Publication du rapport annuel du ministère des Finances, « Pakistan Economic Survey 2024-25 »

 

Le ministère des Finances a publié le 9 juin son rapport économique annuel « Pakistan Economic Survey 2024-2025 », qui dresse le bilan de l’année budgétaire écoulée et précède traditionnellement la présentation du budget par le ministre des Finances (pour mémoire, l’année budgétaire au Pakistan couvre la période du 1er juillet de l’année en cours au 30 juin de l’année suivante).

 

En 2024-25, l’économie pakistanaise enregistre une croissance de son PIB de 2,7%, inférieure à l’objectif de 3,6% fixé dans le budget, une croissance qualifiée de « progression lente mais durable » selon le ministre des Finances Muhammad Aurangzeb dont l’objectif assumé était de stabiliser l’économie face aux cycles expansion-récession qui ont caractérisé la période récente

 

La sectorisation montre une croissance modeste dans l’agriculture (+0,56 %) due à une baisse de la production des principales récoltes en raison d’épisodes de sécheresse : blé (-8,9 %), coton (-30,7 %), sucre (-3,9 %) et maïs (-1,4 %). L’industrie, quant à elle, a progressé de +4,77 %, cependant la grande industrie manufacturière a reculé de 1,5 %, affectée par la faiblesse de la demande intérieure, le coût élevé de l’énergie et des contraintes d’approvisionnement. Le secteur des services a affiché une croissance de +2,91 %, tiré par l’administration publique, l’éducation et les services financiers, là où le commerce, le transport et les assurances ont stagné.

 

L’inflation s’est élevée à 4,6‑4,7 %, contre environ 26‑29 % l’année précédente, atteignant un minimum historique sur plus de six décennies. Le taux directeur de la Banque centrale a été fortement abaissé de 22 % à 11 %, permettant une relance graduelle. L’excédent primaire a été porté à 3 % du PIB de juillet à mars, contre 1,5 % l’année précédente. Par ailleurs, des indicateurs comme les réserves de change (9,4 Mds USD à fin juin 2024), la réduction de la dette publique (de 68 % à 65 % du PIB), et un excédent de la balance courante de 1,9 Md USD (contre un déficit de 1,3 Md USD en 2023‑24), témoignent d’une amélioration sensible de la situation macroéconomique.

 

 

Présentation du projet de budget 2025-26 par le ministre des Finances

 

Le ministre des Finances Muhammad Aurangzeb a présenté le 10 juin le projet de budget pour l’exercice 2025-2026, dans un contexte marqué par les récentes tensions avec l’Inde, la menace des « tarifs réciproques » de la nouvelle administration américaine et les contraintes imposées par les services du FMI dans le cadre du programme en cours (facilité élargie de crédit de 7 Mds USD).

 

Le budget est construit sur une prévision de croissance du PIB de 4,2% (contre 2,7% en 2024-25) et une inflation moyenne de 7,5%. Le déficit budgétaire est limité à 3,9 % du PIB avec un excédent primaire de 2,4 %.

 

Le budget fédéral 2025‑26 prévoit des recettes brutes à hauteur de 19 278 Mds PKR, dont 8 206 Mds PKR seront transférés aux provinces via le NFC (National Finance Commission Award). Les recettes nettes pour le gouvernement fédéral s’élèvent donc à 11 72 Mds PKR. Le Federal Board of Revenue (FBR) devrait collecter 14 131 Mds PKR, tandis que les recettes non fiscales sont estimées à 5 147 Mds PKR. Le projet de budget introduit de nouvelles mesures fiscales : une taxe carbone de Rs 2,5/litre sur l’essence, le diesel et le fioul, la suppression progressive des exemptions sur les machines industrielles dans les ex‑FATA/PATA sur quatre ans, ainsi qu’une hausse des taux d’imposition sur les revenus d’intérêts bancaires (de 15 % à 20 %), sur les dividendes (25 %) et sur les dividendes de fonds communs (15 %). Les taxes sur les panneaux solaires (18 %) et les petits véhicules (moins de 850 cc) ont été augmentées, tandis que la FED de 7 % sur l’immobilier et l’acompte fiscal y afférent ont été supprimés. Du côté de l’impôt sur le revenu, les taux d’imposition ont été réduits sur plusieurs tranches de revenus, bien que le seuil d’exonération reste à 600 000 PKR par an.

 

En matière de dépenses, le budget s’élève à 17 573 Mds PKR. Les dépenses courantes atteignent 16 286 Mds PKR, en légère baisse par rapport à l’exercice précédent. Le service de la dette, qui constitue le premier poste de dépense budgétaire, représente 8 207 Mds PKR, soit une réduction de 8 % par rapport à l’an dernier. Les subventions, principalement dans le secteur énergétique, ont été réduites de 1 378 à 1 186 Mds PKR, conformément aux exigences du FMI. Parmi les autres postes majeurs, on note la forte augmentation (+20%) du budget de la défense 2 557 Mds PKR, 1 050 Mds PKR alloués aux pensions, 1 000 Mds PKR au PSDP (développement public), 716 Mds PKR au programme BISP (+21 %), 39,5 Mds PKR à la Commission de l’enseignement supérieur (HEC), et 4,8 Mds PKR à la science et à la technologie.

 

Forte progression des transferts de migrants en mai

 

Les transferts de migrants ont atteint 34,9 Mds USD entre juillet 2024 et mai 2025, soit une progression annuelle de 28,8 %. En mai, leur niveau a atteint 3,7 Mds USD, en hausse de près de 14 % en glissement annuel, ce qui illustre la confiance persistante des travailleurs expatriés dans les canaux bancaires formels. Les principaux pays d’origine de ces envois sont l’Arabie saoudite (913,9 M USD), les Émirats arabes unis (754,2 M USD), le Royaume‑Uni (588,1 M USD) et les États‑Unis, avec une croissance notable des transferts depuis les Émirats (+45,7 %), et une diversification en provenance de nouveaux pays d’origine comme l’Afrique du Sud (+74 %), l’Irlande (+53,1 %) et la Malaisie (+40,4 %).

 

Cette augmentation est attribuée à des facteurs tels que les réformes du SBP, une meilleure documentation, le recours aux plateformes numériques (Roshan Digital Account, SBP EasyData), la stabilité du taux de change et un environnement économique favorable dans les pays d’accueil.

 

Malgré ces résultats positifs, des préoccupations subsistent : forte dépendance envers quelques pays fournisseurs (61 % des flux), coûts de transfert élevés (5‑7 %), volatilité saisonnière, dépendance des travailleurs à bas revenus particulièrement vulnérables aux évolutions des marchés du travail à l’étranger, soit en raison d’éventuelles réformes, de l’automatisation ou de conditions économiques locales.