CANADA
Synthèse de la relation économique bilatérale
La fiche "Synthèse de la relation économique bilatérale France-Canada" est mise à jour chaque semestre. La prochaine mise à jour est prévue début 2025
I/ Le commerce cumulé de biens et services entre la France et le Canada a atteint un nouveau record en 2023, porté par celui des services
Le commerce bilatéral de biens et de services a atteint 17,4 Md € en 2023, soit un nouveau record qui témoigne de deux dynamiques : une augmentation des échanges bilatéraux de services (+3,4% sur un an) et une stagnation pour les biens (-0,6%). S’agissant des biens, ce résultat met fin à la dynamique positive observée depuis 2021, lorsque les échanges avaient successivement progressé de 19,5% entre 2020 et 2021 et de 12,8% entre 2021 et 2022. Il faut remonter à 2016, l’année qui a précédé l’entrée en vigueur provisoire de l’AECG/CETA, pour constater une pareille stagnation. La dynamique de baisse des exportations (-2,7%) et de hausse des importations (+1,6%) a entrainé un solde commercial quasiment à l’équilibre : la France a enregistré un excédent de 4 M€ à l’égard du Canada en 2023, contre 188 M€ en 2022. La France présente des excédents dans les grands secteurs exportateurs (agroalimentaire, habillement, équipements mécaniques et informatiques) mais reste pénalisée par la « facture énergétique » : le déficit sur les hydrocarbures équivaut à 45% du total du déficit commercial de la France vis-à-vis du Canada ; hors hydrocarbures, la France aurait eu un excédent bilatéral de 841 M €. En matière de services, les échanges France-Canada ont battu pour la deuxième année d’affilée un record en 2023 (9 Md€ ; +3,4% par rapport à 2022), permettant à la France de dégager un excédent de 0,2 Md€, après une année 2022 déjà marquée par un excédent record de 0,5 Md€. Les échanges de biens et de services s’établissent au total à 17,4 Md € en 2023, en augmentation de 1,5%. Il s’agit d’un nouveau record par rapport à 2022 (17,1 Md€).
Les exportations (-2,7% par rapport à 2022) et les importations (+1,6%) de biens ont connu une évolution de sens contraire en 2023. Selon les Douanes françaises, les exportations de biens ont atteint 4,2 Md € en 2023, en baisse de 2,7% par rapport à 2022, après avoir progressé de 20% entre 2021 et 2022. Le recul des exportations françaises au Canada est à relativiser : après un premier semestre encore dynamique, le tassement s’est concentré au second semestre, du fait du ralentissement de la demande intérieure canadienne pour des biens de consommation. Les équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques (872 M€), les produits agroalimentaires (866 M€) et le matériel de transport (493 M€) sont les postes les plus importants à l’export, bien que le textile et l’habillement ait également connu une forte accélération en 2023 (+24%), à 383 M€, avec une présence de plus en plus marquée en Colombie-Britannique : la province représente un quart des exportations françaises de produits de la mode à destination du Canada en 2023, contre 20% en 2022. Les importations depuis le Canada ont quant à elles progressé pour la cinquième année consécutive (+1,6%), à 4,2 Md €. S’il s’agit d’un nouveau record, le rythme de progression des importations est le plus faible observé depuis la réouverture post-COVID. Les importations de matériels de transport (1,3 Md€) et d’hydrocarbures et minerais (841 M€) représentent plus de la moitié (53,2%) de nos importations depuis le Canada. Les équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques (600 M€) et les produits pharmaceutiques (359 M€) suivent. Avec ces résultats, la France se hisse en 2023 à la 13ème place du classement des partenaires du Canada (+1 place sur un an), tandis que le Canada est le 30ème partenaire de la France, soit une place de moins qu’en 2022.
L’entrée en vigueur provisoire de l’Accord économique et commercial global (AECG/CETA) le 21 septembre 2017 contribue à l’amélioration du commerce franco-canadien. Alors que la Commission européenne estimait avant l’entrée en vigueur que le CETA devrait, à terme, accroître de 25% les échanges commerciaux UE-Canada, ceux-ci ont augmenté de 51% entre 2017 et 2023 : les exportations européennes ont crû de 51%, de 32 Md€ à 49 Md€, les importations de 52%, de 18 Md€ à 28 Md€, conduisant à un excédent européen en augmentation de 49,5%, de 14 à 21 Md€. Le commerce France-Canada s’inscrit dans cette dynamique, quoique de manière moins prononcée qu’au niveau européen: entre 2017 et 2023, le commerce de biens entre la France et le Canada a augmenté de 2,1 Md€, passant de 6,3 Md€ à 8,4 Md€, soit une croissance de +34%, supérieure à celle du commerce extérieur français sur la même période (+30,3%) : cette hausse apparaît équilibrée, les exportations françaises ayant augmenté de 1 Md€, passant de 3,2 Md€ à 4,2 Md€ (+33%) et les importations en provenance du Canada de 1,1 Md€, passant de 3,1 Md€ à 4,2 Md€ (+35%). Le recours français aux préférences tarifaires offertes par le CETA à l’export a toutefois cessé de progresser, s’érodant même depuis deux ans (61,4% en 2023 contre 65% en 2021), ce qui situe la France pour la première fois à un niveau légèrement inférieur à la moyenne européenne (61,8%).
Depuis l’entrée en vigueur provisoire du CETA, la part relative de la France dans les exportations canadiennes est restée stable, tandis qu’elle a légèrement diminué pour les importations. Selon Eurostat, la France a conservé en 2023 son rang de 5ème partenaire européen du Canada (4ème à l’import, 6ème à l’export), derrière l’Allemagne (17,5 Md€), les Pays-Bas (10 Md€), l’Italie (8,2 Md€) et la Belgique (8,1 Md€), mais devant l’Espagne (4,8 Md€) et l’Irlande (4,8 Md€). Entre 2017 et 2023, la France a perdu trois places au classement des partenaires commerciaux européens du Canada au profit des Pays-Bas, de l’Italie et de la Belgique. La France représente ainsi 10% (10% des exportations ; 13% des importations) du commerce bilatéral UE27-Canada en 2023, contre 11,7% (10% des exportations ; 15% des importations) en 2017.
II/ Les investissements croisés poursuivent une dynamique favorable en 2023
Avec un flux d’IDE français vers le Canada de 5,4 Md€ en valeur comptable en 2023 selon la Banque de France, le Canada est la 7ème destination des IDE français à l’étranger. Les principaux flux d’IDE français au Canada en 2023 concernent les industries extractives (4,6 Md€, soit 85% des IDE français vers le Canada en 2023), l’industrie manufacturière (324 M€) et la finance (306 M€)[1].
Le stock français d’IDE au Canada est estimé en 2023 à 15,6 Md € en valeur comptable par la Banque de France et à 14,9 Md CAD (10 Md€) par Statcan mesurée en investisseur ultime (le Canada est la 15ème destination en stock d’IDE français). L’Insee recense pour sa part 1 149 filiales françaises (hors services non-marchands et filiales bancaires) au Canada en 2021, employant 127 024 salariés pour un CA consolidé d’au moins 38,9 Md €, soit 8% de plus que son niveau de 2019. La moitié des filiales françaises au Canada relève des services, tandis qu’un quart relève de l’industrie manufacturière. Selon Statistique Canada, 46% des filiales françaises sont situées au Québec, 37% en Ontario et 6% respectivement en Colombie-Britannique et en Alberta. Les principales entreprises françaises au Canada sont, en nombre d’employés, Stellantis (9 000), Sodexo (6 500) Alstom (4 200), Lactalis (4 000), Airbus (4 000) Michelin (3 500), Sanofi (2 000), Thales (2 000) BNP Paribas (1 300), L’Oréal (1 300), Veolia (800), Orano (500) et Danone (500). Plusieurs opérations industrielles majeures ont eu lieu ces dernières années, avec l’acquisition de Camso par Michelin, du programme C-Series de Bombardier par Airbus (rebaptisé A220), ou encore le rachat des activités ferroviaires de Bombardier par Alstom. La fusion de PSA avec FCA en 2021 a également permis à Stellantis de se faire un nom au Canada, où la société construit actuellement la 1ère usine de batteries pour véhicules électriques au Canada d’une valeur de 5 Md€. Saint Gobain a annoncé en 2023 acquérir Building Products of Canada, leader canadien des panneaux isolants pour 925 M€. Enfin, Sanofi a annoncé en mars 2021 un programme d’investissements de 925 M CAD (625 M€) afin de bâtir une usine de production de vaccins sur son site historique au nord de Toronto.
La Banque de France évalue les flux d’IDE canadiens en direction de la France à 391 M €, ce qui fait du Canada le 8ème investisseur en France. Ils avaient atteint un pic en 2021 en raison en particulier de l’achat de Bombardier par Alstom : à cette occasion, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) avait cédé ses parts dans Bombardier à Alstom en contrepartie d’une prise de contrôle de 17,5% du capital d’Alstom, pour un montant de 2,6 Md €. Les flux d’IDE canadiens en France en 2023 ont principalement concerné les services (90 M€) et l’industrie automobile et de matériels de transport (17 M€). Business France relève pour sa part que le Canada est resté en 2023 le 8ème pays le plus actif en France en matière de projets d’investissement, devant le Danemark mais derrière l’Espagne : au total, 52 projets ont été recensés (2 de moins qu’en 2022) pour 1 592 emplois créés (+4,5% sur un an), soit 3% du total des projets étrangers de l’année, un pourcentage stable sur les trois dernières années. Le projet d’investissement d’EDF et son partenaire canadien Maple Power (consortium regroupant l’énergéticien Enbridge et le fonds de pension CPPIB) dans la construction de plusieurs parcs éoliens offshore – dont celui de Saint Nazaire inauguré fin 2022 - pour un total de 7 Md€ compte parmi les projets canadiens les plus importants. Dans la tech, le fonds de pension OTPP et Portage Venture ont investi 183 M € dans la start-up d’assurance française Alan, spécialisée dans les services médicaux. Début 2023, Loop industries, une cleantech de recyclage de plastique, a choisi la France pour implanter une usine de fabrication de plastique et de polyester 100% recyclés. Enfin, à l’occasion de Choose France 2024, l’entreprise McCain a officialisé un investissement de 350 M€.
Le stock d’IDE canadiens en France est évalué par la Banque de France à 8,5 Md € en 2023 (11ème stock d’IDE étranger pour la France). Statistique Canada recense 200 filiales canadiennes en France, employant 27 900 salariés, pour un chiffre d’affaires de 6 Md € en 2020. Sur la période 2009-2020, le principal investisseur est le groupe de services informatiques CGI – également premier employeur canadien en France avec plus de 15 000 employés - avec 53 projets, suivi de Premier Tech (21 projets) et Cascades (15 projets) ; Lallemand, Magna International, ONEX Corporation, Linamar Corporation, Laporte Experts Conseils, Boralex et Constellation Software complètent le top 10 des entreprises canadiennes qui investissent en France. Les régions les plus ciblées par ses investissements sont l’Île-de-France, avec 24% des projets, et l’Auvergne-Rhône-Alpes (20%). La Caisse des Dépôts et Placements du Québec (CDPQ), actionnaire majoritaire d’Alstom (17,5%) et actionnaire minoritaire de Keolis (30%), est pour sa part le 1er investisseur en matière d’actifs, avec pas moins de 15 Md€ d’actifs en France : son activité témoigne de l’intérêt grandissant des fonds de pension canadiens pour la France, au même titre que CPPIB ou OTPP.
[1] Les données de Statistique Canada et de la Banque de France diffèrent toutefois fortement pour 2023, en raison notamment d’une expression des données en valeur comptable pour la Banque de France et en investisseur ultime pour Statistique Canada.
Annexe I : Données de commerce de biens et services entre la France et la Canada (source : Douanes françaises, 2024[1])
Tableau 1. Exportations, importations et solde commercial par industrie
Fig. 1 Evolution du commerce de biens entre la France et le Canada entre 2015 et 2023
Fig. 2 Evolution du commerce de services entre la France et le Canada entre 2015 et 2023
Annexe II : Données sur les flux et stocks d'IDE français à destination du Canada et les flux d'IDE canadiens à destination de la France entre 2016 et 2023 (source : Banque de France, 2023)
Notes de bas de page:
[1] L'application Web sur le commerce international de marchandises du Canada - Importations
[3] En 2020, 12 % des emplois français du secteur marchand sont sous contrôle étranger - Insee Focus - 281