Flash Conjoncture Pays avancés - Royaume-Uni : le Budget parvient à rassurer les marchés
La présentation le 26 novembre dernier du Budget d’automne au Royaume-Uni a été relativement bien accueillie par les marchés. Le pilotage des finances publiques au Royaume-Uni repose sur la notion de marge budgétaire, qui correspond à l’écart entre la cible imposée par la règle budgétaire (déficit de moyen terme) et la prévision à un instant donné réalisée par l’autorité indépendante (Office for Budget Responsability – OBR). Le gouvernement a annoncé une forte hausse des prélèvements obligatoires (+26 Md£ d’ici l’année budgétaire 2029-30), permettant de relever significativement la marge budgétaire, à 22 Md£ en 2029-2030 (contre 9,9 Md£ précédemment). Le rendement du gilt s’est légèrement détendu suite aux annonces du Premier ministre, tandis que la livre sterling s’est légèrement appréciée.
Ce budget soutiendrait néanmoins la croissance à court terme car le gouvernement a prévu d’augmenter les dépenses publiques (+11 Md£ en 2029-30) et la montée en charge de la hausse des dépenses serait nettement plus rapide que celle des recettes (cf. graphique 1). Par ailleurs, alors qu’une révision à la hausse des prévisions de dépenses était attendue notamment pour intégrer l’impact de la hausse des rendements du gilt sur les dépenses d’intérêt sur la dette publique, les prévisions de recettes ont aussi été rehaussées à partir de 2026-27 après la prise en compte d’une évolution des salaires et de la consommation des ménages plus soutenue que dans les prévisions publiées en mars.
Note de lecture : Sur l’année fiscale 2025-26, les mesures nouvelles entraîneraient une hausse des dépenses publiques (+4,9 Md£) plus forte que la hausse des recettes conduisant à une impulsion budgétaire de +3,7 Md£.
Ce Budget d’automne au Royaume-Uni semble indiquer une inflexion des priorités économiques du gouvernement en faveur des dépenses sociales (cf. graphique 2). Le précédent Budget d’automne 2024 comportait une hausse sans précédent des dépenses publiques en soutien à l’activité économique, répartie aux 2/3 sur les dépenses de fonctionnement (en priorisant notamment la santé et l’éducation) et à 1/3 sur les investissements publics. Le gouvernement avait alors choisi de réduire légèrement les dépenses sociales en restreignant les subventions sur le chauffage pour les retraités les plus modestes. Lors du Spring statement de mars 2025, face à un scénario macroéconomique dégradé, le gouvernement avait opté pour de nouvelles baisses de prestations sociales, en restreignant les critères d’éligibilité des prestations maladie-invalidité, pour rétablir sa marge budgétaire de moyen terme (+5 Md£ sur un effort budgétaire total de 14 Md£). Conformément aux annonces de Keir Starmer en juin en réponse à une pression croissante des députés travaillistes, le gouvernement a confirmé la suspension de ces deux mesures de réduction des dépenses sociales (sur les subventions sur le chauffage pour les retraités et sur les prestations maladie-invalidité) ainsi que la suppression du plafonnement des prestations sociales pour les familles de plus de deux enfants.
Au final, les mesures sociales représentent la majorité des nouvelles mesures du gouvernement (+7 Md£ par an en moyenne entre les années fiscales 2026-27 et 2029-30, pour une augmentation totale des dépenses de +12 Md£). Lors de la présentation du budget, le gouvernement a mis en avant le caractère redistributif des mesures annoncées depuis le budget d’automne 2024, qui devraient particulièrement bénéficier aux ménages les plus modestes. Ainsi, selon les estimations du gouvernement, l’ensemble des mesures sociales annoncées augmenteraient de +7 % le revenu des ménages appartenant au décile de revenu le plus bas en 2028-29, contre une moyenne de +1,5 % pour l’ensemble des ménages.