soit +0,6 point).
  • A l’inverse, à noter une légère baisse i) des « produits issus des industries agroalimentaires » (-2,6% à 44,6 MEUR, soit -0,9 point) en lien avec le recul des ventes de produits issus de la pêche transformés (en filet), ainsi que ii) des « produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture » (‑22,7% à 3,9 MEUR, soit -0,9 point).

5. La structure des importations françaises en provenance de Namibie demeure largement dominée par l’uranium (« produits métallurgiques et métalliques »), qui a représenté 73,5% des flux en 2023, renforçant fortement sa position (50% du total en 2022 et 44,4% en moyenne pour 2018-2022). Pour rappel, la Namibie reste en effet un des principaux producteurs mondiaux d’uranium naturel (troisième ou quatrième rang selon les années). A noter que l’économie devrait par ailleurs renforcer ses flux vers la France à moyen terme, alors qu’Orano a annoncé vouloir relancer la mine de Trekoppje (projet d’extraction situé dans le centre est du pays, débuté en 2011 avant d’être mis à l’arrêt dès 2012 en raison de la faiblesse des cours internationaux). Les « produits des industries agroalimentaires » (très majoritairement composés de poissons pélagiques transformés), conservent leur second rang avec une part réduite à 18%, contre 36% en moyenne ces cinq dernières années. Enfin, les « produits manufacturés divers » (diamants et pierres précieuses) se hissent à la troisième position avec une part relativement stable à 4%, au détriment des « produits chimiques, parfums et cosmétiques » (charbon de bois), relégués à la quatrième place et dont la part recule à 3%.

 

6. La Namibie est un fournisseur marginal de la France, toutefois stratégique pour son approvisionnement en uranium. En 2023, le pays se classait ainsi au 89ème rang de nos fournisseurs, avec une part de marché inférieure à 0,1% (contre 102ème en 2022). Au niveau de l’Afrique sub-saharienne, le pays est notre onzième fournisseur (2% des flux). Cependant le pays était notre 2ème fournisseur global d’uranium naturel sur la période, avec 25% du total en valeur (contre 5ème et 11% en 2022), après le Kazakhstan (26% du total) et devant le Niger (23%), l’Ouzbékistan (13%) et l’Australie (11%). La dépendance de la France à l’uranium namibien s’est donc significativement renforcée.

7. Le déficit commercial (structurel) qu’enregistre la France vis-à-vis de la Namibie a doublé en 2023 (+97%). Il se creuse donc pour la cinquième année consécutive, atteignant désormais 219 MEUR, un niveau record. Il s’explique notamment par le caractère déséquilibré des échanges commerciaux. D’une part, nos importations sont centrées autour des matières premières et principalement de l’uranium. D’autre part, le marché domestique est particulièrement réduit en lien avec une population peu nombreuse (3 M d’habitants). Nos exportations sont donc avant tout dépendantes de la conclusion de grands contrats (canalisations en fonte en 2021) et davantage volatiles. Elles pourraient ainsi bénéficier des activités d’explorations pétrolières menées par Total Energies dans le pays dans les années à venir.



[1] A la fin de l’année 2023, le cours de l'uranium atteignait 91 USD la livre (lb) (environ 450 g), doublant presque en comparaison avec janvier 2023 pour atteindre des niveaux jamais vus depuis 2007 (avec un pic à 108 USD/lb en février 2024).

 

Disponible au téléchargement : 

  • Namibie - Commerce bilatéral en 2023 (mai 2024)
  • Namibie - Commerce bilatéral en 2022 (juin 2023)
  • Namibie - Commerce bilatéral en 2022 - ANNEXE 
  • Namibie - Commerce bilatéral en 2021 (avril 2022)
  • Namibie - Commerce bilatéral en 2021 - ANNEXE 
  • Namibie - Commerce bilatéral en 2020 (juin 2021)
  • Namibie - Commerce bilatéral en 2020 - ANNEXE 
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