Selon les résultats détaillés du 2e trimestre 2025, le commerce extérieur a de nouveau freiné la croissance, avec une contribution négative de −0,3 pt, après −0,5 pt au 1er trimestre (cf. graphique 1). Les exportations ont légèrement rebondi (+0,5 % après −1,2 %), tandis que les importations ont accéléré (+1,3 % après +0,4 %). Les exportations ont été soutenues par le tourisme, mais pénalisées par la baisse de l’aéronautique, en raison notamment de retards de livraisons chez Airbus, et du transport maritime. Au 2nd semestre, le rattrapage attendu de ces livraisons, ainsi que la livraison du paquebot Celebrity Xcel, devrait nettement soutenir les exportations.

  Graphique 1 : contribution du commerce extérieur à la croissance, décomposée par produits

 Contribution du commerce extérieur à la croissance, décomposée par produits

Le secteur de la beauté (parfums et cosmétiques) constitue la deuxième contribution sectorielle à la balance commerciale française avec un solde excédentaire de +17,3 Md€ en 2024, juste derrière l’aéronautique (+28,7 Md€). La France est le premier exportateur mondial de parfums et cosmétiques depuis les années 2000, et les fluctuations du secteur peuvent avoir un effet notable sur la contribution du commerce extérieur à la croissance.

Selon les dernières données de douanes, les États-Unis constituaient en 2024 le premier marché de la beauté française, avec 2,9 Md€ d'exportations pour la catégorie « parfums et produits pour la toilette », soit 12,9 % du total pour cette catégorie. Selon la Fédération des entreprises de la beauté françaises (FEBEA), 1 produit de parfumerie sur 5 est exporté outre-Atlantique. Or, depuis le 1er août, la plupart des exportations de parfums et cosmétiques français à destination des États-Unis se voient appliquer des droits de douanes de 15 %. Par ailleurs, l’appréciation de l’euro face au dollar pourrait également peser sur les exportations du secteur.

Le secteur de la beauté paraît toutefois globalement résilient à l’exportation, bien qu’il montre des signes de ralentissement. Selon les données douanes, les exportations de parfums et produits de toilette à destination des États-Unis s’élevaient à 1,5 Md€ sur les sept premiers mois de 2025, contre 1,7 Md€ sur la même période en 2024 (−11,7 %). Selon Les Echos, les grands groupes comme L’Oréal et Interparfums ont constitué d’importants stocks avant l’entrée en vigueur des tarifs, ce qui a retardé la répercussion des hausses de prix. Interparfums a augmenté ses prix commerciaux de +7 %, mais les prix de détail sont restés stables, permettant une hausse de +15 % de ses ventes aux États-Unis au 1er semestre. L’Oréal a aussi continué à gagner des parts de marché, notamment grâce au succès du parfum Born in Roma de Valentino et à la dermo-cosmétique (La Roche-Posay, SkinCeuticals).

Ces nouveaux facteurs alimentent un débat sur la compétitivité du secteur porté notamment par les acteurs de la beauté. Un dialogue stratégique entre l’industrie cosmétique française et le vice-président exécutif de la Commission européenne Stéphane Séjourné a notamment été organisé le 15 octobre. Le secteur plaide sur le plan commercial pour la conclusion de nouveaux accords de libre-échange (Indonésie, Inde) et la consolidation du marché européen en y facilitant la circulation des produits fabriqués en Europe. Malgré les mesures commerciales américaines et l’incertitude qu’elles engendrent, le Gouvernement prévoit dans le Rapport économique social et financier, que les exportations résisteraient en 2025.