CANADA
Synthèse de la relation économique bilatérale
La fiche "Synthèse de la relation économique bilatérale France-Canada" est mise à jour chaque semestre. La prochaine mise à jour est prévue à l'été 2025
I/ Des exportations françaises de biens qui se maintiennent et un excédent commercial au plus haut depuis le COVID
Le commerce France-Canada a atteint 8,1 Md€ en 2024, en baisse de 3,3% par rapport à l’an passé. Cette baisse des échanges bilatéraux est due à une diminution de 6,8% des importations françaises (3,9 Md€). Les exportations ont quant à elles atteint un niveau similaire à celui de 2023 (4,2 Md€), portées par la bonne performance de l’industrie agroalimentaire. Cette baisse des importations a ainsi permis à la France d’afficher son plus haut excédent commercial depuis la pandémie (258 M€), après une année 2023 en léger déficit (-44 M€). En 2024, la France se hisse à la 10ème place des partenaires commerciaux du Canada, tandis que le Canada se maintient comme 28ème partenaire commercial de la France.
Des exportations françaises vers le Canada stables en 2024, malgré le dynamisme de l'agroalimentaire
Les exportations françaises à destination du Canada sont restées stables en 2024 (+0,3%). Selon les données des Douanes françaises[i], les exportations de biens vers le Canada se sont maintenues en 2024 au même niveau qu’en 2023 à 4,2 Md€, après une baisse de 3% entre 2023 et 2022. Elles demeurent néanmoins supérieures de 33% à leur niveau de 2017 et de 11% supérieur à leur niveau prépandémique. Cette stabilité constitue par ailleurs un meilleur résultat que les exportations françaises dans le reste du monde, qui ont baissé de 2% en un an.
Les produits agroalimentaires deviennent le premier poste à l’export, dépassant le secteur des équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques. Alors que ces deux secteurs se disputent les première et deuxième place des secteurs d’exportations chaque année, les produits agroalimentaires se positionnent en tête en 2024, avec un total de 899 M€ (22% du total ; +4% par rapport à l’an passé). Les boissons, portées par les vins et les spiritueux, restent le principal poste d’exportation (68% de l’ensemble des exportations de produits agroalimentaires ; +2% en un an), suivies par les produits laitiers (7% du total ; +5% en un an). Le montant des exportations d’équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques s’élève à 874 M€ (21% du total ; +1% par rapport à 2023). Le matériel de transport (12% du total) suit en troisième position avec 488 M€ d’exportations en 2024, en hausse de 2% par rapport à 2023. Il s’agit à 78% de produits du secteur de la construction aéronautique et spatiale. L’industrie du textile et de l’habillement, après une très belle performance en 2023, enregistre une diminution de 12% pour un montant total de 323 M€ (8% des exportations françaises vers le Canada).
Le Canada passe de la 29ème à la 27ème place au classement des débouchés des exportations françaises. Malgré la quasi-stabilité des exportations françaises vers le Canada, ce dernier gagne deux places dans le classement des clients de la France, en raison d’une diminution des exportations françaises vers le Danemark et le Brésil. Le Canada se place ainsi devant la Grèce (4,1 Md€) et le Danemark (4,1 Md€), mais derrière la Hongrie (4,4 Md€) et l’Algérie (4,8 Md€). Au total, le Canada représente 0,7% des exportations françaises, un niveau relativement stable depuis 2018. Selon Statistique Canada, le Québec reste la première destination des exportations françaises au Canada (47% ; + 2 pts par rapport à 2023). Cette augmentation s’explique notamment par une forte augmentation des exportations françaises dans le secteur de l’aérospatial vers la Belle-Province (+75% ; 616 M CAD en 2023 contre 1,1 Md CAD en 2024). L’Ontario arrive en deuxième position avec 35% des exportations françaises, en baisse par rapport à 2023, rompant avec la tendance haussière observée depuis la reprise postpandémique. La Colombie-Britannique occupe la troisième place du classement avec 7% des exportations françaises à destination du Canada. Bien que Terre-Neuve-et-Labrador ne représente qu’1% des exportations françaises à destination du Canada, les exportations françaises vers cette province ont fortement augmenté en 2024, en particulier pour les produits chimiques, industriels, en plastique et en caoutchouc (81 000 CAD en 2023 à 27 M CAD en 2024).
Les importations en provenance du Canada sont en baisse, quoique supérieures de 25% à leur niveau de 2017
Les importations en provenance du Canada ont diminué de 6,8% en 2024. Selon les Douanes françaises, les importations françaises en provenance du Canada se sont établies à 3,9 Md €, rompant avec la tendance haussière observée depuis 2018. Cette baisse des exportations canadiennes vers la France est à contre-courant de l’orientation générale des exportations canadiennes, qui poursuivent une tendance légèrement haussière en 2024 selon Statistique Canada (+1%).
Les industries extractives et le matériel de transport ont compté, à eux seuls, pour 45% des importations françaises en provenance du Canada Premier poste d’importations françaises, le matériel de transport représente 24% du total, soit 940 M€. Les importations françaises dans ce secteur ont cependant diminué de 26% sur la dernière année, en raison du niveau particulièrement haut atteint en 2023 du fait de la livraison notable de six A220-300 à Air France. Les importations des hydrocarbures et autres industries extractives s’établissent à 838 M€ en 2024 (21% du total ; -2% en un an). Suivent ensuite les importations d’équipements mécaniques, électriques et informatiques (617 M€ ; 16% du total ; + 3% en un an), les produits pharmaceutiques (408 M€ ; 10% du total ; +14% en un an) et les produits métallurgiques et métalliques (297 M€ ; 8% du total ; multiplication par 2,5 en un an). A noter le net recul des importations de produits pétroliers raffinés et coke (-26% entre 2023 et 2024) après un doublement entre 2023 et 2022, des produits chimiques, parfums et cosmétiques (237 M€ ; 6% du total ; -23% en un an) et des produits des industries agroalimentaires (147 M ; 4% du total ; -21% en un an, après une diminution de 14% entre 2023 et 2022).
Le Canada est à la 33ème place au classement des fournisseurs de la France. D’après les Douanes françaises, le Canada, avec 3,9 Md€ d’exportations vers la France, est descendu au 33ème rang des fournisseurs de la France en 2024, derrière la Russie (4,1 Md€), le Bangladesh (4 Md€) et l’Arabie Saoudite (4 Md€) mais devant le Brésil (3,9 Md€) et le Danemark (3,6 Md€). Selon Statistique Canada, le Québec reste la première province canadienne exportatrice vers la France, avec 45% du total, un niveau très légèrement inférieur à 2023 (50%). L’Ontario suit avec 25% des exportations canadiennes vers la France, en constante augmentation depuis 2021 où la province n’était l’origine que de 19% des importations françaises en provenance du Canada. Le gain en parts de marché s’est notamment fait au détriment de l’Alberta, qui représentait 8% des exportations canadiennes vers la France en 2020, contre seulement 4% en 2024. Terre-Neuve-et-Labrador arrive en 2024 en 3ème position des provinces exportatrices vers la France (8% du total des exportations canadiennes vers la France) en raison de la croissance des exportations de produits énergétiques (117 M CAD en 2023 vs 264 M en 2024 ; +127%). Terre-Neuve-et-Labrador représente 37% des importations françaises d’énergie en provenance du Canada, suivi par l’Ontario (30%) et la Saskatchewan (22%).
La France affiche son plus haut excédent commercial avec le Canada depuis la pandémie du COVID-19
Une baisse des importations et une légère augmentation des exportations améliorent le solde commercial Français. En 2024, les échanges bilatéraux de biens France-Canada ont diminué de 3,3% par rapport à 2023, s’établissant à 8,1 Md€ (8,4 Md€ en 2023). Cette tendance baissière s’observait déjà en 2023 (-1%), après une année particulièrement dynamique en 2022 (près de 8,5 Md€ d’échanges). Cependant, le commerce bilatéral France-Canada reste supérieur de 29% à son niveau précédant l’entrée en vigueur du CETA. La diminution plus marquée des importations a permis à la France de renouer avec un solde commercial positif de 258 M€ en 2024 : il s’agit du plus haut excédent commercial depuis la pandémie, et le troisième plus haut sur les dix dernières années, après 2019 (667 M€) et 2015 (478 M€). Sur les dix dernières années, la France a connu huit années d’excédent commercial et seulement deux déficits, en 2021 et 2023, sur la balance des biens.
Le solde commercial excédentaire vis-à-vis du Canada s’explique par la bonne performance de l’industrie agroalimentaire et de l’industrie des produits chimiques, parfums et cosmétiques. Avec un excédent de 752 M€ (+11% par rapport à 2023), l’industrie agroalimentaire demeure le secteur le plus porteur du commerce extérieur français avec le Canada. L’industrie textile et de l’habillement suit avec un excédent de 301 M€, quoiqu’en baisse de 15% après une année 2023 particulièrement dynamique. La France a également dégagé un excédent commercial important dans le secteur des équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique (257 M€) et pour les produits chimiques, parfums et cosmétiques (248 M€ ; +63% en un an en raison d’une baisse des importations dans le secteur). A l’inverse, comme à l’accoutumée, la France est déficitaire dans le secteur des hydrocarbures et produits des industries extractives (- 832 M€) ainsi que dans le secteur du matériel de transport (-452 M€), malgré une résorption notable de 42% du déficit par rapport à 2023 en raison d’une diminution des importations françaises. Le déficit des hydrocarbures équivaut à 53% du déficit commercial français vis-à-vis du Canada, en hausse de 6 points sur un an.
La France grimpe à la 10ème place du classement des partenaires du Canada et conserve sa 3ème place au classement des partenaires européens du Canada selon Statistique Canada. Selon les données de Statistique Canada, la France a gagné 3 places au classement des pays partenaires du Canada, dépassant l’Inde et la Suisse pour se hisser à la 10ème place des partenaires commerciaux et a maintenu sa 3ème place parmi les pays européens, derrière l’Allemagne et l’Italie, mais devant la Belgique et l’Espagne. Selon les données des Douanes françaises, le Canada s’est maintenu comme 28ème partenaire commercial de la France en 2024, avec des échanges bilatéraux estimés à 8,1 Md€, derrière les Emirats arabes Unis (8,5 Md€) mais devant le Brésil (8 Md€).
II/ Les investissements croisés poursuivent une dynamique favorable en 2023
Avec un flux d’IDE français vers le Canada de 5,4 Md€ en valeur comptable en 2023 selon la Banque de France, le Canada est la 7ème destination des IDE français à l’étranger. Les principaux flux d’IDE français au Canada en 2023 concernent les industries extractives (4,6 Md€, soit 85% des IDE français vers le Canada en 2023), l’industrie manufacturière (324 M€) et la finance (306 M€)[1].
Le stock français d’IDE au Canada est estimé en 2023 à 15,6 Md € en valeur comptable par la Banque de France et à 14,9 Md CAD (10 Md€) par Statcan mesurée en investisseur ultime (le Canada est la 15ème destination en stock d’IDE français). L’Insee recense pour sa part 1 149 filiales françaises (hors services non-marchands et filiales bancaires) au Canada en 2021, employant 127 024 salariés pour un CA consolidé d’au moins 38,9 Md €, soit 8% de plus que son niveau de 2019. La moitié des filiales françaises au Canada relève des services, tandis qu’un quart relève de l’industrie manufacturière. Selon Statistique Canada, 46% des filiales françaises sont situées au Québec, 37% en Ontario et 6% respectivement en Colombie-Britannique et en Alberta. Les principales entreprises françaises au Canada sont, en nombre d’employés, Stellantis (9 000), Sodexo (6 500) Alstom (4 200), Lactalis (4 000), Airbus (4 000) Michelin (3 500), Sanofi (2 000), Thales (2 000) BNP Paribas (1 300), L’Oréal (1 300), Veolia (800), Orano (500) et Danone (500). Plusieurs opérations industrielles majeures ont eu lieu ces dernières années, avec l’acquisition de Camso par Michelin, du programme C-Series de Bombardier par Airbus (rebaptisé A220), ou encore le rachat des activités ferroviaires de Bombardier par Alstom. La fusion de PSA avec FCA en 2021 a également permis à Stellantis de se faire un nom au Canada, où la société construit actuellement la 1ère usine de batteries pour véhicules électriques au Canada d’une valeur de 5 Md€. Saint Gobain a annoncé en 2023 acquérir Building Products of Canada, leader canadien des panneaux isolants pour 925 M€. Enfin, Sanofi a annoncé en mars 2021 un programme d’investissements de 925 M CAD (625 M€) afin de bâtir une usine de production de vaccins sur son site historique au nord de Toronto.
La Banque de France évalue les flux d’IDE canadiens en direction de la France à 391 M €, ce qui fait du Canada le 8ème investisseur en France. Ils avaient atteint un pic en 2021 en raison en particulier de l’achat de Bombardier par Alstom : à cette occasion, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) avait cédé ses parts dans Bombardier à Alstom en contrepartie d’une prise de contrôle de 17,5% du capital d’Alstom, pour un montant de 2,6 Md €. Les flux d’IDE canadiens en France en 2023 ont principalement concerné les services (90 M€) et l’industrie automobile et de matériels de transport (17 M€). Business France relève pour sa part que le Canada est resté en 2023 le 8ème pays le plus actif en France en matière de projets d’investissement, devant le Danemark mais derrière l’Espagne : au total, 52 projets ont été recensés (2 de moins qu’en 2022) pour 1 592 emplois créés (+4,5% sur un an), soit 3% du total des projets étrangers de l’année, un pourcentage stable sur les trois dernières années. Le projet d’investissement d’EDF et son partenaire canadien Maple Power (consortium regroupant l’énergéticien Enbridge et le fonds de pension CPPIB) dans la construction de plusieurs parcs éoliens offshore – dont celui de Saint Nazaire inauguré fin 2022 - pour un total de 7 Md€ compte parmi les projets canadiens les plus importants. Dans la tech, le fonds de pension OTPP et Portage Venture ont investi 183 M € dans la start-up d’assurance française Alan, spécialisée dans les services médicaux. Début 2023, Loop industries, une cleantech de recyclage de plastique, a choisi la France pour implanter une usine de fabrication de plastique et de polyester 100% recyclés. Enfin, à l’occasion de Choose France 2024, l’entreprise McCain a officialisé un investissement de 350 M€.
Le stock d’IDE canadiens en France est évalué par la Banque de France à 8,5 Md € en 2023 (11ème stock d’IDE étranger pour la France). Statistique Canada recense 200 filiales canadiennes en France, employant 27 900 salariés, pour un chiffre d’affaires de 6 Md € en 2020. Sur la période 2009-2020, le principal investisseur est le groupe de services informatiques CGI – également premier employeur canadien en France avec plus de 15 000 employés - avec 53 projets, suivi de Premier Tech (21 projets) et Cascades (15 projets) ; Lallemand, Magna International, ONEX Corporation, Linamar Corporation, Laporte Experts Conseils, Boralex et Constellation Software complètent le top 10 des entreprises canadiennes qui investissent en France. Les régions les plus ciblées par ses investissements sont l’Île-de-France, avec 24% des projets, et l’Auvergne-Rhône-Alpes (20%). La Caisse des Dépôts et Placements du Québec (CDPQ), actionnaire majoritaire d’Alstom (17,5%) et actionnaire minoritaire de Keolis (30%), est pour sa part le 1er investisseur en matière d’actifs, avec pas moins de 15 Md€ d’actifs en France : son activité témoigne de l’intérêt grandissant des fonds de pension canadiens pour la France, au même titre que CPPIB ou OTPP.
[1] Les données de Statistique Canada et de la Banque de France diffèrent toutefois fortement pour 2023, en raison notamment d’une expression des données en valeur comptable pour la Banque de France et en investisseur ultime pour Statistique Canada.
Annexe I : Données de commerce de biens entre la France et la Canada (source : Douanes françaises, 2025[1])
Tableau 1. Exportations, importations et solde commercial par industrie
Fig. 1 Evolution du commerce de biens entre la France et le Canada entre 2015 et 2024
Annexe II : Données sur les flux et stocks d'IDE français à destination du Canada et les flux d'IDE canadiens à destination de la France entre 2016 et 2023 (source : Banque de France, 2023)
Notes de bas de page:
[1] L'application Web sur le commerce international de marchandises du Canada - Importations
[3] En 2020, 12 % des emplois français du secteur marchand sont sous contrôle étranger - Insee Focus - 281
[5] En 2021, les firmes multinationales françaises réalisent la moitié de leur chiffre d'affaires à l'étranger - Insee Focus - 311 & En 2021, 2,2 millions de personnes travaillent dans une entreprise sous contrôle étranger
[i] Les données utilisées pour produire cette note sont celles des douanes françaises de février 2025. Cependant, pour le détail du commerce avec les différentes provinces canadiennes, les données utilisées sont les données publiées par Statistique Canada, en base douanière. Pour les comparaisons entre pays européens et la place de la France dans les pays partenaires du Canada, les données proviennent également de Statistique Canada. Ces dernières diffèrent quelques fois des données Eurostat de la Commission européenne, qui, au moment où cette note a été rédigée, n’étaient pas encore publiées pour l’année 2024.