CANADA
Synthèse de la relation économique bilatérale entre la France et le Canada
I/ Les échanges commerciaux France-Canada ont atteint des niveaux records en 2022
Le commerce bilatéral a atteint 8,3 Md € en 2022, soit un rebond de près de 15% par rapport à 2021 (7,5 Md €), qui s’est accompagné d’un retour à une position d’excédent commercial vis-à-vis du Canada. La valeur des échanges commerciaux a ainsi dépassé le précédent record, établi en 2021 (7,5 Md €), signe d’une reprise du commerce depuis la pandémie. Cette hausse s’est accompagnée d’une résorption du déficit commercial enregistré en 2021 (-300M€) et d’un retour à une position excédentaire sur la balance des biens, à hauteur de 188 M€ ; cet excédent n’atteint toutefois pas le record de 2019 (650 M€). La France présente des excédents dans les grands secteurs exportateurs (agroalimentaire, habillement, équipements mécaniques et informatiques) mais reste pénalisée par la « facture énergétique » : le déficit sur les hydrocarbures équivaut à 45% du total du déficit commercial de la France vis-à-vis du Canada ; hors hydrocarbures, la France aurait eu un excédent bilatéral de 1,9 Md €. En matière de services, les échanges France-Canada ont aussi atteint un record en 2022 (7,7 Md€ ; +45% par rapport à 2021), permettant à la France de dégager un excédent (365 M€) après 5 années de déficit d’une moyenne de 500 M€ par an. Au premier semestre 2023, le commerce bilatéral a progressé de 6,7% sur un an, à 4,3 Md €, à un rythme plus élevé pour les importations (+13,2% 2,2 Md€) que pour les exportations (+0,7% ; 2,1 Md€), ce qui se traduit par une position désormais déficitaire à l’égard du Canada (-108 M€).
Les exportations françaises de biens au Canada ont atteint 4,3 Md € en 2022, contre 3,6 Md€ en 2021, soit une hausse 20%, supérieure à la hausse des exportations françaises à l’échelle mondiale (18%). Cette progression, qui permet d’enregistrer un nouveau record des exportations vers le Canada (le précédent était en 2019 à 3,7 Md€), est généralisée mais concerne plus particulièrement l’agroalimentaire (23% des exportations françaises vers le Canada ; +12% en 2022) ; le vin reste le produit le plus exporté au Canada, représentant 12,6% des exportations. Les équipements mécaniques et généraux (2ème poste, 19% des exportations ; +15% en 2022) et le secteur de la chimie, parfums et cosmétiques (3ème poste, 12% des exportations ; +25% en 2022) ont également profité du rebond du commerce de biens. Malgré cette hausse, Statistique Canada relève que la France a perdu 3 places au classement des fournisseurs du Canada (12ème contre 9ème en 2021). Selon les Douanes françaises, le Canada était le 27ème débouché des exportations françaises en 2022 (gain d’une place par rapport à 2021).
Les importations françaises du Canada ont atteint 4 Md € en 2022, en hausse par rapport à 2021 (+3%), une progression toutefois très en-deçà de celle des importations totales (+29%). Cette 2ème hausse est inférieure à celle observée entre 2020 et 2021 (+24,2%), qui avait permis de dépasser le niveau de 2019. Les principaux secteurs d’importations françaises depuis le Canada sont les transports (29% du total ; +26% en 2022), qui ont progressé en 2022 grâce aux livraisons d’Airbus A220 – produits au Canada - à Air France (50% du poste). Les importations d’équipements mécaniques et généraux (3ème poste ; 12% total ; +8% en 2022) et des produits chimiques, parfums et cosmétiques (4ème ; 7% du total ; +27% en 2022) expliquent aussi la hausse des importations françaises depuis le Canada en 2022. A contrario, les importations de produits énergétiques, 2ème poste d’importation français depuis le Canada (20%), sont en recul en 2022 (-19%), nonobstant les tensions provoquées par l’invasion de l’Ukraine. Malgré cette hausse, Statistique Canada indique que la France perd 4 places au classement des clients du Canada (12ème en 2021 vs 8ème en 2021). De son côté, le Canada perd 8 places et se classe 36ème fournisseur (28ème en 2021) pour les importations françaises.
L’entrée en vigueur provisoire de l’Accord économique et commercial global (AECG/CETA) le 21 septembre 2017 contribue à l’amélioration du commerce franco-canadien. Entre 2016, dernière année avant l’entrée en vigueur du CETA, et 2022, le commerce de biens entre la France et le Canada est passé de 5,9 Md€ à 8,3 Md€ (+41% vs +68% pour l’UE27), principalement porté par la hausse des exportations françaises vers le Canada. Celles-ci sont passées de 3 Md € à 4,3 Md€ entre 2016 et 2022 (+43 % vs +42% pour l’UE27), une augmentation notamment due à l’agroalimentaire (+57%), les produits chimiques et cosmétiques (+74%) et les textiles et chaussures (multipliées par 2), qui sont aussi les catégories ayant bénéficié le plus des baisses de droits de douane (10% à 25% pour les produits agroalimentaires, 6,5% pour les produits chimiques, 16 à 18% sur les textiles et chaussures). Les importations françaises sur la même période ont enregistré une croissance légèrement plus faible (+39% vs +67% pour l’UE27), portées par les hydrocarbures et produits de l’extraction (+40% ; 20% du total vs 11% en 2016). A l’équilibre en 2017, le solde commercial est depuis resté positif chaque année depuis l’entrée en vigueur du CETA (à l’exception de 2021). A noter que, le taux français d’utilisation du CETA à l’export a marqué un coup d’arrêt en 2022 (63%) après une hausse sur la période 2019-2021 (52% en 2019 ; 65% en 2021). Le recours français au CETA à l’export reste cependant supérieur à la moyenne européenne (60%) et supérieur à celui pour les exportations canadiennes vers la France (62% ; vs 70% en 2021).
Depuis l’entrée en vigueur du CETA, la part de marché de la France dans les exportations est restée stable tandis qu’elle a légèrement diminué pour les importations. Selon Eurostat, la part de marché de la France dans les exportations au Canada a atteint 8,6% en 2022 contre 9% en 2017, permettant à la France de se maintenir au 4ème rang européen derrière l’Allemagne (26,8%), l’Italie (13,5%), et les Pays-Bas (10,3%). Avec 11,6% des importations européennes en provenance du Canada (contre 15% en 2017), la France a glissé au 4ème rang des acheteurs européens en 2022, alors qu’elle était deuxième en 2017 derrière l’Allemagne (19,2%). Au total, la France se situe en 2022 au 5ème rang des partenaires commerciaux européens du Canada alors qu’elle était 2ème en 2017.
II/ Les investissements croisés restent dynamiques en 2022 après le rebond observé en 2021
Avec un flux d’IDE français vers le Canada de 1,1 Md€ en 2022 selon la Banque de France, le Canada est la 10ème destination des IDE français à l’étranger. En 2021, le Canada était la première destination des IDE français à l’étranger, essentiellement dû à l’acquisition de Bombardier par Alstom pour un montant de 5 Md€. Les principaux flux d’IDE français au Canada en 2022 concernent l’industrie manufacturière (764 M€), l’industrie agroalimentaire (595 M€) et la finance (387 M€). Selon Statcan, la France a été en 2022 le 7ème plus important pays pour les flux IDE à destination du Canada (3 Md CAD/2 Md€), soit deux places de moins qu’en 2021. Cette baisse dans le classement sur l’année 2022 est toutefois à relativiser, d’autant que les flux d’IDE français à destination du Canada sont positifs pour la deuxième année consécutive dans les comptages de la Banque de France et de Statcan.
Le stock français d’IDE au Canada est estimé en 2022 à 7 Md € en valeur comptable par la Banque de France et à 15,3 Md€ par Statcan mesurée en investisseur ultime (25ème destination pour la France, 10ème pays investisseur au Canada). L’Insee recense 1 087 filiales françaises (hors services non marchands et filiales bancaires) au Canada en 2020, employant 124 000 salariés pour un CA consolidé d’au moins 27 Md € contre 36,7 Md€ en 2019. Selon Statcan, 46% des filiales françaises sont situées au Québec, 37% en Ontario et 6% respectivement en Colombie-Britannique et en Alberta. D’après Montréal International, 345 filiales françaises sont établies dans le Grand Montréal, plaçant la France en 2ème position des filiales étrangères dans la ville, avec 16,8% du total. Les principales entreprises françaises au Canada sont, en nombre d’employés, Sodexo (9 000), Stellantis (9 000), Alstom (4 200), Lactalis (4 000) Michelin (3 500), Airbus (3 000), Sanofi (2 000), Thales (2 000) BNP Paribas (1 300), L’Oréal (1 300), Orano (500) et Danone (500). Plusieurs opérations industrielles majeures ont eu lieu ces dernières années, avec l’acquisition de Camso par Michelin, du programme C-Series de Bombardier par Airbus (rebaptisé A220), ou encore le rachat des activités ferroviaires de Bombardier par Alstom. La fusion de PSA avec FCA en 2021 a également permis à Stellantis de se faire un nom au Canada, où la société construit actuellement la 1ère usine de batteries pour véhicules électriques au Canada d’une valeur de 5 Md€. Saint Gobain a également été très actif ces dernières années, annonçant en 2023 acquérir Building Products of Canada, leader canadien des panneaux isolants pour 925 M€. Enfin, Sanofi avait rendu public en mars 2021 un investissement de 925 M CAD (625 M€) afin de bâtir une usine de production de vaccins à Toronto.
Selon Statcan, la France était en 2022 la 6ème destination des IDE canadiens, avec un flux de 1,4 Md CAD (900 M €) ; la Banque de France les évalue pour sa part à 980 M € en 2022, soit le 10ème investisseur en France. Les flux d’IDE canadiens en France en 2022 ont principalement concerné la finance (646 M€) et l’industrie manufacturière (218 M€). En 2021, la Banque de France évaluait le flux d’IDE canadiens en France à 3,2 Md€, ce qui plaçait le Canada au 5ème rang des pays investisseurs en France. Ce léger recul s’explique là encore par l’achat de Bombardier par Alstom en 2021 : la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a cédé ses parts dans Bombardier à Alstom en contrepartie d’une prise de contrôle de 17,5% du capital d’Alstom pour 2,6 Md €. Business France relève pour sa part que le Canada a été le 8ème pays le plus actif en France en matière de projets d’investissement en 2022 : 54 projets recensés pour 1 523 emplois créés, soit 3% du total des projets étrangers de l’année, un niveau stable par rapport à 2021. Le projet d’investissement d’EDF et son partenaire canadien Maple Power (consortium regroupant l’énergéticien Enbridge et le fonds de pension CPPIB) dans la construction de plusieurs parcs éoliens offshore – dont celui de Saint Nazaire inauguré fin 2022 - pour un total de 7 Md€ compte parmi les projets canadiens les plus importants. Dans la tech, le fonds de pension OTPP et Portage Venture ont investi 183 M € dans la start-up d’assurance française Alan, spécialisée dans les services médicaux. Début 2023, Loop industries, une cleantech de recyclage de plastique, a choisi la France pour implanter une usine de fabrication de plastique et de polyester 100% recyclés.
Le stock d’IDE canadiens en France est évalué par la Banque de France à 14,9 Md € en 2022 (12e stock d’IDE étranger pour la France ; 10ème stock d’IDE pour le Canada). Statistique Canada recense 200 filiales canadiennes en France, employant 27 900 salariés pour un chiffre d’affaires de 6 Md € en 2020. Sur la période 2009-2020, le principal investisseur est le groupe de services informatiques CGI – également premier employeur canadien en France avec plus de 15 000 employés - avec 53 projets, suivi de Premier Tech (21 projets) et de Cascades (15 projets), Lallemand, Magna International, ONEX Corporation, Linamar Corporation, Laporte Experts Conseils, Boralex et Constellation Software complètent le top 10 des entreprises canadiennes qui investissent en France. Les régions les plus ciblées par ses investissements sont l’Île-de-France avec 24% des projets et l’Auvergne-Rhône-Alpes (20%). La Caisse des Dépôts et Placements du Québec (CDPQ), actionnaire majoritaire d’Alstom (17,5%) et actionnaire minoritaire de Keolis (30%), est pour sa part le 1er investisseur en matière d’actifs, avec pas moins de 15 Md€ d’actifs en France : son activité témoigne de l’intérêt grandissant des fonds de pension canadiens pour la France, au même titre que CPPIB ou OTPP.
Annexe I : Tableau récapitulatif des relations économiques bilatérales entre la France et le Canada
Tableau récapitulatif des relations économiques bilatérales entre la France et le Canada |
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FRANCE |
CANADA |
Echanges commerciaux (Statistique Canada, 2023[1] & Douanes françaises, 2023)[2] |
14ème partenaire du Canada (-5 par rapport à 2021) |
29ème partenaire de la France (+1 par rapport à 2021) |
12ème client des exportations canadiennes (-4 par rapport à 2021) |
36ème fournisseur de la France (-8 par rapport à 2021) |
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12ème fournisseur du Canada (-3 par rapport à 2021) |
27ème client des exportations françaises (+1 par rapport à 2021) |
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Le total des échanges commerciaux de biens France-Canada se chiffre à 8,3 Md € (2022), contre 7,5 Md € en 2021, soit un nouveau record. |
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Le total des échanges commerciaux de services France-Canada a atteint 7,7 Md€ en 2022, contre 5,3 Md€ en 2021, établissant un nouveau record. |
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Balance commerciale (Douanes françaises, 2022)[3] |
Retour d’un excédent commercial sur la balance des biens en 2022 de 296 M € contre un déficit commercial de 300 M en 2021.
Retour d’un excédent commercial sur la balance des services en 2022 de 365 M€ après 5 années consécutives de déficit (environ 500 M€ en moyenne par an de déficit sur la période). |
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Exportations et importations (Douanes françaises, 2021)[4] |
Les exportations françaises ont atteint 4,3 Md € en 2022, soit une progression de 20% par rapport à 2021. Les importations françaises depuis le Canada ont atteint 4 Md € en 2022, soit une légère hausse par rapport à 2021 (+3%).
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Investissements croisés général (Banque de France ; Statistique Canda 2021) |
25ème pays le plus important en stock d’IDE pour la France en 2022 ; 17ème en 2021.
2e investisseur au Québec |
12ème investisseur étranger en France en 2022 ; inchangé par rapport à 2021 |
Investissements entreprises (INSEE, 2022 ; base privée ORBIS 2023 ; Statistique Canada, 2023) [5] [6] |
1 087 filiales au Canada 124 000 salariés Plus de 31,6 Md € de CA
Chiffres pour 2020, derniers disponibles |
Environ 200 filiales en France (chiffre de 2020) 19 900 emplois (chiffre de 2020) 6,2 Md € de CA à (chiffre de 2019, derniers disponibles)
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Flux d’IDE (Banque de France, InvestCanada & Statistique Canada 2023)[7] [8] |
Le flux d’IDE français au Canada s’élève à 1,1 Md € en 2022. Le Canada est au 10ème rang des pays de destination de nos IDE en 2022.
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Le flux des IDE canadiens en France s’élève à 980 M € en 2022. La France est au 10eme rang des pays de destination des IDE canadiens en 2022.
Le stock d’IDE canadien en France s’élève à 14,9 Md€, soit le 12ème pays le plus important en stock d’IDE étranger en France. |
Principaux investisseurs |
Thales, Alstom Transport SA, Sanofi-Aventis, Michelin, Airbus, BNP Paribas, Société Générale, Ubisoft, Société pour l’Informatique Industrielle, Total Energies SE, Expleo France, Alten, Bel, Danone, Saint Gobain |
CGI Group, Premier Tech, Lallemand, Magna international, Boralex, CDPQ, BlackBerry, Desjardins, Loop Industries McCain, Linamar, SNC Lavalin |
Annexe II : Données de commerce de biens et services entre la France et la Canada (source : Douanes françaises, 2023[1])
Tableau 1. Exportations de la France à destination du Canada
Tableau 2. Importations de la France depuis le Canada
Annexe III : Données sur les flux et stocks d’IDE français à destination du Canada et les flux d’IDE canadiens à destination de la France entre 2016 et 2022 (source : Banque de France, 2023)
[1] L'application Web sur le commerce international de marchandises du Canada - Importations (statcan.gc.ca)
[2] Le Chiffre du commerce extérieur - Données pays ou produits Brutes [A129 - Pays] (finances.gouv.fr)
[3] Le Chiffre du commerce extérieur - Données pays ou produits Brutes [A129 - Pays] (finances.gouv.fr)
[4] Le Chiffre du commerce extérieur - Données pays ou produits Brutes [A129 - Pays] (finances.gouv.fr)