Brèves économiques de décembre 2025
Dynamique de l'économie de Noël dans la zone +++ Autriche : Croissance - une lueur au bout du tunnel +++ Pas de 3ème piste à l'aéroport de Vienne +++ Doppelmayr : Le Cable C1 enfin inauguré en IdF +++ Slovénie : le droit à l'argent liquide +++ 29 M EUR pour le site Renault de Novo mesto +++ Modernisation du matériel roulant ferroviaire +++ Croatie : Le FMI appelle à une consolidation plus ambitieuse +++ 156 M EUR pour la compagnie aérienne CA +++ Une loi pour plus de logements abordables
L’économie de Noël : dynamique et effets de seuil en Autriche, Croatie et Slovénie
Malgré leurs limites méthodologiques, les données disponibles mettent en évidence un fort “effet décembre” dans la conjoncture économique en Autriche, en Croatie et en Slovénie, du fait à la fois du tourisme et d’une accélération des dépenses domestiques. Il reste qu’un bond de la fréquentation touristique, lorsqu’elle se concentre sur trois ou quatre semaines, crée des effets de seuil - saturation, conflits d’usage, coûts pour la collectivité - qui viennent relativiser son bénéfice économique immédiat. Les villes les mieux équipées pour gérer ces effets (Vienne) en tirent un avantage net. Celles qui connaissent un essor rapide (Zagreb) en ressentent davantage les déséquilibres.
Flux touristiques, consommation et attractivité : estimation de l’impact des fêtes de fin d’année sur les économies de l’Autriche, de la Croatie et de la Slovénie
En Autriche, Croatie et Slovénie, les fêtes de fin d’année combinent un pic de fréquentation touristique, une accélération de la consommation, une mobilisation du commerce et des services, et une intensification des activités culturelles. Même si les données disponibles restent imparfaites -il n’existe pas réellement, dans ces pays, de comptabilité publique explicitement “spéciale Noël”- les ordres de grandeur permettent d’en évaluer l’impact économique.
En Autriche, où le tourisme représente 6 % du PIB (méthode agrégée), la période hivernale (qui englobe la saison de ski et les fêtes de fin d’année) concentre une part importante de l’activité. Bien qu’aucune statistique n’isole les nuitées strictement liées à Noël ou au Nouvel An, les mois de décembre et janvier comptent parmi les plus chargés de l’année. Dans ce contexte, la consommation additionnelle enregistrée en fin d’année joue un rôle important. Selon le WIFO, le surplus des ventes liées à Noël pour le seul mois de décembre atteint 1,15 Md EUR par rapport à la moyenne des 11 autres mois. Rapportée à un commerce de détail pesant 82 Mds EUR par an, cette demande additionnelle représente environ 1,5 % du chiffre d’affaires annuel.
Vienne constitue l’exemple le plus visible de cet effet saisonnier : ses marchés de Noël attirent 4 à 4,5 millions de visiteurs locaux, générant près de 140 M EUR de chiffre d’affaires pour les stands alimentaires et artisanaux - un chiffre qui ne tient pas compte des touristes internationaux-. L’effet est démultiplié par les événements culturels, au premier rang desquels le Concert du Nouvel An, véritable vecteur de rayonnement international qui stimule hôtellerie, restauration et image de marque.
La Croatie, de son côté, connaît une autre logique. Le tourisme y représente environ 20 % du PIB, mais souffre d’une saisonnalité estivale très marquée. Les fêtes de fin d’année, et en particulier l’événement « Advent u Zagrebu » (plusieurs fois élu « Best Xmas market in Europe », et encore placé cette année dans la liste CNN des meilleurs marchés de Noël au monde), ont donc vocation à créer une “seconde saison”. Les arrivées à Zagreb sur le mois de décembre (129 700 en 2024) représentent 1/3 du total des arrivées en Croatie (et ¼ des nuitées) alors que sur l’année complète, Zagreb ne représente que 6 % des arrivées. La consommation nationale connaît elle aussi un basculement important. Pour décembre, les dépenses de détail ont atteint 3,3 Mds EUR en 2024. En combinant commerce, cafés, restaurants et services, certaines estimations d’avant la pandémie évaluaient la consommation totale de décembre entre 1,6 Md EUR et 2 Mds EUR supplémentaires par rapport aux autres mois. Les produits alimentaires festifs - morue séchée (bakalar), charcuteries, desserts traditionnels, chocolats, et les alcools (vins, rakija, bières festives) contribuent pour une part importante à cette hausse.
Le rôle d’ « Advent u Zagrebu » dans cette dynamique est par ailleurs central. Les touristes dépensent en Croatie en moyenne 133 à 170 EUR par jour selon les séries, ce qui signifie que les centaines de milliers de nuitées supplémentaires enregistrées en décembre représentent un apport économique substantiel pour la capitale. Les marchés de Noël, la restauration de rue et les cafés enregistrent des pics d’activité notables au début et au milieu du mois.
La Slovénie, enfin, connaît la même dynamique, mais sur un mode plus qualitatif. Avec un tourisme représentant environ 7 % du PIB, elle mise sur une approche plus durable et culturelle. Les chiffres sont frappants : en décembre 2023, le commerce de détail a enregistré un chiffre d’affaires de 13,5 % supérieur à la moyenne mensuelle, et les services de restauration et d’hébergement de 9,5 % supérieurs, avec des hausses pouvant atteindre +40 % par rapport aux années de la pandémie. Le marché de Noël de Ljubljana -illuminations inspirées par l’astronomie, concerts gratuits, stands de gastronomie- attire un public qui consomme à la fois en ville (cafés, restaurants) et en commerces alimentaires.
Des externalités négatives difficiles à chiffrer précisément, mais qui paraissent encore maîtrisables
Le dynamisme additionnel qu’apporte la saison d’hiver ne se traduit pas seulement par des bénéfices. Dans les trois pays, et plus particulièrement dans leurs capitales, les fêtes de fin d’année génèrent également des externalités négatives, souvent non quantifiées, mais visibles et de mieux en mieux documentées.
La première est la pression sur le logement. Les marchés de Noël et la hausse des nuitées en décembre renforcent la demande en locations de courte durée. À Vienne, où le parc résidentiel est déjà tendu, les quartiers centraux voient une part croissante de logements quitter le marché traditionnel pour rejoindre celui du tourisme. Zagreb connaît la même dynamique, mais de manière encore plus rapide : l’essor soudain d’« Advent u Zagrebu » a encouragé de nombreux propriétaires à privilégier les locations saisonnières. Ljubljana, consciente des risques, a adopté des mesures restrictives pour limiter les licences Airbnb en centre-ville. Même en l’absence de séries chiffrées isolant l’effet de décembre, les tendances observées permettent d’affirmer que la période festive intensifie une pression structurelle.
La congestion urbaine constitue un autre effet majeur. Les marchés de Noël attirent des foules importantes dans des centres préservés - Innere Stadt à Vienne, Donji Grad à Zagreb, centre historique de Ljubljana -, entraînant une saturation des transports publics, une hausse des coûts de sécurité, un besoin accru de nettoyage et une usure accélérée des infrastructures urbaines. À Zagreb et Ljubljana, dont les centres ont une capacité limitée, cette saturation se traduit par des conflits d’usage : les habitants évitent certaines zones, les commerçants traditionnels se plaignent de la dominance des stands temporaires, et les municipalités doivent mobiliser des ressources exceptionnelles pour gérer la période.
Les effets environnementaux sont également significatifs. L’éclairage en période de fêtes augmente la consommation énergétique - certes réduite depuis la généralisation des LED, mais non négligeable-. Les marchés produisent des volumes considérables de déchets : verres, gobelets, emballages alimentaires, matériaux à usage unique. En Croatie, certaines éditions de l’Avent avant 2020 ont été critiquées pour leur forte consommation d’électricité ; depuis 2022, un effort a été fait pour réduire l’empreinte lumineuse. Les déplacements touristiques -vols, voitures, bus- génèrent eux aussi un pic saisonnier d’émissions carbone.
Le patrimoine souffre également des flux touristiques additionnels. Les foules, le passage intensif sur des sols anciens, les vibrations, les installations temporaires lourdes ont un effet cumulatif sur les centres anciens protégés : pavés à remplacer plus souvent, façades à nettoyer, mobilier urbain à restaurer. Là encore, aucun chiffre officiel n’attribue un budget spécifique à la “réparation post-Noël”, mais les municipalités reconnaissent que la période constitue un moment de surcharge pour les services d’entretien urbains.À ces différentes contraintes s’ajoutent des effets commerciaux et sociaux : inflation saisonnière des prix touristiques, standardisation des stands de Noël au détriment de l’artisanat local, montée du ressentiment des habitants face à une ville qui semble temporairement “submergée par les touristes”. Certains quartiers de Vienne et Zagreb évoquent une “disneylandisation” temporaire ; Ljubljana s’efforce d’y résister par une programmation plus artistique et sobre, mais la tension demeure.
Ces externalités ne sont pas marginales. Un succès touristique, lorsqu’il se concentre sur trois ou quatre semaines, crée des effets de seuil - saturation, tensions d’usage, coûts publics - qui viennent relativiser son bénéfice économique immédiat. Ces effets semblent pour l’instant maîtrisables et maîtrisés. Les villes devront toutefois veiller à ne pas se laisser trop rapidement déborder.
AUTRICHE
Le chiffre du mois à retenir
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Le 28 novembre 2025, le gouvernement, les Länder et les communes se sont mis d’accord sur le nouveau pacte national de stabilité (Österreichischer Stabilitätspakt, ÖStP 2025) qui remplace le pacte conclu en 2012. Il vise à adapter les règles budgétaires autrichiennes aux réformes du pacte de stabilité et de croissance de l’UE, notamment en intégrant le nouvel indicateur de dépenses nettes. Les collectivités locales s’engagent à respecter la trajectoire de dépenses nette comme calculée par le Conseil UE selon la répartition suivante :
en % du PIB
2026
2027
2028
2029
Déficit public autorisé
-4,20
-3,50
-3,00
-2,80
dont l’Etat fédéral et la sécurité sociale
-3,07
-2,70
-2,31
-2,13
dont les 9 Länder
-1,13
-0,80
-0,69
-0,67
A partir de 2030, la répartition de la marge de déficit autorisé est fixée à 76 % pour l’Etat fédéral et la sécurité sociale et de 24 % pour les Länder. Ces derniers répartissent leur quote-part entre eux selon leur population, et réservent 20 % de leur marge aux communes. Les pénalités financières imposées par l’UE en cas de non-respect des règles seront réparties selon le principe du pollueur-payeur, en fonction de la contribution de chaque niveau de gouvernement au dépassement des objectifs. En réponse aux lacunes passées en matière de remontée des données et de prévisibilité (sous-estimation des déficits des länder en 2025), un comité de coordination sera mis en place, et les länder devront publier des données mensuelles. Le pacte doit être ratifié par le Parlement fédéral et les Länder début 2026, avec effet rétroactif au 1er janvier 2024. Les premières applications concrètes concernent les budgets 2026–2029.
Par ailleurs, le Fiskalrat (homologue du Haut Conseil des Finances publiques), dans son rapport sur les finances publiques 2024-2029, a une fois de plus souligné que des efforts budgétaires supplémentaires seront nécessaires pour atteindre un déficit public sous le seuil de 3 % d’ici 2029.
etc.
SLOVENIE
Le chiffre du mois à retenir
etc.
CROATIE
Le chiffre du mois à retenir
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La visite officielle du Premier ministre Andrej Plenković à Paris lundi 8 et mardi 9 décembre à l’invitation du Président de la république. Les différentes séquences de la visite du Premier ministre croate ont permis d'illustrer le fort développement qu'ont connu nos relations, en particulier dans les domaines de la défense et de l'économie, depuis la signature de "l'accord de partenariat stratégique renouvelé" à l'occasion de la visite du Président de la République à Zagreb en novembre 2021.
Organisé conjointement par la Chambre d’économie croate (HGK) et MEDEF International, un forum d’affaires a réuni une trentaine d’entreprises croates, représentées à leur plus haut niveau. Issues notamment des secteurs de l’énergie, des nouvelles technologies, de l’agroalimentaire, de la défense et du tourisme, ces entreprises – parmi lesquelles Končar, Rimac, Infobip, Orqa, Podravka, Đuro Đaković ou DOK-ING – ont pu échanger avec une vingtaine de grands groupes français.
Après un propos introductif du Ministre délégué français chargé du commerce extérieur et de l’attractivité M. Nicolas Forissier, soulignant le développement de nos échanges (une progression de près de 40 % du commerce bilatéral depuis 2021) et l’opportunité d’aller plus loin dans des domaines comme l’armement, la transition énergétique et numérique, les villes durables, ou encore le tourisme (hôtellerie, plaisance), le Premier ministre Plenkovič, puis son ministre de l'économie M. Ante Šušnjar, ont pu présenter les atouts de la Croatie comme partenaire économique.
En parallèle de cette séquence, la visite a également été marquée par la signature de plusieurs accords : l’acquisition par la Croatie de 18 canons CAESAR, financée en partie via l’instrument européen SAFE, et une lettre d’intention en vue de la modernisation des douze avions Rafale croates. Enfin, la visite a été marquée par la signature, par le Ministre des affaires étrangères et européennes Gordan Grlić-Radman et le Ministre délégué chargé des affaires européennes Benjamin Haddad, du Plan d’action 2026-2028 pour la mise en œuvre de l’accord du partenariat stratégique.
etc.
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