L’OCDE publie le rapport phare « Sécurité économique dans un monde en mutation » qui fait le point sur la réflexion sur la sécurité économique à travers le prisme de la résilience des chaînes d’approvisionnement, de la sécurité énergétique et de la cybersécurité. En rassemblant les travaux de plusieurs Comités, l’OCDE apporte une vision transversale pertinente des dimensions multiples de la sécurité économique dans les échanges internationaux actuels.

 L’OCDE a publié le 11 septembre 2025 son rapport phare « Sécurité économique dans un monde en mutation »[1] qui résulte d’une approche transversale des travaux des Comités des échanges, de l’Investissement et de la Conduite Responsable des Entreprises, du Numérique de l’OCDE et de l’Agence Internationale de l'Energie.

Sécurité économique
Le Rapport s’appuie sur plusieurs publications récentes de l'OCDE dont la Revue de la résilience des chaines d’approvisionnement[2] du Comité des Echanges publiée le 2 juin 2025. 

Ce rapport met l'accent sur plusieurs dimensions de la sécurité économique :

Sécurité économique et vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement internationales

Les travaux du Comité des Echanges et de la Direction des échanges et de l’agriculture (TAD) sur la résilience des chaines d’approvisionnement ont montré l) l’accroissement de la concentration du commerce des minerais stratégiques et de rôle prépondérant de la Chine, ii) l’importance de la diversification des approvisionnements face aux risques de dépendances pouvant découler de stratégies de « friendshoring » et de « nearshoring », iii) l’élaboration de politiques de stratégies de sécurité des approvisionnements, et iv) l’intérêt de la simplification des processus en douane et du soutien aux entreprises pour faciliter les échanges en cas de chocs. Le Rapport revient notamment sur  :

Implications sécuritaires des investissements internationaux

Les travaux du Comité de l’Investissement de l’OCDE et de la Direction des affaires financières et des entreprises (DAF) sur les politiques et les décisions d’accueil des IDE et sur les flux de capitaux ont mis en avant trois temps fort dans l’évolution vers le contrôle des investissements internationaux entrants : i) depuis 2015, période où l’accroissement des investissements Chinois a conduit à mieux les contrôler notamment dans les secteurs à plus haute technologie, ii) la pandémie de Covid 19 qui a montré la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement, notamment du médicament et iii) la guerre d’agression en Ukraine qui a illustré les vulnérabilités des échanges et les enjeux sécuritaires.

L’OCDE a ainsi documenté une forte expansion du filtrage des IDE par les pays OCDE pour assurer la sécurité des investissements étrangers entrants. Ces changements sont quantitatifs, avec l’élaboration de nouveaux mécanismes de filtrage, et qualitatifs avec l’élargissement des secteurs couverts pour passer de la sécurité, aux transports, aux semiconducteurs et aux médicaments. Cette tendance devrait se poursuivre tant au sein de l’OCDE (ex : l’UE prépare la révision du règlement sur le filtrage des IDE) que dans les pays émergents et en développement. L’OCDE souligne que ces mécanismes ne semblent pas avoir d’impact significatif sur les flux d’investissements : peu de projets seraient retoqués ou modifiés.

L’OCDE souligne aussi l’importance de privilégier des approvisionnements responsables en minerais[4] en suivant les normes de la conduite responsable des entreprises et le devoir de diligence préconisés par l’OCDE[5].

L’impératif de sécurité énergétique : préoccupations anciennes, nouveaux défis

L'OCDE met en exergue sur trois points :

  • Il ne peut pas y avoir de sécurité économique sans sécurité énergique. Il est essentiel de rester vigilant et de sécuriser l’accès au gaz et au pétrole pour anticiper des chocs géopolitiques et afin d’atténuer les risques de dépendance liés à la concentration de production dans certains pays ;
  • La sécurité électrique devient primordiale, alors que sa demande va grimper plus rapidement que les autres sources d’énergie ;
  • La sécurité énergétique intègre le solaire et les autres énergies renouvelables afin de renforcer l’autonomie énergétique ce qui rend nécessaire de renforcer les infrastructures d’électricité et l’efficacité énergétique (rénovation énergétique des bâtiments, etc). A ce sujet, l’AIE a alerté sur la forte concentration i) de la production des batteries et des panneaux solaires et ii) des approvisionnements en minerais critiques (nickel, graphite) car la Chine est l’affineur principal des 14 minerais les plus critiques.

L’AIE a édicté les « 3 règles d’or » pour la sécurité énergétique i) diversifier les sources d’approvisionnement, ii) veiller à la prévisibilité ce qui nécessite des investissements de long terme et iii) la coopération.

Renforcer les défenses pour un avenir numérique : le rôle de la cybersécurité

La cybersécurité faisait partie intégrante de la sécurité économique, alors que le coût des incidents cyber est estimé à 28 MDS USD, voire à 1% du PIB mondial.

L’OCDE a élaboré le cadre sur la politique de sécurité numérique autour de 4 blocs : i) le niveau fonctionnel avec la gestion du risque en matière de sécurité numérique, ii) la stratégie avec l’élaboration de stratégie nationale de sécurité numérique, iii) la régulation du marché des activités, des services et des produits numériques et iv) le niveau technique avec le traitement des vulnérabilités, la politique de cryptographie et l’authentification électronique.

Le rapport présente également les activités critiques pour la sécurité numérique : déterminer une stratégie, garantir une structure de gouvernance solide, déployer le partenariat entre les acteurs publics et privés pour renforcer la confiance et la sécurité opérationnelle ainsi que la coopération internationale.

Sécurité économique dans un monde en mutation

OCDE (2025), Sécurité économique dans un monde en mutation, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/3f5404db-fr.


[3] « Semiconductor Informal Exchange Network » Semiconductor Informal Exchange Network | OECD

[4] Ex : le tantale de la Région des Grands Lacs africains représente 62 % de la production mondiale