Aux grands projets les grands budgets
Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen...
Aux grands projets les grands budgets
Dubaï a approuvé son budget pour l’exercice 2026, qui prévoit 99,5 Md AED de dépenses et 107,7 Md de recettes incluant 5 Md AED de réserves, avec un solde anticipé qui serait excédentaire de 8,2 Md AED. Parallèlement, l’émirat a adopté son cycle budgétaire triennal 2026-2028, prévoyant 302,7 Md AED de dépenses cumulées pour 329,2 Md AED de recettes, avec un solde qui serait excédentaire d’environ 26,5 Md AED sur trois ans. Significativement plus élevés que les précédents, ces budgets confirment le rôle de Dubaï comme principal moteur de la croissance non pétrolière émirienne, avec un PIB atteignant 241 Md AED au S1 2025, dont 95 % est non-pétrolier.
Cette évolution est principalement tirée par les investissements dans les infrastructures, auxquelles Dubaï consacre 48 % des dépenses (soit 47,8 Md AED, en hausse de 20,4 % par rapport au budget pour 2025), en particulier dans les transports, l’assainissement, l’énergie et les bâtiments publics. Selon le média MEED, 114 Md AED de dépenses liés aux infrastructures sont actuellement en cours d’exécution à Dubaï, tandis que les projets programmés représentent 500 Md AED (parmi lesquels l’aéroport Al Maktoum ou la ligne Gold du métro). Les dépenses sociales représentent également l’un des postes les plus importants, à hauteur de 28 % du budget (santé, éducation, logement, politiques familiales). Enfin, 18 % du budget sont dédiés à la sécurité et la justice. Le directeur du Department of Finance (DoF) précise qu’il s’agit d’un budget « flexible », soulignant la capacité de l’émirat à ajuster l’allocation des ressources afin de réagir aux priorités économiques. Cette agilité budgétaire est présentée comme un facteur d’attractivité essentiel pour les investisseurs étrangers (le prince héritier rappelle régulièrement que Dubaï est la 1ère ville au monde pour l’attraction des IDE greenfield). Il convient enfin de noter que le budget de Dubaï prévoit désormais une réserve générale, alimentée chaque année (5 Md AED prévus en 2026).
Sources : DoF de Dubaï, SERPA
Le plan budgétaire pour les trois prochaines années, le plus ambitieux jamais adopté par l’émirat, constitue une étape importante dans la mise en œuvre de l’Agenda économique D33, qui vise à doubler la taille de l’économie de Dubaï d’ici 2033 et à positionner l’émirat parmi les trois principales économies urbaines mondiales. Les dépenses cumulées s’élèvent à 302,7 Md AED, en hausse de 11 % par rapport au précédent plan triennal 2025-2027 (272 Md AED), et les recettes projetées s’élèvent à 329,2 Md AED. Ce budget permet à Dubaï de maintenir une position budgétaire excédentaire d’environ 26,5 Md AED sur trois ans. Bien qu’aucun montant ne soit détaillé par secteur, la communication autour du plan triennal met en exergue plusieurs priorités stratégiques, notamment les investissements dans la recherche spatiale et l’intelligence artificielle, ainsi que le soutien à l’entrepreneuriat.
Malgré une trajectoire budgétaire solide et une croissance - non-pétrolière - dynamique, l’économie dubaïote présente quelques vulnérabilités qui pourraient impacter sa capacité à maintenir le rythme actuel de croissance. D’abord, la croissance de Dubaï reste fortement portée par l’immobilier (le secteur affiche 7 % de croissance au premier semestre 2025, et contribue désormais à 8,2 % du PIB, soutenu par une hausse de 40 % des ventes depuis le début de l’année selon le gouvernement de Dubaï). Sans aller jusqu’à évoquer une surexposition, la dynamique actuelle peut s’apparenter à une phase de surchauffe, voire de bulle sur certaines zones (les prix résidentiels à Dubaï étant en hausse de 60 % entre 2022 et le T1 2025), avec les risques associés en cas de correction liée à un affaiblissement de la demande ou un excès d’offre.
Par ailleurs, la capacité d’absorption du capital d’investissement demeure une contrainte importante. Comme le souligne la banque Emirates NBD, les enveloppes d’infrastructures ne sont pas toujours exécutées à hauteur des prévisions : le capex réalisé en 2024 n’a atteint que 4,6 Md AED, après 7,9 Md AED au premier semestre. Autrement dit, même lorsque les financements sont disponibles, l’économie ne parvient pas toujours à les absorber (ce qui semble surtout s’expliquer par des projets retardés, même si cela pourrait provenir aussi de contraintes réglementaires ou d’un manque de compétences). Cette sous-exécution réduit l’impact de court terme des dépenses d’investissement sur l’activité et retarde les gains de productivité attendus. Elle pourrait également différer la mise à disposition de certaines infrastructures clés, essentielles pour accompagner l’ambition de croissance démographique du plan Dubai 2040 chiffré à 5,8 millions d’habitants.
Enfin, la croissance économique doubaïote reste largement tirée par un haut niveau d’investissement public, qui conditionne l’attrait de capitaux privés. La soutenabilité de ce modèle dépendra donc de la capacité de Dubaï à (i) voir sa base productive privée s’élargir durablement, (ii) sécuriser ses recettes (95,7 % des recettes étant de nature non-pétrolières en 2024, dont 67,8 % de frais de services, 18,9 % de dividendes et 24,5 % de taxes), qui, compte tenu du modèle économique de Dubaï très ouvert, peuvent être affectées par l’évolution de la conjoncture économique mondiale (iii) renforcer la capacité d’absorption du capital pour parvenir à un multiplicateur d’investissement plus élevé, et (iv) rester attentive aux risques de surchauffe ou de correction dans certains secteurs, en particulier l’immobilier qui figure parmi les principaux contributeurs à la croissance du PIB (5,1 % du PIB en 2024, en hausse de 50 % par rapport à 2020).
Hayet AFOU, Attachée macroéconomique et financière
Pétrole et gaz
Brent 28/11/2025 à 12h00 GST : 62,875 USD/Bbl
Les prix du pétrole sont restés stables cette semaine. Les investisseurs surveillent de près les efforts américains pour trouver un accord de paix en Ukraine, ainsi que la prochaine réunion de l’OPEP+ ce dimanche – alors même que plus tôt ce mois-ci huit membres ont acté une pause des relèvements de quotas pour le T1 2026.
Vendredi à la mi-journée les contrats à terme sur le Brent s’échangeaient à 62,88 USD le baril, soit une hausse hebdomadaire de 0,72 USD (+1,15 %). Le WTI évoluait parallèlement à 59,06 USD le baril, contre 57,76 USD une semaine plus tôt (+2,26 %). Le gaz naturel continue sa hausse à 4,64 USD/MMBtu (13,7 €/MWh). Les prix européens du gaz sont à la baisse à 30,82 €/MWh.
La diplomatie américaine pousse pour une nouvelle salve de négociations pour un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie, la plus crédible depuis le début de l’invasion en 2022. Si elle aboutit, elle pourrait rouvrir progressivement les vannes du brut russe aux marchés occidentaux. Néanmoins, les analystes s’entendent sur le fait que la reprise des exportations russes se fera sur le temps long, et ne causera à court terme pas de risque structurel sur l’offre mondiale déjà excédentaire.
En effet, les grandes agences convergent désormais dans leur diagnostic : le surplus d’offre en 2026 sera inévitable. Malgré le gel des hausses de production décidé par l’OPEP+ plus tôt ce mois-ci pour le T1 2026, l’AIE (Agence internationale de l’énergie) table sur un excédent à 4M bpj l’année prochaine. Bloomberg avance dans ses dernières analyses que beaucoup de grands projets pétroliers ayant été retardés par la crise sanitaire ont finalement vu le jour en même temps en 2025 – accentuant la pression sur une offre déjà gonflée par la hausse des quotas de l’OPEP+ insufflée par l’Arabie saoudite depuis le printemps. Ce déséquilibre se reflète dans les stocks et dans la logistique : plus de 1Md de barils de brut seraient actuellement en mer, accentuant la pression sur les différentiels de qualité et de zone.
Les stocks de brut américains ont augmenté de 2,8M – portant le total à 426,9M de barils. Selon l’Agence américaine sur l’information de l’énergie, cette dynamique saisonnière aux États-Unis correspond traditionnellement à un ralentissement de l’activité de forage (maintenance, contraintes météo, etc.). Pour compenser cette baisse, les raffineurs et terminaux portuaires augmentent leurs importations de brut afin de maintenir l’alimentation des raffineries – créant une hausse des inventaires commerciaux, indépendamment de la demande.
Les anticipations de prix à moyen terme restent baissières. L’Agence américaine projette un Brent autour de 55 USD en moyenne en 2026, tandis que J.P. Morgan et Goldman Sachs convergent sur des niveaux de l’ordre de 56-58 USD, avec un risque explicite de passage temporaire dans les bas 50 USD si le surplus approchait 3 M bpj. Les banques insistent sur le fait qu’un tel choc de prix entraînerait rapidement une destruction d’offre, en particulier sur le schiste américain, où de nombreux gisements deviennent non rentables en dessous de 50 USD le baril.
Le scénario central demeure celui d’un marché excédentaire à deux ans, avec une volatilité dominée par les ajustements de production, les développements de la guerre en Ukraine et la matérialisation – ou non – des trajectoires de demande à long terme.
Emile DEBATS, Analyste macroéconomique et financier
Arabie saoudite
Macroéconomie & Finance
Le PIF cède 3,3 % de Masar et conserve une participation de 16,3 % – Le Public Investment Fund (PIF) a finalisé la cession de 48 millions d’actions d’Umm Al-Qura for Development & Construction Company (Masar), pour une valeur totale de 253 M USD (950 M SAR), soit 3,3 % du capital. Le prix final a été fixé à 19,80 SAR par action. À l’issue de l’opération, le PIF conserve une participation de 16,3 %, équivalente à 234,3 millions d’actions. L’offre, sursouscrite, a attiré des investisseurs institutionnels locaux et internationaux. Cette opération intervient après la signature en mars d’un accord d’investissement entre Masar et Takatuf Holding Group, filiale d’Abdullah Sulaiman Al-Rajhi Holding. Masar demeure le principal développeur du grand projet immobilier mixte situé à proximité de la Grande Mosquée de La Mecque.
Energie, Industrie & Infrastructure
Les travaux préparatoires pour la construction du site de l’Expo 2030 Riyad débutent – La société saoudienne Binyah a signé un accord-cadre de quatre ans avec Expo 2030 Riyad Company (ERC) pour réaliser les travaux préparatoires sur le site de l’Expo 2030 Riyad. Le contrat couvre la démolition, les terrassements, le remblai et la construction d’installations logistiques sur un site de plus de 6 millions de mètres carrés, situé au nord de Riyad, à proximité du futur aéroport King Salman International. Binyah a déjà achevé l’installation de la clôture autour du site, un chantier qui a duré six mois. Parallèlement, ERC a reçu le 23 novembre les offres commerciales pour les travaux d’infrastructure initiaux, dont l’appel d’offres avait été lancé en septembre. Seize entreprises ont été invitées à soumissionner, principalement locales et turques. Les travaux d’infrastructure seront divisés en trois lots : le lot 1 couvre le corridor des principales utilités, le lot 2 le cluster nord du corridor naturel et le lot 3 le cluster sud du corridor naturel. Ces préparatifs posent les bases de l’un des plus grands sites jamais consacrés à une Exposition universelle, avec un plan directeur couvrant 6 km².
La FIFA signe un accord de 1 Md USD avec l’Arabie saoudite pour financer les infrastructures sportives mondiales – La FIFA a annoncé la conclusion d’un partenariat avec le Saudi Fund for Development, qui prévoit jusqu’à 1 Md USD de financements destinés à soutenir la construction et la réhabilitation de stades et d’infrastructures sportives dans le monde. L’accord, formalisé par un MoU, permettra d’accorder des prêts à conditions préférentielles, avec une priorité donnée aux pays en développement. Selon la FIFA, cette initiative vise à aider les gouvernements à concevoir, financer et construire des complexes multisports modernes. Ce partenariat s’inscrit dans le renforcement continu des liens entre FIFA et l’Arabie saoudite, qui accueillera la Coupe du monde 2034 et dont Aramco est devenue un partenaire mondial majeur de la fédération dans le cadre d’un accord pluriannuel. Le PIF a également été partenaire officiel du dernier Mondial des clubs, via lequel sa filiale Surj Sport Investment a consolidé sa présence dans l’écosystème sportif international.
Émirats arabes unis
Macroéconomie & Finance
Dubaï a adopté son budget 2026-2028, le plus élevé jamais approuvé par l’émirat, avec un volume total de 302,7 milliards AED de dépenses pour 329,2 milliards AED de revenus. Pour la seule année 2026, les dépenses atteindront 99,5 milliards AED, financées par des revenus prévisionnels de 107,7 milliards AED, avec une réserve générale de 5 milliards AED. L’infrastructure constitue la priorité majeure, absorbant 48 % des dépenses annuelles — soit près de 47,8 milliards AED — dédiées à la modernisation des routes, ponts, réseaux de transport public et autres projets urbains structurants. Le reste du budget se répartit entre le développement social (28 %), la sécurité et la justice (18 %) et le développement gouvernemental (6 %). Ce budget record s’inscrit dans la stratégie de Dubaï visant à renforcer son attractivité économique, son développement urbain et la qualité de ses services publics.
S&P Global a confirmé la note de crédit de Ras Al Khaimah à A/A-1, assortie d’une perspective stable, soulignant la solidité des finances publiques de l’émirat, son faible endettement et la stabilité de ses excédents budgétaires. L’agence met en avant la diversification économique croissante de RAK, portée par le tourisme, l’immobilier, l’industrie, les activités minières et ses zones franches. S&P anticipe une accélération de l’économie avec une croissance légèrement supérieure à 4 % d’ici 2027-2028, soutenue par les grands projets d’infrastructures et d’expansion économique, ainsi qu’un PIB par habitant qui devrait atteindre environ 32 600 USD en 2028. Cette évaluation conforte l’émirat dans une position de crédit robuste et attractive pour les investisseurs.
Les Émirats arabes unis, déjà deuxième partenaire commercial de l’Afrique subsaharienne après la Chine, renforcent leur présence économique sur le continent afin de sécuriser leurs approvisionnements alimentaires et d’accompagner la croissance africaine. Entre 2020 et 2024, les ÉAU ont investi près de 119 milliards USD dans des secteurs allant de l’agriculture aux infrastructures, tandis que les échanges bilatéraux ont dépassé 75 milliards USD en 2024, soit plus du triple du niveau enregistré une décennie plus tôt. Abou Dabi envisage désormais de conclure de nouveaux accords de partenariat économique (CEPA) avec plusieurs États africains afin d’institutionnaliser et d’accélérer cette expansion commerciale stratégique.
Au cours des neuf premiers mois de 2025, 73 nouvelles entreprises malaisiennes se sont enregistrées auprès de la Dubai Chamber, portant à 318 le nombre total de sociétés malaisiennes actives à Dubaï. Le commerce non pétrolier entre Dubaï et la Malaisie a atteint 17,8 milliards AED en 2024, enregistrant une progression annuelle de 20 %, témoignant du dynamisme des échanges dans les secteurs manufacturiers, électroniques, alimentaires et logistiques. Parallèlement, les investissements malaisiens aux ÉAU ont totalisé 135 millions USD au premier semestre 2025, reflétant un approfondissement rapide des liens économiques bilatéraux stimulé par la diversification des entreprises malaisiennes et la stratégie de Dubaï d’attirer davantage d’acteurs asiatiques.
Aérospatial, Industrie et Transports
Les EAU vont financer 1 Md USD de projets énergétiques au Yémen, déployés par la société basée à Abou Dabi, Global South Utilities. Le portefeuille inclura des projets solaires, éoliens et des réseaux de distribution afin de soutenir la reconstruction de son secteur électrique. Ce soutien s’ajoute au financement émirati de la centrale solaire d’Aden, dont la capacité doit doubler en 2026.
TAQA et DUBAL Holding vont acquérir les actifs de production d’électricité et d’eau d’Emirates Global Aluminium pour 1,9 Md USD via une coentreprise détenue à parts égales. L’opération inclut un PPA avec EWEC jusqu’en 2049 pour l’achat de l’électricité du site d’Al Taweelah. TAQA Transmission reprendra également les actifs de transmission électrique d’EGA.
ADNOC prévoit d’investir 150 Mds USD entre 2026 et 2030 pour soutenir la croissance et répondre à la demande énergétique mondiale. L’entreprise annonce une hausse de ses réserves à 120 milliards stb de pétrole et 297 tcf de gaz, tandis que les ressources non conventionnelles atteignent 160 tcf de gaz et 22 milliards stb de pétrole. La valeur de sa filiale internationale XRG grimpe à 151 Mds USD, contre 80 Mds un an plus tôt.
RAK Properties enregistre une envolée de ses ventes (+200 % vs 2024) et dépasse 5,4 Mds AED de lancements en 2025. Les acheteurs internationaux représentent désormais 70 % de la demande (UK, Allemagne, Pays-Bas, Arménie, Kazakhstan). Dans le cadre de Vision 2030, la fusion Marjan–RAK Hospitality accélère les nouveaux masterplans et portera la capacité hôtelière à 25 000 chambres d’ici 2032.
Le Dubai Media Council (DMC) travaille à porter la part des médias dans le PIB de 1,4 % à 3 % d’ici 2033. Le conseil a validé la stratégie digitale intégrée de Dubai Media Incorporated (DMI) ainsi que ses initiatives de transformation numérique dédiées à renforcer la présence internationale de contenus émiratis. Le DMC supervise également la création de comités pour le cinéma et le gaming, le développement de contenus locaux et l’attraction d’investissements étrangers.
Les Émirats lancent une initiative de 1 Md USD pour financer des projets d’intelligence artificielle en Afrique, via l’Abu Dhabi Exports Office (ADEX), l’Abu Dhabi Fund for Development (ADFD) et l’UAE Aid Agency. L’objectif est de renforcer l’infrastructure numérique, les services publics et la productivité dans l’éducation, l’agriculture et les infrastructures, tout en affirmant la position des Émirats comme hub mondial pour l’IA.
Qatar
L’Emir, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, s’est rendu au Rwanda et en République Démocratique du Congo (RDC), suite à la signature de l’accord de paix à Doha le 15 novembre 2025. L’Emir a été accueilli par les chefs d’Etats rwandais et congolais, Paul Kagamé et Felix Tshisekedi. Les deux pays africains entretiennent de bonnes relations économiques avec le Qatar. Au Rwanda, l’Emirat a investi dans l’extension de l’aéroport international de Kigali. Le numérique et l’agriculture représentent aussi des sujets d’intérêt commun. Lors de sa visite en RDC, l’Emir a signé plusieurs accords portant sur la coopération portuaire, le domaine juridique, l’urgence humanitaire et la jeunesse et le sport.
La Qatar Investment Authority (QIA) signe un protocole d’accord avec la société minière canadienne, Ivanhoe Mines, qui exploite le complexe Kamoa-Kakula en RDC. Le partenariat vise à explorer des minerais essentiels pour la transition énergétique, développer des technologies avancées et garantir un approvisionnement durable. Le fonds souverain qatarien avait déjà investi 500 M USD dans l’entreprise en septembre 2025 à la suite de la tournée africaine du conglomérat qatarien Al-Mansour Holdings.
L’Autorité générale de l’aviation civile syrienne signe des contrats de concession relatifs au développement et l’exploitation de l’aéroport de Damas. Les contrats ont été conclus avec un consortium international dirigé par UCC Holding, société qatarienne opérant dans la construction, et également constitué des entreprises turques Cengiz et Kalyon ainsi que l’américain Assets Investments.
La Qatar Stock Exchange (QSE) a conclu sa tournée promotionnelle (roadshow) à New York les 17 et 18 novembre 2025, organisé par Bank of America. L’événement a donné lieu à plus de 80 rencontres individuelles entre investisseurs institutionnels et entreprises qatariennes. Il a permis à la partie qatarienne de rappeler la résilience et la diversité du marché actions de l’Émirat, renforçant l’intérêt des investisseurs internationaux et la visibilité des sociétés cotées, conformément à la troisième stratégie du secteur financier.
Le champion laitier qatarien Baladna souhaite augmenter son capital de 24 % via une émission de droits pour financer son expansion internationale, notamment vers certains marchés africains. Le capital passerait ainsi de 2,14 Mds QAR (587 M USD) à 2,66 Mds QAR (730 M USD).
Le fonds britannique Utopia Capital Management, qui dispose d’un bureau à Doha dans le cadre du programme « fonds de fonds » de la Qatar Investment Authority (QIA), lance « The Studio », le premier venture studio qatarien spécialisé en intelligence artificielle (IA). Soutenu par la Qatar Development Bank (QDB), le studio a pour objectif de développer 140 concepts de ventures et soutenir plus de 50 start-ups en cinq ans. Le studio s’appuie sur les fonds A-typical Ventures et The Radical Fund, ainsi que sur Utopia OS, une plateforme modulaire d’IA.
Mannai Energy, filiale spécialisée dans les énergies renouvelables du conglomérat qatarien Mannai, et Positive Zero, plateforme de transition énergétique émirienne, signent un protocole d’accord pour accélérer le déploiement de projets d’énergie propre au Qatar. Le partenariat permettra aux entreprises du Qatar d'adopter des solutions énergétiques propres - telles que l'énergie solaire photovoltaïque sur site (toiture, abri de voiture et installation au sol), des programmes d'efficacité énergétique et des initiatives de mobilité propre - sans investissement initial.
Bahreïn
Le FMI appelle Bahreïn à agir face à la hausse de sa dette publique – Le FMI exhorte Bahreïn à adopter rapidement des mesures budgétaires alors que la dette publique continue d’augmenter. L’institution note une détérioration de la position budgétaire en 2024, avec un déficit équivalent à 11 % du PIB et une dette augmentant également 11 points de PIB sur l’année. Malgré une inflation modérée et une croissance jugée résiliente dans un contexte financier tendu et géopolitique incertain, le FMI avertit que le ratio dette/PIB continuera de croître sans ajustement budgétaire. Il recommande une consolidation pluriannuelle incluant l’introduction d’un impôt sur les sociétés et la réduction progressive des subventions énergétiques, tout en renforçant les transferts sociaux pour protéger les ménages vulnérables. L’analyse intervient alors que S&P a abaissé la note souveraine de Bahreïn de B+ à B en raison de la hausse de la dette, estimant qu’elle pourrait atteindre 139 % du PIB d’ici 2028 (vs 118 % en 2024). Fitch a également révisé la perspective du royaume à la baisse, tandis que Manama s’est tourné vers les marchés obligataires pour refinancer sa dette dans un contexte de déficits persistants.
Les exportations non pétrolières de Bahreïn en hausse de 12 % au T3 2025 – Les exportations non pétrolières d’origine nationale de Bahreïn ont atteint 2,8 Md USD (1,05 Md BHD) au T3 2025, en hausse de 12 % sur un an, selon l’Information & eGovernment Authority. Les dix premiers marchés ont représenté 69 % du total : l’Arabie saoudite arrive en tête avec 672 M USD, devant les États-Unis (277 M USD) et les Émirats arabes unis (256 M USD). L’aluminium reste le principal produit exporté, totalisant 799 M USD pour les alliages, suivi du minerai de fer aggloméré à 417 M USD. Cette dynamique intervient alors que le PIB réel a progressé de 2,6 % en 2024, avec des prévisions du FMI de 2,9 % en 2025 et 3,3 % en 2026. Les réexportations ont atteint 486 M USD, en léger recul de 2 %, dominées par les Émirats arabes unis (184 M USD), l’Arabie saoudite (97 M USD) et Hong Kong (28 M USD).
Koweït
Le Koweït, un bon élève pour S&P qui le note AA-/A-1+. S&P a relevé d'un cran la note souveraine du Koweït, la portant à AA-/A-1+ avec une perspective stable, en raison des progrès réalisés dans le domaine des réformes fiscales et économiques dans le cadre du programme « Koweït Vision 2035 ». Parmi les principaux facteurs favorables, sont évoqués la solidité des actifs publics et extérieurs : les actifs liquides du gouvernement devraient représenter en moyenne plus de 500 % du PIB jusqu'en 2028. Les déficits budgétaires importants devraient persister à moyen terme, avec une moyenne prévue de 7 % du PIB entre 2025 et 2028, car la dépendance aux hydrocarbures reste élevée (environ 90 % des recettes publiques), malgré les réformes prévues Le Koweït a émis 11,3 Mds USD d'obligations internationales en octobre 2025, la première depuis 2017. D'autres émissions sont prévues parallèlement à des prélèvements sur le Fonds de réserve général. Cette révision à la hausse place le Koweït devant l'Arabie saoudite (A+), mais la maintient encore en deçà de la note des Émirats arabes unis ou du Qatar (AA). (ndlr : A noter que S&P a également rehaussé la note de NBK, la principale banque koweïtienne, à A+).
« Vous avez du courrier » : le développement des services postaux à l’étude. Le ministère des Transports a annoncé le lancement d'un appel d'offres public pour la sélection d'un cabinet de conseil spécialisé chargé de préparer les études techniques, financières et juridiques nécessaires à la création de la société koweïtienne de la poste, sous forme de PPP. S’il aboutissait, le projet de « compagnie postale koweïtienne » serait mis en œuvre par une ou plusieurs entreprises du secteur privé et pourrait s’assimiler à une concession de service public.
Le Koweït et Bruxelles discutent du renforcement de leur coopération contre le blanchiment d'argent. Une délégation koweïtienne conduite par le président du Comité national de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, Hamad Al-Makrad, a rencontré le directeur général de la Stabilité financière, des Services financiers et de l’Union des marchés de capitaux à la Commission européenne, John Breggan. La réunion a permis de passer en revue les mécanismes de coopération existants et les pistes de leur développement, tout en explorant de nouvelles opportunités d’échange d’expertise conformément aux normes du Groupe d’action financière (GAFI) et aux efforts conjoints visant à lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
Transparence financière, grand nettoyage d’automne au Koweït … Après avoir infligé plusieurs milliers d’amendes à des entreprises contrevenantes, le ministère du Commerce et de l'Industrie du Koweït a annoncé avoir supprimé 73 700 entreprises inactives du registre du commerce. Cette démarche s’inscrit dans le cadre d'un vaste projet lancé en 2024 visant à renforcer la transparence et à améliorer le système de propriété effective grâce au registre des bénéficiaires effectifs. Le registre favorise également le respect de la recommandation 24 du Groupe d'action financière (GAFI). Le taux d'enregistrement atteint désormais 98,62 % en octobre 2025, contre 42,8 % à la fin de 2024. Le service permet désormais aux entités de rechercher et de consulter les détails de l'enregistrement des sociétés.