Conjoncture économique

Economic Overview

Introduction

 

En 2024, la croissance économique des Émirats arabes unis s’accélère par rapport à 2023, consolidant la position du pays en tête des performances régionales. Il demeure néanmoins inférieur à une année 2022 exceptionnellement favorable grâce aux revenus pétroliers. Le pays conserve un profil macroéconomique solide, porté par d’importantes réserves financières, des ratios d’endettement limités et sous contrôle, une balance courante largement excédentaire, un secteur bancaire stable, des investisseurs internationaux confiants et l’ancrage du dirham au dollar. La volatilité des marchés pétroliers réaffirme la nécessité d’une diversification de l’économie émirienne, engagée à la fois par des investissements dans des secteurs de pointe (IA, santé) et par des réformes structurelles

Chiffres Clefs

Croissance réelle

du PIB

3,9% en 2024

Pétrole: 1,6,%

Hors pétrole: 4,6%

Production de pétrole

3,23 Mb/j

Capacité: 4.85 Mb/j

Excédent Budgétaire

6,5% du PIB

Prix du baril pour l'équilibre budgétaire: 54,1 USD/baril

1. Une fédération de sept émirats dominée par Abu Dhabi et Dubaï

Emirates Map

Indépendants depuis 1971, les EAU sont une fédération composée de sept émirats – Abu Dhabi et Dubaï étant les deux plus importants. Cette fédération est dirigée par le Conseil suprême réunissant les sept émirs qui élit pour cinq ans le Président (issu de la famille royale d’Abu Dhabi, les Al Nahyan) et le Premier ministre (issu de la famille royale de Dubaï, les Al Maktoum), et désigne les membres du conseil des ministres. Chaque émirat dispose de son propre gouvernement et conserve une large autonomie notamment en matière budgétaire et économique. Cet éclatement du pouvoir explique les divergences de stratégie constatées par exemple entre Abu Dhabi et Dubaï en matière de politique de diversification. Depuis le sauvetage de Dubaï en 2010, Abou Dhabi exerce toutefois une influence croissante sur ses voisins et oriente de plus en plus les priorités économiques et stratégiques du pays. La population est évaluée à 11,1 M d’habitants dont environ 90 % d’expatriés. Le PIB nominal a été de 527,80 Mds USD en 2024, au 30ème rang mondial (entre Israël et la Norvège). Exprimé par habitant et en parité pouvoir d’achat, le PIB dépasse 82 000 dollars internationaux fin 2024, au 5ème rang mondial (selon le FMI).       

2. Une accélération de la croissance en 2024 après un retour à la normale en 2023

La croissance économique réelle s’intensifie en 2024 et a atteint 3,9 % en 2024 selon la Banque Centrale émirienne (CBUAE). L’année 2023, avec ses 3,6 % de croissance, marquait un retour à la normale après une croissance exceptionnelle en 2022. La banque centrale revoit à la baisse ses projections pour 2025, à 4,7 %, plus proche des estimations de la Banque Mondiale et du FMI qui s’établissent respectivement à 4,1 % et 5,0%, sous l’effet d’une demande modérée et d’une offre non-OPEP en hausse.

Le secteur pétrolier est en hausse en 2024 après une forte contraction en 2023, affichant une croissance réelle de +1,6 % contre -3,1 % en 2023 (CBUAE). Malgré une expansion plus importante du secteur non-pétrolier (+4,6 %), l’économie émirienne demeure dépendante des hydrocarbures qui représentent encore environ un tiers du PIB national. Le prix du baril de Brent, estimé en moyenne à 80,53$/baril pour l’année 2024 (Banque Mondiale), est revu à la baisse pour une deuxième année consécutive, sans compromettre l’équilibre budgétaire du pays (prix d'équilibre budgétaire à 56 USD/baril). En octobre 2024, la production émirienne annuelle s’établit à 3,23 Mb/j selon l’Agence Internationale de l’Energie, légèrement en-dessous des 3,24 Mb/j enregistrés pour 2023 au même mois (en g.a). Malgré les coupes de production prévues par l’OPEP+ et l’incertitude liée aux tensions géopolitiques régionales, la modération de la demande mondiale ainsi qu’une hausse de l’offre non-OPEP n’ont en effet pas permis de soutenir durablement les prix du pétrole. Parallèlement à la reprise progressive de la production de l’OPEP+ (qui prévoit sur 18 mois une remise sur le marché de 2,2 millions de barils quotidiens), la compagnie pétrolière ADNOC prévoit de larges investissements en CAPEX (150 Md USD entre 2023-27) afin d’atteindre une capacité de 5 Mb/j d’ici 2027. A plus long terme et selon BP fin 2020, les Emirats détiennent 5,6 % des réserves prouvées de pétrole (98 Md de barils, 8e rang mondial) et 3 % des réserves de gaz (5900 Md m3, 8e rang mondial).

Les Emirats bénéficient d’une croissance réelle non-pétrolière importante, estimée à 4,6 % (CBUAE) mais qui baisse par rapport à 2023 (6,2 %). L’indice PMI du pays est supérieur à 50 depuis 2021, indiquant une croissance continue de l’activité non-hydrocarbure. Les perspectives pour 2025 restent solides (5 %) et s’amenuisent légèrement de 2026 à 2028. Le pays pratique une politique de diversification économique volontariste pour développer des secteurs de pointe à grands renforts d’investissements et de législations favorables (Places financières off-shore, régulations innovantes dans la fintech…).

 

Dubaï, symbole de la diversification

Le dynamisme économique se confirme ainsi à Dubaï dont l’économie repose sur les secteurs non pétroliers. L’émirat affiche une croissance de 3,3 % dans les 6 premiers mois de 2024 (en ga) selon le gouvernement, atteignant 31,5 Mds USD, avec une croissance significative dans les domaines du transport et du stockage.

3. Un risque pays très faible : des positions fiscales et externes positives, des acteurs bancaires solides

La position fiscale des Emirats se consolide en 2024, malgré une baisse prolongée des prix du pétrole alors que les hydrocarbures représentent entre 55 et 60 % des revenus du gouvernement. Ce dernier a donc présenté en 2024 un excédent budgétaire de 6,5 % du PIB lors de la première moitié de l’année d’après la CBUAE (contre 4,4 % en 2023). La création d’un impôt sur les sociétés devrait contribuer à renforcer la position fiscale du pays. En outre, le ratio dette publique sur PIB s’établit autour de 31.3 % à la fin 2023 (contre plus de 41,3 % en 2020) selon le FMI. Le service de la dette n’est d’ailleurs pas problématique étant données les importantes réserves d’actifs détenues par le pays via les fonds souverains et les réserves de change de la Banque centrale (199,7 Md USD en équivalent en décembre 2024)

Les comptes extérieurs de la Fédération poursuivent également leur très bonne dynamique en 2024. La balance courante du pays serait encore fortement excédentaire en 2024 (9,1 % du PIB selon le FMI, représentant 49,2 Mds de dollars), après 10,7 % en 2023 et 13,2 % en 2022. Selon le FMI, la balance courante du pays s’équilibrait en 2024 à partir de 37 USD le baril (le breakeven le plus bas de la région). Un prix bien en deçà de la moyenne annuelle de l’or noir cette année. La dette externe est estimée en légère baisse à 85,3 % du PIB (FMI) fin 2024 (contre 110 % fin 2020 et 85,5 % en 2023). Compte tenu des importantes réserves de change de la Banque centrale et des actifs qui peuvent être mobilisés par les fonds souverains en cas de besoin, la parité fixe du dirham vis-à-vis du dollar US (3,67125 AED / USD, depuis 1997) n’est pas menacée.

Enfin, le secteur bancaire reste stable tout comme ses principaux ratios prudentiels. Les banques du pays sont globalement liquides, prudemment capitalisées et bénéficient actuellement de la politique monétaire restrictive américaine et de ses multiples hausses de taux d’intérêt (une légère baisse a tout de même été annoncée au mois de septembre). En outre, les banques émiriennes ont une confortable position externe nette et continuent d'accueillir de nombreux dépôts domestiques, renforçant ainsi leur structure de financement. Deux éléments de vulnérabilité sont toutefois à surveiller : i) un taux de prêts non-performants assez élevé pour la région et ii) une exposition des banques aux secteurs de la construction et de l'immobilier. 

4. Réformes structurelles : vers une refonte du modèle économique émirien

Au-delà des éléments conjoncturels, le gouvernement émirien a ouvert dans le sillage de la pandémie un cycle majeur de réformes qui visent à redynamiser une économie solide mais fragilisée depuis le milieu de la décennie 2010 par la baisse de la rente pétrolière ou encore par la montée de la concurrence régionale notamment saoudienne. Plusieurs réformes de rupture ont été annoncées et mises en œuvre : alignement sur le weekend occidental, autorisation des investissements étrangers à 100 %, libéralisation du statut des étrangers, introduction d’un impôt sur les sociétés (juin 2023). D’autres accélèrent des tendances déjà à l’œuvre : localisation industrielle, émiratisation, optimisation de la filière hydrocarbure pour aborder la transition énergétique.

Pour renforcer leur rôle de plateforme mondiale, les Emirats ont également lancé ou signé, depuis septembre 2021, des négociations commerciales bilatérales avec une dizaine de pays. Menées au pas de course, elles ont notamment conduit à la signature d’accords de libre-échange avec l’Inde, Israël, la Turquie, l’Indonésie, le Kenya, ou plus récemment l'Ukraine...

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