Lumières Turquoises T4 2025
DEMOGRAPHIE(S) EN QUESTION(S)
Ce numéro de fin d’année des Lumières Turquoises explore les dynamiques démographiques à l’œuvre dans les pays de la région du SER d’Ankara.
Les trajectoires démographiques observées en Turquie, en Azerbaïdjan, en Géorgie et au Turkménistan illustrent, chacune à leur manière, l’entrée progressive des économies de la région dans une phase de transition démographique plus ou moins avancée, marquée par le ralentissement de l’accroissement naturel, la recomposition de la pyramide des âges et des interactions de plus en plus fortes entre dynamiques démographiques et trajectoires de développement économique. Si ces pays partagent des tendances communes – recul de la fécondité, urbanisation rapide, migrations sélectives et montée en puissance des enjeux de capital humain – ils se distinguent néanmoins par leur position dans le cycle démographique, par l’ampleur des déséquilibres à venir et par la centralité accordée (ou non) à ces enjeux dans les politiques publiques.
La Turquie (p.2) apparaît comme le cas le plus avancé et le plus critique : elle fait face à un vieillissement rapide, combiné à une chute brutale de la fécondité et à une émigration nette touchant en priorité les jeunes actifs qualifiés. Cette dynamique fait peser des risques structurels sur la soutenabilité de son système de protection sociale, sur ses gains de productivité et sur la compétitivité de son modèle économique, encore largement fondé sur une main-d’œuvre abondante.
À l’inverse, l’Azerbaïdjan (p.5) connaît une transition plus progressive et encore silencieuse. La population demeure relativement jeune, mais la chute rapide de la fécondité depuis l’indépendance a fortement ralenti l’accroissement naturel. Le vieillissement est engagé, sans toutefois générer à ce stade de pressions comparables sur le marché du travail ou sur le système de retraites. Cette temporalité plus favorable explique que les enjeux démographiques restent secondaires dans l’agenda public
En Géorgie (p.7), le nombre d’habitants décroit en raison d’une émigration ininterrompue depuis les années 90. Le profil des migrants et la chute de la fertilité entraînent le vieillissement de la population, ce qui présente un enjeu pour le financement du système de retraite.
Le Turkménistan (p.10), enfin, se situe dans une phase intermédiaire : doté d’une population très jeune et d’un potentiel de dividende démographique significatif, il voit toutefois ce potentiel fragilisé par une émigration massive, des contraintes administratives fortes et de profondes incertitudes statistiques.
Bonne lecture !