Flash conjoncture France - Dynamiques de la production énergétique depuis la crise sanitaire

Dynamiques de la production énergétique depuis la crise sanitaire

L’indice de production industrielle de la branche énergie reste en 2024 inférieur de −7,3 % à son niveau de 2019, malgré un rattrapage relativement plus complet (−2,5 %) dans la branche électricité (qui compte pour plus de 70 % de la branche énergétique). La filière gazière a souffert de la hausse des prix consécutive à l’invasion russe de l’Ukraine en 2022 : la distribution comme la commercialisation de combustibles gazeux sont plus faibles de 28 % à leurs niveaux respectifs de 2019 (cet écart est du même ordre que pour les quantités consommées).

La filière électrique a connu un retour à des conditions normales en 2024, même si des différences subsistent entre la production électrique, où le rattrapage est complété, et les branches logistiques (transport, commerce et distribution), encore nettement sous leur niveau de 2019 (−7,2 %, au sens de l’IPI). La production d’électricité enregistrée en 2024 est équivalente à ses niveaux de 2019, grâce à la disponibilité retrouvée des capacités de production nucléaire sur l’année après les problèmes de corrosion sous contraintes et les différentes maintenances programmées des centrales nucléaires à partir de fin 2022. Par ailleurs, les conditions climatiques ont également favorisé la production d’électricité d’origine hydraulique, qui a dépassé ses niveaux moyens de 2017-2019 de plus de 20 %. Les productions d’électricité éolienne et solaire ont également poursuivi leur progression. Une partie du rattrapage de l’indice de production peut s’expliquer par la nature des sources d’énergie : les filières pilotables à court terme, comme l’hydraulique ou le nucléaire, permettent une reprise rapide dès lors que les capacités de production sont de nouveau disponibles et les conditions de production réunies. En revanche, les fonctions logistiques (distribution, transport) sont davantage tributaires de la demande économique intérieure, qui n’a pas retrouvé son niveau d’avant-crise. En effet, la consommation des ménages en énergie est toujours inférieure de −3,3 % de son niveau de 2019, ainsi que les consommations intermédiaires en énergie des différents secteurs institutionnels (−6,3 %).  

 Indices de production dans la branche énergétique

Le mix énergétique français est ainsi en pleine mutation. Le parc nucléaire ne représente en 2025 plus que 40 % des capacités de production électrique française, alors qu’il en représentait encore 50 % en 2010. Les capacités de production éolienne sont passées de 5 % à  16 % du parc installé, tandis que les capacités photovoltaïques ont augmenté de 0 % à 16 % du parc. Cette montée en puissance des énergies renouvelables, intermittentes et prioritaires sur le réseau, impose néanmoins au parc nucléaire une modulation de charge de plus en plus fréquente et imprévisible, induisant davantage de contraintes techniques, économiques et de sûreté pour l’ensemble de la filière. Ce nouveau profil énergétique français rend la France plus interdépendante des interconnexions européennes pour compenser les variations rapides de production des renouvelables, mais également pour sécuriser l’approvisionnement électrique en période de tension sur le réseau.

Néanmoins, au début d’année 2025, la production énergétique se retourne : l’indice de production inférieur de 7,9 % en avril à son niveau de décembre. Malgré une disponibilité proche des normales et en moyenne au-dessus de l’année 2024, la production d’électricité nucléaire diminue sur la période récente. Enfin, la pluviométrie plus proche de la normale induit un fort ralentissement de la production d’électricité hydraulique. Le ralentissement de la production énergétique dans la comptabilité nationale (−2,4 % au 1er trimestre après −0,8 % au 4e trimestre 2024) s’explique donc par une atonie de la demande (du fait des températures clémentes de cet hiver, mais aussi d’une moindre demande de nos partenaires) plutôt que par des contraintes persistantes sur l’offre.

   Evolution du mix énergétique de la France