Conjoncture économique

Economic Overview

Introduction

L’année 2023 a fait office d’un retour à la normale pour les EAU après une année 2022 marquée par des revenus pétroliers exceptionnels. Le taux de croissance économique est certes en baisse mais il demeure supérieur à celui de ses pairs régionaux. Le pays conserve ainsi un profil macroéconomique solide, s’appuyant sur des réserves financières importantes, des ratios d’endettement limités et sous contrôle, une balance courante largement excédentaire, un secteur bancaire stable, des investisseurs internationaux confiants et l’ancrage du dirham au dollar. La volatilité des marchés pétroliers réaffirme la nécessité d’une diversification de l’économie émirienne, engagée à la fois par des investissements dans des secteurs de pointe (IA, santé) et par des réformes structurelles.

Chiffres Clefs

Croissance

du PIB

3.1% en 2023

Pétrole: -3.9%

Hors pétrole: 5.9%

Production de pétrole

2.95 Mb/j

Capacité: 4.85 Mb/j

Excédent Budgétaire

4.4% du PIB

Prix du baril pour l'équilibre budgétaire: 56 USD/baril

1. Une fédération de sept émirats dominée par Abu Dhabi et Dubaï

Emirates Map

Indépendants depuis 1971, les EAU sont une fédération composée de sept émirats – Abu Dhabi et Dubaï étant les deux plus importants. Cette fédération est dirigée par le Conseil suprême réunissant les sept émirs qui élit pour cinq ans le Président (issu de la famille royale d’Abu Dhabi, les Al Nahyan) et le Premier ministre (issu de la famille royale de Dubaï, les Al Maktoum), et désigne les membres du conseil des ministres. Chaque émirat dispose de son propre gouvernement et conserve une large autonomie notamment en matière budgétaire et économique. Cet éclatement du pouvoir explique les divergences de stratégie constatées par exemple entre Abu Dhabi et Dubaï en matière de politique de diversification. Depuis le sauvetage de Dubaï en 2010, Abu Dhabi impose toutefois de plus en plus ses objectifs à ses voisins. La population est évaluée à 9,8M d’habitants par le FMI dont environ 90% d’expatriés. Le PIB nominal a été de 504,2 Mds USD en 2023, au 29ème rang mondial (entre Israël et Singapour). Exprimé par habitant et en parité pouvoir d’achat, le PIB dépasse 75 300 dollars internationaux en 2023, au 6ème rang mondial.

2. Un retour à la normale en 2023, après une croissance exceptionnelle sur l'année 2022

La croissance économique se poursuit à un rythme plus modéré en 2023, avec 3,1% en 2023 (en ga) selon la Banque Centrale émirienne (CBUAE). L’excellent millésime 2022, avec ses 7,9% de croissance, était très largement porté par le secteur des hydrocarbures, qui avait cru de 9,5% dans un contexte d’explosion des prix de l’énergie après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Deux tendances ont amené la banque centrale à revoir à la baisse ses projections pour 2024, à 4,2%, plus proche des estimations de la Banque Mondiale et du FMI qui s’établissent à 3,9% et 3,5% : la chute du PIB pétrolier et une performance moins dynamique du secteur hors hydrocarbures.

Le secteur pétrolier a accusé en 2023 le contre-coup d’une excellente année 2022, affichant une décélération de -3,9% contre +9,5% en 2022 (CBUAE). Or, l’économie émirienne demeure dépendante des hydrocarbures qui représentent toujours 30% du PIB national. La baisse des prix du pétrole, passés d’un pic de 122,7 $/baril en juin 2022 à 74,8$/baril en juin 2023, a amputé les recettes pétrolières. La production émirienne a ensuite baissé en 2023 à 2,95 Mb/j en 2023, contre 3,07 Mbj sur l’année 2022, en raison des engagements OPEP+

Si la production réelle continue à être restreinte au premier semestre 2024, la remontée des cours observée au T1 2024 et la perspective d’une révision de ces quotas au 1er juin 2024 laissent espérer à la CBUAE une remontée du secteur pétrolier à 2,9% de croissance sur l’année. La capacité de production nationale a en effet atteint un nouveau record de 4,85 Mb/j, et la compagnie pétrolière ADNOC prévoit de larges investissements en CAPEX (150 Md USD entre 2023-27) afin d’atteindre une capacité de 5 Mb/j d’ici 2027. A plus long terme et selon BP fin 2020, les Emirats détiennent 5,6 % des réserves prouvées de pétrole (98 Md de barils, 8e rang mondial) et 3 % des réserves de gaz (5900 Md m3, 8e rang mondial).

Les Emirats bénéficient d’une croissance non-pétrolière importante, estimée à 5,9% (en ga) (FMI) mais qui baisse par rapport à 2022 (7,2%). L’indice PMI du pays est supérieur à 50 depuis 2021, indiquant une croissance continue de l’activité non-hydrocarbure. Les perspectives pour 2024 et 2025 sont plus modestes, autour de 4,7%, à cause de l’effet de base et d’une décélération de la demande à mesure que les flots migratoires se stabilisent aux UAE. Le pays pratique une politique de diversification économique volontariste pour développer des secteurs de pointe à grands renforts d’investissements et de législations favorables (Places financières off-shore, régulations innovantes dans la fintech…).

Dubaï, symbole de la diversification

Le dynamisme économique se confirme à Dubaï dont l’économie est peu dépendante des hydrocarbures. L’émirat affiche une croissance de 3,3% dans les 9 premiers mois de 2023 (en ga) selon le gouvernement, après 4,4% en 2022. Le tourisme, le commerce et les transports ont conservé le dynamisme de 2022, mais la production industrielle et les activités financières peinent à suivre.

3. Un risque pays très faible : des positions fiscales et externes positives, des acteurs bancaires solides

La position fiscale des Emirats reste solide en 2023, malgré la chute des revenus pétroliers alors que les hydrocarbures représentent environ 55-60 % des revenus du gouvernement. Ce dernier a donc présenté en 2023 un excédent budgétaire de 4,4% du PIB en 2023 d’après la CBUAE (contre 9,9% en 2022). Pour mémoire, toujours selon le FMI (REO octobre 2023), les finances publiques s’équilibrent en 2023 à partir de 56 USD le baril ; un niveau en deçà des prix moyens cette année. La création d’un impôt sur les sociétés devrait contribuer à renforcer la position fiscale du pays. En outre, le ratio dette publique sur PIB continue de se réduire et s’établit autour de 30,9% à la fin 2023 (contre plus de 40 % en 2020) selon le FMI. Le service de la dette n’est d’ailleurs pas problématique étant données les importantes réserves d’actifs détenues par le pays via les fonds souverains et les réserves de change de la Banque centrale (185 Md USD en équivalent en janvier 2024)

Les comptes extérieurs de la Fédération poursuivent également leur très bonne dynamique en 2023. La balance courante du pays sera encore fortement excédentaire en 2023 (9,3% du PIB selon le FMI), après 11,7% en 2022 et 11,5% en 2021. Selon le FMI, la balance courante du pays s’équilibrait en 2023 à partir de 37 USD le baril (le breakeven le plus bas de la région). Un prix, ici encore, bien en deçà de la moyenne annuelle de l’or noir cette année. La dette externe est remontée cette année, mais est estimée par la FED à 95 % du PIB fin 2023 (contre 110 % fin 2020). Compte tenu des importantes réserves de change de la Banque centrale et des actifs qui peuvent être mobilisés par les fonds souverains en cas de besoin, la parité fixe du dirham vis-à-vis du dollar US (3,67125 AED / USD, depuis 1997) n’est pas menacée.

4. Réformes structurelles : vers une refonte du modèle économique émirien

Au-delà des éléments conjoncturels, le gouvernement émirien a ouvert dans le sillage de la pandémie un cycle majeur de réformes qui visent à redynamiser une économie solide mais fragilisée depuis le milieu de la décennie 2010 par la baisse de la rente pétrolière ou encore par la montée de la concurrence régionale notamment saoudienne. Plusieurs réformes de rupture ont été annoncées et mises en œuvre : alignement sur le weekend occidental, autorisation des investissements étrangers à 100 %, libéralisation du statut des étrangers, introduction d’un impôt sur les sociétés (juin 2023). D’autres accélèrent des tendances déjà à l’œuvre : localisation industrielle, émiratisation, optimisation de la filière hydrocarbure pour aborder la transition énergétique.

Pour renforcer leur rôle de plateforme mondiale, les Emirats ont également lancé en septembre 2021 des négociations commerciales bilatérales avec huit pays représentant 10 % du PIB mondial. Menées au pas de course, elles ont déjà conduit à la signature d’un accord global (CEPA) avec l’Inde (le 18 février 2022), d’un accord de libre-échange avec Israël (le 1er avril 2022, ratifié en décembre 2022). Cette accélération des réformes profite du contexte narratif du cinquantenaire de la fédération qui a été célébré le 2 décembre 2021 et sur lequel le Gouvernement s’appuie pleinement (Projets et Principes des 50, UAE Centennial 2071).

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