Flash conjoncture France - Dynamique de fret maritime et exportations françaises de services
Le poids croissant du fret maritime, qui reflète son dynamisme à la fois sur le temps long et sur la période récente, renforce l’exposition de la croissance française au commerce international.
Porté par la mondialisation et la conteneurisation, le trafic maritime international connaît une forte progression depuis 25 ans, qui soutient la croissance française via l’activité des armateurs. Depuis le début des années 2000, la part des exportations françaises de services de transport par eau dans les exportations totales est ainsi passée de 1,1 % en 2000 à 1,7 % en 2019.
Le solde du commerce extérieur en services de transport par eau a nettement accéléré entre 2019 et 2022, contribuant à hauteur de +0,4 point à la croissance du PIB en cumulé sur cette période. Cette contribution reflète la hausse exceptionnelle de l’excédent de transport par eau durant la pandémie, qui a bondi de +8,1 Md€ en 2019 à +16,6 Md€ en 2022 en euros constants. Dans les comptes nationaux de l’Insee, les exportations de transport par eau ont en effet augmenté de +54,4 % en volume, et leur montant a été multiplié par 3 en valeur (+237 %). La part du transport par eau dans les exportations totales françaises en volume est ainsi passée de 1,7 % à 2,6 % sur la période (cf. graphique ci-dessus).
Contribution à la croissance du PIB en pt de %
En France, les exportations de services de transport par eau sont largement dominées par l’entreprise CMA-CGM, dont l’activité a fortement progressé pendant la pandémie, portée notamment par une expansion de la taille du marché mondial : le trafic maritime mondial a crû de +7,2 % sur la période 2019-2022, porté par une demande soutenue de biens, notamment aux États-Unis. Le nombre de conteneurs transportés (en EVP) par l’entreprise a même progressé d’environ +25 % sur la période, suggérant des gains de part de marché. L’écart avec l’évolution des volumes mesurés par l’Insee peut s’expliquer par l’impact d’un « effet qualité », lié par exemple à un allongement des routes maritimes ou à la modernisation des navires.
Après la période faste de 2019 à 2022, les services de transport, dont le transport par eau, ont connu un repli en 2023, avec une contribution négative de −0,1 point de PIB. En 2023, la stagnation du commerce maritime mondial (−0,2 %) après le pic de consommation de biens post-Covid a pu peser sur les exportations de fret maritime ; en 2024, les tensions en mer Rouge et les engorgements ponctuels dans les ports chinois pourraient encore les pénaliser.
En 2025, les incertitudes sur les mesures commerciales et les tensions géopolitiques font peser un aléa spécifique sur le solde de services de transport par eau. Leur montée pourrait freiner le trafic maritime, notamment à compter du 2nd semestre. Historiquement, les exportations françaises de services de transport par eau réagissent fortement aux variations du trafic maritime de conteneurs : à une hausse de 1 % du trafic correspond une augmentation de 1,9 % des exportations, en moyenne, entre 2008 et 2019. Un repli du trafic de conteneurs pourrait peser directement, par ce canal, sur l’activité en France ; rapporté à l’ensemble de l’économie, il ne serait cependant vraisemblablement pas déterminant à lui seul, comme lors de son précédent repli en 2023.
Exportations de services par eau et trafic maritime de conteneurs (base 100 2015)