Relations économiques bilatérales

En 2022, notre commerce avec les EAU continue de croître après le recul de l’année pandémique. Notre excédent, le 4ème au monde (à 2,3 Md EUR en 2022) restera élevé en 2023 bien qu’en baisse, étant donnée la forte inflation des postes d’importation liés aux hydrocarbures (bruts et raffinés). Les entreprises françaises sont par ailleurs durablement implantées dans l’ensemble des secteurs stratégiques de l’économie émirienne. Les flux d’investissement des EAU sont peu orientés vers la France, mais se renforcent, grâce notamment au partenariat très actif entre Bpifrance et le fonds souverain d’Abu Dhabi, Mubadala et aux accords signés à l’occasion de la visite présidentielle de fin 2021.

 

1.     Après un recul en 2020 à cause de la crise, nos échanges sont en forte croissance et notre excédent, le 4ème au monde, devrait rester élevé en 2023  

Les EAU sont le 1er client de la France au Proche et Moyen-Orient (33 % des exportations françaises dans la région en 2022) et son 3ème fournisseur (12 % des importations françaises)[1], derrière l’Arabie saoudite et le Qatar (39 % et 20 % des importations françaises respectivement). Les échanges bilatéraux (exportations et importations) s’établissaient à 6,9Md EUR en 2022, après 5,6 Md EUR en 2021 et 3,9 Md EUR en 2020[2].

Le solde de notre balance commerciale bilatérale est structurellement excédentaire et les EAU constituent le 4ème excédent commercial de la France dans le monde depuis 2020 (2,3Md USD en 2022 contre 2,7Md en 2021 et 1,7Md EUR en 2019). La France importe relativement peu de produits émiriens, les EAU ne contribuant que faiblement à l’approvisionnement énergétique de la France. Nos importations ont toutefois progressé rapidement (+44 % entre 2014 et 2019) et ont réduit mécaniquement le niveau de notre excédent commercial (-43 % sur la même période, pour atteindre 1,7 Md EUR). Celui-ci a néanmoins fortement augmenté en 2020, soutenu par la chute de nos importations (-51 % en g.a.), puis en 2022, avec un niveau d’exportations record à 4,6Md EUR (+44 % par rapport à 2020). Cette reprise des exportations a été alimentée par la hausse des importations de parfums et produits pour la toilette (+44 % en g.a., à 636M EUR), suivis par l’augmentation des importations d’articles de voyages, de maroquinerie, de sellerie et de bourrellerie (+29 % en g.a, à 332M EUR).  

Pour l'année 2023, l'excédent commercial devrait rester important, bien qu'en baisse par rapport à 2021 et aux années 2013-16 en raison de la forte hausse des importations. Sur les douze derniers mois glissants (avril 2022 – mars 2023), l’excédent commercial est de 2,4 Md EUR. Si les exportations ont augmenté raisonnablement sur cette même période tout en atteignant un niveau record de 4,8 Md EUR (+4 % par rapport à l’année 2022 et +14 % par rapport à l’année 2021), les importations ont bondi à 2,5 Md EUR (+9 % par rapport à l’année 2022, mais 79 % par rapport au niveau de l’année 2021). Cette évolution reflète l’augmentation des importations pétrolières en volume et valeur, que ce soit au niveau des produits pétroliers raffinés et coke (+31 % entre avril 2022 et mars 2023, à 1,6Md EUR) ou au niveau des hydrocarbures naturels (à 547M EUR). Cette inflation des postes liés aux pétrole intervient dans un contexte particulier marqué par i) une hausse des prix des hydrocarbures (le baril de Brent à 100 USD en moyenne en 2022 contre 71 USD en 2021) et ii) une volonté française de diversifier ses importations de produits pétroliers. Hors pétrole, nos principales importations sont les métaux non ferreux dont l’aluminium (105 M EUR sur douze mois glissants). Du côté des exportations, toujours sur la période avril 2022 – mars 2023, notons la forte performance des exportations de parfums et cosmétiques (674 M EUR, +38 % en g.a.) et des cuir, bagages et chaussures (461 M EUR, +28 % en g.a.). Bien que toujours importants en termes de volumes exportés, les produits liés à la construction aéronautique et spatiale (509 M EUR, -53 % en g.a.) sont en baisse après l’année 2021 exceptionnelle.   

La part de marché de la France aux EAU s’érode depuis le début des années 2000, sous la pression des exportateurs asiatiques et chinois en particulier. Elle est passée de 7 % en 2000 à 2,2 % en 2021. Notre part de marché s’est améliorée entre 2016 et 2019 pour atteindre 2,7 % (plaçant la France parmi les 10 premiers fournisseurs de la Fédération), avant de régresser ces deux dernières années. La France est le 11ème fournisseur des EAU en 2021. La Chine, les Etats-Unis et l’Inde sont les premiers fournisseurs des EAU avec des parts de marché respectives de 18 %, de 7,61 % et 7,58 %. La part de marché française demeure moins élevée que celles de nos concurrents allemands, britanniques, et italiens qui obtiennent respectivement 4 % et 2,7 % et 2,6 %. Elle surpasse toutefois la Suisse (1,4 %) et l’Espagne (0,7 %).

 

 

2. Les entreprises françaises sont durablement implantées dans l’ensemble des secteurs stratégiques de l’économie émirienne

La France a construit une présence économique forte et diversifiée aux EAU. Les EAU accueillent le plus grand nombre d’implantations françaises au Moyen-Orient avec plus de 600 filiales employant plus de 30 000 collaborateurs. En 2022, 154 VIE étaient en mission dans le pays, leur nombre devrait revenir au niveau pré-pandémie d’environ 200 en 2023, après une baisse due aux contraintes sanitaires qui ont bloqué les nouvelles affectations jusqu’en juin 2021.

Plusieurs grands groupes et PME/ETI ont choisi d’implanter leur siège régional à Dubaï, notamment dans des zones franches. Les entreprises françaises sont actives dans l’ensemble des secteurs majeurs de l’économie régionale (aéronautique et spatial, civil et militaire, produits de luxe, énergie, développement durable, transports urbains, banques et assurances, hôtellerie, grande distribution, industrie, logistique). 

La France est l’un des principaux investisseurs étrangers aux EAU. Le stock d’IDE français aux EAU s’établissait à 5,8 Md EUR à la fin de l’année 2021[3], le premier de loin dans le Golfe selon les données de la Banque de France. Ce chiffre ne prend toutefois pas en compte certains investissements via des pays tiers : les concessions de Total détenues via les Pays-Bas représentent ainsi + 10 Md USD. Selon les EAU, la France serait le 4ème investisseur étranger dans le pays avec 4 % du stock en 2016[4], derrière le Royaume-Uni (16,2 %), l’Inde (5,4 %) et les États-Unis (4,2 %). La France est le 3ème investisseur étranger dans l’Émirat d’Abu Dhabi en 2016 (avec 7,7 % du stock d’IDE) et le 5ème investisseur dans l’Émirat de Dubaï en 2018.

Les entreprises françaises détiennent des positions dominantes dans plusieurs secteurs (énergie, eau, hôtellerie notamment). TotalEnergies, présent depuis 1939, est le 1er investisseur français avec de nombreuses prises de participation (pétrole, gaz, solaire). Après le renouvellement en 2015 de ses concessions terrestres, la compagnie a signé le 18 mars 2017 le renouvellement de ses concessions sous-marines. ENGIE produit près de 45 % de l’électricité du pays (centrales thermiques gaz). EDF participe (en partenariat avec Masdar) à la construction d’un des plus grands parcs solaires du monde à Dubaï et a remporté fin 2021 le contrat stratégique de raccordement des plateformes pétrolières d’ADNOC au réseau par câble sous-marin (projet Lightning). Veolia est implanté dans le traitement de l’eau, l’efficacité énergétique et la gestion des déchets industriels dangereux. Accor est le 1er opérateur d’hôtels à Dubaï. Keolis a remporté en 2021 le contrat d’exploitation et de maintenance du métro de Dubaï.



 

3.     Les flux d’investissement des EAU s’orientent de plus en plus vers la France

Les EAU sont le 2ème investisseur du Golfe en France, après le Qatar, avec un stock d’IDE de 2,2 Md EUR en 2021 (soit 26 % des investissements en provenance des pays du CCG[5]). Environ 50 entreprises sont détenues partiellement ou majoritairement par des capitaux émiriens en France.

Ce chiffre ne prend pas en compte les participations émiriennes dans les sociétés côtés et les obligations françaises (investissements de portefeuille). Les investissements émiriens restent très orientés vers les valeurs mobilières et l’immobilier. Faible par rapport aux capacités d’investissement des EAU, l’investissement dans l’industrie connaît toutefois une progression ces dernières années. Les territoires privilégiés sont l’Ile-de-France, la région Rhône-Alpes et la région PACA.

L’un des principaux investisseurs est le fonds souverain Mubadala. Ce fonds d’Abu Dhabi a noué avec Bpifrance un partenariat étroit qui se déclinait jusqu’en 2021 selon 3 volets, pour un montant total de 2,3 Md EUR co-investis : investissements dans des ETI, dans des jeunes pousses technologiques et souscription pour 1 Md EUR dans le fonds LAC1 dédié aux multinationales françaises cotées. Ce partenariat a été renouvelé en décembre 2021 à l’occasion de la visite présidentielle pour 4 Md EUR de co-investissements supplémentaires.  A l’occasion de cette visite, Mubadala s’est engagé également à mobiliser 1,4 Md EUR d’investissements supplémentaires en provenance d’investisseurs institutionnels aboudabiens dans des fonds français. ADQ a également signé un accord visant à investir 4,6 Md EUR en France dans les domaines de la mobilité et de la logistique, de l’alimentation et de l’agriculture, des énergies propres, des sciences de la vie, et de la santé.

 
 
 
 


[1] A l’échelle mondiale, les EAU sont le 25ème client de la France (0,9% des exportations), son 49ème fournisseur (0,2% des importations) en 2021

[2] Selon les douanes françaises (nomenclature agrégée), comme une très large partie des chiffres indiqués dans cette partie

[3] Selon l’INSEE, les EAU se placent premier de loin dans la Péninsule devant l’Arabie saoudite (2,0 Md EUR) et avant le Qatar (1,2 Md EUR)

[4] Dernière année disponible

[5] Selon la méthode de l’investisseur ultime

 

  

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