Synthèse de la relation économique bilatérale entre la France et le Canada

La fiche "Synthèse de la relation économique bilatérale France-Canada" est mise à jour chaque semestre. La prochaine mise à jour est prévue au cours de l'été 2024

I/ Le commerce France-Canada s'est de nouveau montré très dynamique, approchant à quelques millions près le résultat record de l'an dernier

 

Le commerce bilatéral a atteint 8,4 Md € en 2023, soit un niveau relativement stable (-0,3%) par rapport à 2022, ce qui s’est accompagné d’un solde commercial quasiment à l’équilibre (-23 M€). Ce résultat met fin à la dynamique positive observée depuis 2021, lorsque les échanges avaient successivement progressé de 19,5% entre 2020 et 2021 et de 12,8% entre 2021 et 2022. Il faut remonter à 2016, l’année qui a précédé l’entrée en vigueur provisoire de l’AECG/CETA, pour constater une stagnation du commerce de biens. La dynamique de baisse des exportations (-2,8%) et de hausse des importations (+2,3%) a entrainé un solde commercial quasiment à l’équilibre : la France a enregistré un déficit de 23 M€ à l’égard du Canada en 2023 alors qu’elle était en position excédentaire de 188 M€ en 2022. Il s’agit du premier déficit sur la balance des biens depuis 2021. La France présente des excédents dans les grands secteurs exportateurs (agroalimentaire, habillement, équipements mécaniques et informatiques) mais reste pénalisée par la « facture énergétique » : le déficit sur les hydrocarbures équivaut à 51% du total du déficit commercial de la France vis-à-vis du Canada ; hors hydrocarbures, la France aurait eu un excédent bilatéral de 819 M €. En matière de services, les échanges France-Canada ont aussi atteint un record en 2022 (7,7 Md€ ; +45% par rapport à 2021), dernier exercice connu, permettant à la France de dégager un excédent (365 M€) après 5 années de déficit d’une moyenne de 500 M€ par an.

Les exportations (-2,8% par rapport à 2022) et les importations (+2,3%) ont connu une évolution contraire en 2023. Selon les Douanes françaises, les exportations de biens ont atteint 4,2 Md € en 2023, en baisse de 2,8% par rapport à 2022, après avoir progressé de 20% entre 2021 et 2022. Le recul des exportations françaises au Canada est toutefois à relativiser : après un premier semestre encore dynamique, le tassement s’est concentré au second semestre, du fait du ralentissement de la demande intérieure canadienne pour des biens de consommation. Les équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques (872 M€), les produits agroalimentaires (865 M€) et le matériel de transport (494 M€) sont les postes les plus importants à l’export bien que le textile et l’habillement a connu une forte accélération en 2023 (+24%), à 383 M€, avec une présence de plus en plus marquée en Colombie-Britannique : la province représente un quart des exportations françaises de produits de la mode à destination du Canada en 2023 contre 20% en 2022. Les importations depuis le Canada ont quant à elles progressé pour la cinquième année consécutive (+2,2%), à 4,2 Md €. S’il s’agit d’un nouveau record, le rythme de progression des importations est le plus faible observé depuis la réouverture post-COVID. Les importations de matériels de transport (1,3 Md€) et d’hydrocarbures et minerais (848 M€) représentent plus de la moitié (53,2%) de nos importations depuis le Canada. Les équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques (597 M€) et les produits pharmaceutiques (381 M€) suivent. Avec ces résultats, la France se hisse en 2023 à la 12ème place du classement des partenaires du Canada (+2 places sur un an) tandis que le Canada a été le 28ème partenaire de la France, soit une place de mieux qu’en 2022.

L’entrée en vigueur provisoire de l’Accord économique et commercial global (AECG/CETA) le 21 septembre 2017 contribue à l’amélioration du commerce franco-canadien. Alors que la Commission européenne estimait avant l’entrée en vigueur que le CETA devrait, à terme, accroître de 25% les échanges commerciaux UE-Canada, ceux-ci ont augmenté de 51% entre 2017 et 2023 : les exportations européennes ont crû de 51%, de 32 Md€ à 49 Md€, les importations de 52%, de 18 Md€ à 28 Md€, conduisant à un excédent européen en augmentation de 50%, de 14 à 21 Md€. Le commerce France-Canada s’inscrit dans cette dynamique, quoique de manière moins prononcée qu’au niveau européen et dans un ordre de grandeur comparable à l’évolution constatée pour l’ensemble du commerce extérieur français : entre 2017 et 2023, le commerce de biens entre la France et le Canada a augmenté de 2,1 Md€, passant de 6,3 Md€ à 8,4 Md€, soit une croissance de +34%, supérieure à celle du commerce extérieur français sur la même période (+31%) : cette hausse apparaît équilibrée, les exportations françaises ayant augmenté de 1 Md€, passant de 3,2 Md€ à 4,2 Md€ (+33%, contre +29% pour les exportations françaises dans leur ensemble), et les importations en provenance du Canada de 1,1 Md€, passant de 3,1 Md€ à 4,2 Md€ (+35%, contre +33% pour les importations françaises dans leur ensemble). Le recours français aux préférences tarifaires offertes par le CETA à l’export s’élève à 63% en 2022 et reste supérieur à la moyenne UE27 (60%) et est devenu supérieur à celui pour les exportations canadiennes vers la France (70%).

Depuis l’entrée en vigueur provisoire du CETA, la part relative de la France dans les exportations canadiennes est restée stable, tandis qu’elle a légèrement diminué pour les importations. Selon Eurostat, la France a conservé en 2023 son rang de 5ème partenaire européen du Canada (4ème à l’import, 5ème à l’export), derrière l’Allemagne (17,5 Md€), les Pays-Bas (10 Md€), l’Italie (8,2 Md€) et la Belgique (8,1 Md€), mais devant l’Espagne (4,8 Md€) et la Pologne (2,4 Md€). Entre 2017 et 2023, la France a perdu trois places au classement des partenaires commerciaux européens du Canada au profit des Pays-Bas, de l’Italie et de la Belgique. La France représente ainsi 10% (10% des exportations ; 8% des importations) du commerce bilatéral UE27-Canada en 2023 contre 11,7% (10% des exportations ; 15% des importations) en 2017.

II/ Les investissements croisés restent dynamiques en 2022 après le rebond observé en 2021

Avec un flux d’IDE français vers le Canada de 1,1 Md€ en 2022 selon la Banque de France, le Canada est la 10ème destination des IDE français à l’étranger. En 2021, le Canada était la première destination des IDE français à l’étranger, essentiellement du fait de l’opération exceptionnelle qu’a constitué à l’acquisition de Bombardier par Alstom pour un montant de 5 Md€. Les principaux flux d’IDE français au Canada en 2022 concernent l’industrie manufacturière (764 M€), l’industrie agroalimentaire (595 M€) et la finance (387 M€). Selon Statcan, la France a été en 2022 le 7ème plus important pays pour les flux IDE à destination du Canada (3 Md CAD/2 Md€), soit deux places de moins qu’en 2021. Une baisse à relativiser, d’autant que les flux d’IDE français à destination du Canada restent positifs pour la deuxième année consécutive dans les données de la Banque de France et de Statcan. 

Le stock français d’IDE au Canada est estimé en 2022 à 7 Md € en valeur comptable par la Banque de France et à 15,3 Md€ par Statcan mesurée en investisseur ultime (25ème destination pour la France, 10ème pays investisseur au Canada). L’Insee recense pour sa part 1 149 filiales françaises (hors services non-marchands et filiales bancaires) au Canada en 2021, employant 127 024 salariés pour un CA consolidé d’au moins 38,9 Md €, soit 8% de plus que son niveau de 2019. La moitié des filiales françaises au Canada relève des services, tandis qu’un quart relève de l’industrie manufacturière. Selon Statistique Canada, 46% des filiales françaises sont situées au Québec, 37% en Ontario et 6% respectivement en Colombie-Britannique et en Alberta. D’après Montréal International, 345 filiales françaises sont établies dans le Grand Montréal, plaçant la France en 2e position des filiales étrangères dans la ville, soit 16,8% du total. Les principales entreprises françaises au Canada sont, en nombre d’employés, Sodexo (9 000), Stellantis (9 000), Alstom (4 200), Lactalis (4 000) Michelin (3 500), Airbus (3 000), Sanofi (2 000), Thales (2 000) BNP Paribas (1 300), L’Oréal (1 300), Veolia (800), Orano (500) et Danone (500). Plusieurs opérations industrielles majeures ont eu lieu ces dernières années, avec l’acquisition de Camso par Michelin, du programme C-Series de Bombardier par Airbus (rebaptisé A220), ou encore le rachat des activités ferroviaires de Bombardier par Alstom. La fusion de PSA avec FCA en 2021 a également permis à Stellantis de se faire un nom au Canada, où la société construit actuellement la 1ère usine de batteries pour véhicules électriques au Canada d’une valeur de 5 Md€. Saint Gobain a annoncé en 2023 acquérir Building Products of Canada, leader canadien des panneaux isolants pour 925 M€. Enfin, Sanofi avait annoncé 925 M CAD (625 M€) d’investissement en mars 2021 afin de bâtir une usine de production de vaccins à Toronto.  

Selon Statistique Canada, la France était en 2022 la 6ème destination des IDE canadiens, avec un flux de 1,4 Md CAD (900 M €) ; la Banque de France les évalue pour sa part à 980 M € en 2022, soit le 10ème investisseur en France. Les flux d’IDE canadiens en France en 2022 ont principalement concerné la finance (646 M€) et l’industrie manufacturière (218 M€). En 2021, la Banque de France évaluait le flux d’IDE canadiens en France à 3,2 Md€, ce qui plaçait le Canada au 5ème rang des pays investisseurs en France. Ce léger recul s’explique là encore par l’achat de Bombardier par Alstom en 2021 : la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a cédé ses parts dans Bombardier à Alstom en contrepartie d’une prise de contrôle de 17,5% du capital d’Alstom pour 2,6 Md €. Business France relève pour sa part que le Canada est resté en 2023 le 8ème pays le plus actif en France en matière de projets d’investissement devant le Danemark et derrière l’Espagne. Au total, 52 projets ont été recensés (2 de moins qu’en 2022) pour 1 592 emplois créés (+4,5% sur un an), soit 3% du total des projets étrangers de l’année, un pourcentage stable sur les trois dernières années. Le projet d’investissement d’EDF et son partenaire canadien Maple Power (consortium regroupant l’énergéticien Enbridge et le fonds de pension CPPIB) dans la construction de plusieurs parcs éoliens offshore – dont celui de Saint Nazaire inauguré fin 2022 - pour un total de 7 Md€ compte parmi les projets canadiens les plus importants. Dans la tech, le fonds de pension OTPP et Portage Venture ont investi 183 M € dans la start-up d’assurance française Alan, spécialisée dans les services médicaux. Début 2023, Loop industries, une cleantech de recyclage de plastique, a choisi la France pour implanter une usine de fabrication de plastique et de polyester 100% recyclés.

Le stock d’IDE canadiens en France est évalué par la Banque de France à 14,9 Md € en 2022 (12e stock d’IDE étranger pour la France ; 10ème stock d’IDE pour le Canada). Statistique Canada recense 200 filiales canadiennes en France, employant 27 900 salariés pour un chiffre d’affaires de 6 Md € en 2020. Sur la période 2009-2020, le principal investisseur est le groupe de services informatiques CGI – également premier employeur canadien en France avec plus de 15 000 employés - avec 53 projets, suivi de Premier Tech (21 projets) et de Cascades (15 projets), Lallemand, Magna International, ONEX Corporation, Linamar Corporation, Laporte Experts Conseils, Boralex et Constellation Software complètent le top 10 des entreprises canadiennes qui investissent en France. Les régions les plus ciblées par ses investissements sont l’Île-de-France avec 24% des projets et l’Auvergne-Rhône-Alpes (20%). La Caisse des Dépôts et Placements du Québec (CDPQ), actionnaire majoritaire d’Alstom (17,5%) et actionnaire minoritaire de Keolis (30%), est pour sa part le 1er investisseur en matière d’actifs, avec pas moins de 15 Md€ d’actifs en France : son activité témoigne de l’intérêt grandissant des fonds de pension canadiens pour la France, au même titre que CPPIB ou OTPP.

Annexe I : Tableau récapitulatif des relations économiques bilatérales entre la France et le Canada

 

Tableau récapitulatif des relations économiques bilatérales entre la France et le Canada en février 2024

 

FRANCE

CANADA

Echanges commerciaux (Statistique Canada, 2024[1] & Douanes françaises, 2024 ; Eurostat, 2024)[2]

12ème partenaire du Canada (+2 par rapport à 2022) 

28ème partenaire de la France (+1 par rapport à 2022)

12ème client des exportations canadiennes (inchangé par rapport à 2022)

32ème fournisseur de la France (+4 par rapport à 2022)

11ème fournisseur du Canada (+1 par rapport à 2022)

29ème client des exportations françaises (-2 par rapport à 2022)

Le total des échanges commerciaux de biens France-Canada se chiffre à 8,4 Md € en 2023, à quelques millions près le résultat de l’année record 2022.

Le total des échanges commerciaux de services France-Canada a atteint 7,7 Md€ en 2022, contre 5,3 Md€ en 2021, établissant un nouveau record.

Balance commerciale (Banque de France, 2023 & Douanes françaises, 2024)

Léger déficit commercial français sur la balance des biens (-23 M€) après un excédent commercial de
188 M€ en 2022.

Retour d’un excédent commercial sur la balance des services en 2022 de 365 M€ après 5 années consécutives de déficit (environ 500 M€ en moyenne par an de déficit sur la période).

Exportations et importations (Douanes françaises, 2024)

Les exportations françaises ont atteint 4,3 Md € en 2022, soit une progression de 20% par rapport à 2021.

Les importations françaises depuis le Canada ont atteint 4 Md € en 2022, soit une légère hausse par rapport à 2021 (+3%).

 

Investissements croisés général (Banque de France ; Statistique Canda 2023)

25ème pays le plus important en stock d’IDE pour la France en 2022 ; 17ème en 2021.

2e investisseur au Québec

12ème investisseur étranger en France en 2022 ; inchangé par rapport à 2021

Investissements entreprises (INSEE, 2023 ; Statistique Canada, 2024) [3] [4][5]

 

Chiffres pour 2021, derniers disponibles

1 149 filiales au Canada (874 selon le décompte canadien)

127 024 salariés (128 304 selon le décompte canadien)

38,9 Md € de CA

 

Selon Statistique Canada, 1% du total des actifs canadiens (95,5 Md CAD/66 Md€) est sous contrôle français en 2021, soit le 4ème pays d’Europe derrière le Royaume-Uni (1,6%) et les Pays-Bas (1,1%) et l’Allemagne (1,1%)

 

 

Plus de 200 filiales en France

25 618 emplois (18 700 selon le décompte français)

7,3 Md € de CA (10,6 Md CAD)

 

 

 

Selon Statistique Canada, 24,8 Md CAD (17 Md€) d’actifs français sont sous contrôle canadien en 2021.

Flux d’IDE (Banque de France, InvestCanada & Statistique Canada 2023)[6] [7]

Le flux d’IDE français au Canada s’élève à 1,1 Md € en 2022. Le Canada est au 10ème rang des pays de destination de nos IDE en 2022.

 

Le flux des IDE canadiens en France s’élève à 980 M € en 2022.  La France est au 10eme rang des pays de destination des IDE canadiens en 2022.

 

Le stock d’IDE canadien en France s’élève à 14,9 Md€, soit le 12ème pays le plus important en stock d’IDE étranger en France.

Principaux investisseurs

Thales, Alstom Transport, Sanofi-Aventis, Michelin, Airbus, BNP Paribas, Société Générale, Ubisoft, Société pour l’Informatique Industrielle, Expleo France, Alten, Bel, Danone, Saint Gobain, BioMérieux, Veolia, TotalEnergies

CGI Group, Premier Tech, Lallemand, Magna international, Boralex, CDPQ, BlackBerry, Desjardins, Loop Industries McCain, Linamar, SNC Lavalin

 

Annexe II : Données de commerce de biens et services entre la France et la Canada (source : Douanes françaises, 2024[1])

 
Tableau 1. Exportations, importations et solde commercial par industrie

rfg

 

Fig. 1 Evolution du commerce de biens entre la France et le Canada entre 2013 et 2023

ff

 

Fig. 2 Evolution du commerce de services entre la France et le Canada entre 2013 et 2022

 df"ef

 

f

gtutj

 

Annexe III : Données sur les flux et stocks d’IDE français à destination du Canada et les flux d’IDE canadiens à destination de la France entre 2016 et 2022 (source : Banque de France, 2023)

Publié le